Après l'accident d'avion qui a paralysé l'aéroport de Montpellier tout le weekend, nous avons chiffré le coût d'une telle fermeture avec Paul Chiambaretto, professeur à la Montpellier Business School, chercheur associé à l'Ecole Polytechnique et directeur de la chaire académique Pégase, dédiée à l'économie et à la gestion des industries du transport aérien et aérospatial.
Des vols déroutés, leurs passagers acheminés vers d'autres aéroports, un trafic à l'arrêt, un aérogare et des parkings vides : l'accident de l'avion de l'Aéropostale qui a raté son atterrissage le 24 septembre à l'aéroport de Montpellier aura des conséquences financières. Nous avons pu chiffrer ce manque à gagner grâce à Paul Chiambaretto professeur associé de marketing et de stratégie à la Montpellier Business School, chercheur associé à l'Ecole Polytechnique et directeur de la Chaire Pégase, dédiée à l'étude de l'économie et de la gestion des industries du transport aérien et aérospatial.
75000 € de pertes journalières
En l'absence de données fournies par la direction de l'aéroport sur ces deux jours et demi de fermeture, pour calculer les pertes, Paul Chiambaretto s'est basé sur le chiffre d'affaires de l'aéroport de Montpellier Méditerranée, estimé pour 2022 à 26,7 millions d'euros puisque l'aéroport annonce une activité équivalente à 90% à celle de 2019, année de référence avant la crise sanitaire du Covid (29 millions d'euros cette année-là). Il faut aussi prendre en compte la période de l'année où est intervenue l'accident : l'automne n'est pas la saison où l'activité est la plus forte, mais plutôt moyenne.
Si on divise par 365 jours d'ouverture, on a une moyenne de chiffre d'affaires de 75000 euros environ par jour en 2022. C'est le montant de la perte journalière occasionnée par l'accident.
Paul Chiambaretto, professeur à la Montpellier Business School et directeur de la Chaire Pégase
La taxe d'aéroport, premières source de revenus
Dans ce montant, il faut inclure les recettes des boutiques, des ventes de duty free, de la restauration, des parkings et des taxes aéroportuaires versées par les compagnies à l'aéroport qui fixe ses tarifs vol par vol en fonction notamment du nombre de passagers et du type et du poids de l'avion. En 2021, voici ce que ces différents éléments représentaient dans le chiffre d'affaires annuel de l'aéroport de Montpellier Méditerranée (cette année-là, l'aéroport a comptabilisé près de 1,1 millions de passagers) :
- Taxe Aéroport : 7,2 millions €
- Redevances domaniales, énergies et charges communes : 4,7 millions €
- Redevances aéronautiques : 4,6 millions €
- Parkings : 3,4 millions €
- Redevances commerciales : 2,1 millions €
Autant de recettes et d'activités que ces deux journées et demi de fermeture liés à l'accident de l'avion de l'Aéropostale ont mis à l'arrêt. La perte s'élèverait donc à environ 75000 € par jour.
Ce que l'on ignore, c'est le montant du manque à gagner pour les compagnies :
Les vols ont été déroutés, il a fallu acheminer les passagers vers d'autres aéroports, et certains d'entre eux ont même préféré annuler leur voyage, tout cela aura des conséquences financières sur les compagnies.
Paul Chiambaretto, professeur à la Montpellier Business School et directeur de la Charte Pégase
Qui va payer le relevage et la remise en état ?
Dernière question financière à régler, et non des moindres : qui va payer le relevage de l'appareil accidenté et la remise en état de la piste d'atterrissage qu'il a endommagée ? Le règlement de ce dossier devrait prendre du temps. Les assureurs de la West Atlantic, propriétaire de l'avion, ceux de l'aéroport de Montpellier et des autres compagnies pourraient en effet tous se retourner les uns contre les autres, car le montant de la note sera conséquent et l'enjeu économique, crucial.
Une centaine de vols et 15000 passagers impactés
Cette fermeture aura occasionné le retard, l'annulation ou le reroutage d'une centaine de vols affectant 15000 passagers. Lundi 26 septembre, l'aéroport annonçait dans un tweet "la reprise du trafic dans l'après-midi".
La direction relativise
Le premier vol ne devait toutefois pas intervenir avant le milieu d'après-midi, après les vérifications de sécurité nécessaires afin d'éviter tout suraccident. La direction se refusait ce jour à confirmer précisément le coût de sa fermeture, mais Emmanuel Brehmer, le président du directoire, estimait qu'il était absorbable :
Après le Covid, on n'avait pas besoin de ça, c'est un coût de plus, mais ce n'est pas un coût qui va nous paralyser, pas du tout !
Emmanuel Brehmer, président du directoire de l'aéroport de Montpellier Méditerranée
Emmanuel Brehmer a aussi tenu à relativiser : "La priorité, c'est qu'il n'y a pas eu de blessé, le reste on l'absorbera. On ne s'en sort pas si mal".