Les agriculteurs indépendants et les viticulteurs de la Coordination rurale comptent bloquer les camions étrangers et vider ceux qui transportent des fruits et légumes, ce mardi soir à partir de 19 heures, sur l'A 75, à Clermont-l'Hérault. Ils estiment que le ministre de l'Agriculture n'a pas tenu ses promesses lors de sa dernière visite dans le département.
Après deux semaines de blocages de routes et d’actions diverses, les agriculteurs étaient rentrés chez eux, début février, suite à une série d’annonces par le gouvernement sur un éventail de sujets tels que les pesticides, les retraites des exploitants, la simplification des normes ou encore des aides à l’élevage ou à l’agriculture bio.
Le ministre de l'Agriculture, lui, était venu à Cournontérral, près de Montpellier pour annoncer des mesures propres à la viticulture. Mais pour certains, comme les membres de la Coordination rurale de l'Hérault, le compte n'y est pas !
Marc Fesneau avait promis 80 millions d'euros supplémentaires pour soutenir "l'ensemble des régions viticoles qui sont en crise".
Vendredi 2 février 2024, il était venu détailler devant les acteurs de la filière viticole héraultaise le mode de fonctionnement de ce fond d'urgence, qui a ouvert lundi 12 février au sein de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM).
Le dispositif, mis en place avec une semaine de retard, ne respecte pas les promesses données, selon la Coordination rurale de l'Hérault : le ministre avait promis que les viticulteurs pourraient choisir leur année noire de référence pour leur trésorerie entre 2018 et 2022.
Or, selon le communiqué du préfet de l'Hérault : "l’année de référence pour comparaison avec 2023 laissée au choix de l’exploitant, est soit l’année 2020, soit l’année 2022."
Une semaine pour se retourner
Par ailleurs, ce dispositif « fond d’urgence » pour la viticulture dans l’Hérault n'est ouvert que jusqu'à la fin de la semaine (du lundi 12 février 2024 au vendredi 23 février 2024) ce qui semble beaucoup trop court aux viticulteurs de ce syndicat minoritaire pour constituer les dossiers.
IIs doivent prouver qu'ils ont subi une perte de chiffres d'affaires sur l'année 2023, ou des pertes de récoltes supérieures ou égales à 20 % sur la déclaration de récolte 2023.
Ces mesures prises " à l'arrache" ne leur laisseraient pas le temps de rassembler les exercices comptables qui sont encore en cours d'élaboration pour 2023.
Ils participeront donc, avec des agriculteurs indépendants et non syndiqués, à une nouvelle action, ce mardi soir, à partir de 19 heures, sur l'A 75, à Clermont-l'Hérault, pour bloquer les camions étrangers et vider ceux qui transportent des fruits et légumes.
"Mars sera chaud, dans toute l'Europe !"
Jean-François Chaperon, président de la Coordination rurale 34 qui compte actuellement 300 adhérents, prédit un mois de mars très chaud en termes de mobilisation des agriculteurs dans toute la France et même dans toute l'Europe.
"On est en train de s'organiser pour mettre la pression sur le gouvernement. Ils se moquent de nous, la paperasse à rendre pour toucher les aides est beaucoup trop compliquée. C'est du saupoudrage. La moitié des agriculteurs de l'Hérault va déposer leur bilan et mettre la clé sous la porte. C'est un problème de fond et d'avenir qui se joue désormais. Que va-t-on produire demain avec le réchauffement climatique, c'est cela la vraie question !" affirme Jean Francois Chaperon.
Gabriel Attal, le Premier ministre, doit recevoir ce mardi les représentants de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, les deux principaux syndicats agricoles.
La Coordination rurale, elle, devrait être reçue mercredi par Emmanuel Macron, à l'Élysée.