Depuis la semaine dernière, les auteurs des 18 plaintes dirigées contre la fondation Le Refuge sont auditionnés par le parquet de Montpellier. Dans une lettre ouverte, un collectif de bénévoles toujours actifs nuance les accusations et s'inquiète des répercussions de l'affaire sur la structure.
Ils sont dix à avoir apposé leur signature. Il y a quelques jours, des bénévoles montpelliérains du Refuge ont rédigé une lettre ouverte pour livrer leur version des faits dans l'affaire qui agite la fondation depuis plusieurs mois.
Le fondateur de l'association Nicolas Noguier et l'ancien directeur général Frédéric Gal sont visés par des plaintes pour agression sexuelle, harcèlement moral et abus de faiblesse. Ils ont présenté leur démission en février dernier suite à la publication d'un audit, réalisé en début d'année par un cabinet indépendant : ce rapport soulevait des "dysfonctionnements structurels" au sein de l'association.
Les 18 plaignants sont auditionnés depuis quelques jours par le parquet de Montpellier. Dans les témoignages recueillis par France 3 Occitanie le 29 avril dernier, les victimes présumées dénoncent des attitudes condamnables et des pressions de la part de l'ex-direction.
Le collectif de bénévoles défend les anciens dirigeants
Depuis le début de l'affaire, l'antenne du Refuge à Montpellier a perdu plus de la moitié de ses bénévoles. Dans leur lettre, les dix personnes restantes veulent sauver l'honneur de la structure, en défendant notamment l'action de ses anciens dirigeants. Parmi les signataires, on retrouve entre autres Odile et Robert Gal, les parents de l'ex-directeur général.
Nous réaffirmons n'avoir jamais subi ou été témoins de tentatives de pression, de harcèlement, d'humiliation ou de menace de leur part, que ce soit vis à vis des bénévoles ou des jeunes pris en charge.
Les bénévoles rappellent également les valeurs de la fondation et se disent inquiets des répercussions que pourrait avoir l'affaire sur le bon fonctionnement de la structure : ils craignent que certains jeunes en détresse ne sollicitent plus leur aide "par peur de ce qui pourrait leur arriver".
En désaccord avec le conseil d'administration
Le 28 février dernier, le conseil d'administration a nommé Michel Suchod président de transition. "Il a présidé pendant 28 ans le Bureau d’Aide Sociale de son canton, qui a été le premier à mettre des appartements à disposition des femmes battues. Il a également été un des défenseurs de l’adoption du PACS", détaille un communiqué sur le site de la fondation.
Or, ce choix ne fait pas l'unanimité auprès des salariés et des bénévoles, selon le collectif. "Il y en a certains qui ont baissé les bras, notamment parce qu'ils ne se reconnaissent pas dans les discours qui sont tenus par la nouvelle direction", explique Romain Guillard, porte-parole des bénévoles signataires de la lettre ouverte.
Pour Sophie Debliquy, ancienne bénévole et engagée dans le comité de suivi de la fondation, ce changement de direction était nécessaire.
Il y avait besoin en urgence d'une transformation de la fondation avec une professionnalisation. Sans même parler de l'attitude des dirigeants, c'était une exigence morale qu'on devait aux jeunes.
Créé à Montpellier en 2003, le Refuge compte à ce jour 22 antennes en France et a accompagné plus de 8 500 jeunes victimes d'homophobie.