Les accidents de trottinettes électriques représentent en France 20% des blessés graves de la route, du jamais vu. Et le nombre de morts est lui en progression de 46% sur un an pour les pilotes de ces engins. Des chiffres alarmants aux conséquences sanitaires importantes pour la santé des Français.
Incivilités, vitesse trop importante, occupation illégale des trottoirs, accidents, bref les problèmes liés aux EDPm, les engins de déplacement personnel motorisés, comme les trottinettes électriques, les gyropodes, les monoroues ou les hoverboards, sont multiples.
Ce qui est certain, c’est que la recrudescence de ces nouveaux moyens de déplacement urbain inquiète les autorités et pose de nombreuses questions de sécurité, pour les pilotes eux-mêmes comme pour les piétons des centres-villes. C'est aussi devenu un enjeu sanitaire.
Certaines municipalités, comme Paris, viennent d'ailleurs d'interdire les flottes de trottinettes en location en libre-service.
Désormais, plus de deux millions de Français utilisent quotidiennement un engin de déplacement personnel motorisé et il s'en vend près de 800 000 chaque année.
Des accidents en forte hausse
Ce sont les pompiers et les hôpitaux qui ont donné l'alerte au printemps. Le nombre d'interventions pour les premiers et les chiffres des admissions pour les seconds, en raison d'accidents de trottinettes, ont explosé en 2022. Et l'évolution à la hausse s'est poursuivie pour les sept premiers mois de 2023.
Les accidents sont plus fréquents, plus nombreux, plus graves d'année en année et quelques fois mortels.
On intervient de plus en plus souvent pour des accidents de trottinette. On constate une hausse des blessés. Ils souffrent principalement de fractures et de luxations aux membres.
Pompiers de l'Hérault
Un rapport de l'Académie de médecine datant de fin 2022 montre que l'utilisation de trottinettes électriques en ville a un impact non négligeable sur la santé et la sécurité des Français.
"Les facteurs de risque de cette nouvelle pratique de la micromobilité urbaine sont liés notamment à la conception des engins, au comportement des conducteurs, à l’état des voiries et au partage de l’espace public. L’accidentologie liée à leur utilisation est devenue un problème sanitaire majeur" explique le rapport dans son introduction.
Il pointe surtout une explosion des lésions et traumatismes liés aux chutes et aux chocs. Fracture de la clavicule, de l'épaule, du coude, des poignets, des jambes, des bras, des chevilles sont légion mais aussi, note le rapport, les traumatismes crâniens et dentaires augmentent.
Dix morts en juillet en France
L'évolution des chiffres nationaux de la Sécurité routière est préoccupante.
La France enregistrait sept morts parmi les pilotes d'EDPM, d'engin de déplacement personnel motorisés en 2020 contre 22 en 2021 et 35 en 2022.
Et 2023 s'annonce catastrophique. Sur un an d'août 2022 à juillet 2023, il y a eu 41 décès de pilotes de trottinettes. Principalement des 20-30 ans et des quinquagénaires.
Dix morts rien que pour le mois de juillet 2023, c'est 150% de plus en trois mois, sur un total de 305 décès sur les routes de France mais aucun en Occitanie.
53 blessés graves en juillet en France
Autres données inquiétantes, celles des blessés graves dans des accidents de trottinettes. On est passé de 158 par an en 2019 à 604 en 2022.
Le chiffre est déjà de 314 pour la période de janvier à juillet 2023. Parmi ces blessés, souvent le soir, seuls 20% avaient un casque et 30% étaient sous l'emprise de l'alcool.
L'enjeu est donc de réglementer et contrôler la conception des engins et le comportement des pilotes. À cela s'ajoutent, la prévention et probablement bientôt l'obligation des équipements de sécurité pour pouvoir circuler.
Prévention et sanctions
Il y a des règles pour l'utilisateur :
- L'utilisateur doit avoir plus de 12 ans.
- L'EDPM doit être assuré.
- En agglomération ou sur les voies vertes et les pistes cyclables, le port du casque n’est pas obligatoire mais fortement recommandé.
- De nuit, ou de jour par visibilité insuffisante, y compris en agglomération, l'arrêté du 24 juin 2020 précise que les utilisateurs doivent porter un vêtement ou équipement rétroréfléchissant (par exemple un gilet, un brassard, etc.).
- Pour pouvoir circuler sur la voie publique, les engins doivent être bridés à 25km/h.
- Il est interdit de conduire sous l’influence de l’alcool ou après usage de stupéfiants.
Les EDPM doivent être équipés :
- de feux de position avant et arrière (arrêté du 24 juin 2020).
- de dispositifs rétroréfléchissants (catadioptres).
- d’un système de freinage (arrêté du 21 juillet 2020) et d’un avertisseur sonore (arrêté du 22 juillet 2020).
Et les amendes peuvent être salées.
Exemple, un portable à la main en pilotant votre trottinette vous coûtera 135 euros, même PV pour l'utilisation d'un engin débridé. Pour une non-présentation d’assurance, 3.750 euros.
Ce sera 15 euros pour un manque d’éclairage et 35 euros si vous transportez un passager car un EDPM est fait pour une personne seule, idem si vous poussez ou tractez une charge.