Les réquisitions sont tombées au procès, à Paris, des soupçons de "pacte de corruption" dans le rugby. L'accusation réclame 3 ans de prison dont un ferme à l'encontre du président de la Fédération Française Bernard Laporte et du milliardaire Mohed Altrad, patron du groupe de BTP éponyme, sponsor du XV de France et propriétaire du club de Montpellier.
A l'issue de deux semaines de procès au tribunal correctionnel de Paris, l'heure était ce mardi aux réquisitions dans l'affaire du "pacte de corruption" supposé dans le rugby français. Trois ans de prison, dont un ferme, ont été requis à l'encontre des deux principaux prévenus : le président de la Fédération Française de Rugby Bernard Laporte et le milliardaire Mohed Altrad, PDG du groupe de BTP du même nom, sponsor du XV de France et propriétaire du MHR, le club de rugby à XV de Montpellier.
Deux ans d'interdiction d'exercer et de gérer
L'accusation réclame aussi pour Bernard Laporte une interdiction d'exercer toute fonction dans le rugby et pour Mohed Altrad, celle de gérer une société commerciale, le tout pour une durée de deux ans. Les deux hommes auraient, selon le Parquet National Financier, noué en 2017 un "pacte" qui aurait conduit à une série d'arbitrages favorables au groupe Altrad en contrepartie du versement de 180000 € à Bernard Laporte au titre du droit d'image et de sa participation à des séminaires.
En cause : les conditions d'attribution du sponsoring du maillot du XV de France au groupe Altrad, le contrat d'image signé entre les deux hommes et les appels de Bernard Laporte à Jean-Daniel Simonet, le président de la commission d'appel de la FFR, concernant une réduction de sanctions envers le MHR et une opposition à un report de match demandé par la Ligue Nationale de Rugby.
Même ligne de défense
A l'audience, Mohed Altrad a relativisé ces accusations et récusé en bloc la thèse selon laquelle il aurait soudoyé le président de la FFR. Bernard Laporte était également sur cette même ligne de défense.
A l'issue de ce réquisitoire de près de quatre heures, le Parquet National Financier a également demandé des amendes, respectivement de 50000 € et 200000 € à l'encontre des deux prévenus, le procureur financier François-Xavier Dulin estimant qu'ils avaient "abîmé la probité entourant le rugby français".
Bernard Laporte a été aveuglé par ses intérêts privés au sein du groupe Altrad. [...] Les "principes cardinaux du sport" ont alors été bafoués.
François-Xavier Dulin, procureur du Parquet National Financier
L'autre procureure financière, Céline Guillet, a dénoncé des "conditions de négociations obscures" et "un montant inhabituel de rémunération" concernant des "interventions atypiques" et "problématiques" de Bernard Laporte au profit des intérêts de Mohed Altrad. Elle a renchéri en affirmant : "On a compris que la charte de déontologie (de la FFR) n'était pas le livre de chevet de M. Laporte".
Réquisitions contre trois autres prévenus
Trois autres prévenus étaient également jugés. Deux ans de prison, dont un avec sursis, ont notamment été requis contre Claude Atcher (récemment démis de ses fonctions de directeur de l'organisation du Mondial 2023), soupçonné d'avoir perçu des sommes injustifiées de la part de la FFR en marge de l'attribution de cette compétition à la France. Contre le vice-président de la fédération Serge Simon, l'accusation a également réclamé un an de prison, dont 6 mois ferme, pour son rôle dans un autre volet du dossier : celui de l'annulation du report de match.