Assises de l'Hérault : "on m'a volé mon enfant" lance un père effondré au procès de l'entraîneur de foot accusé de viols

Au 2ème jour du procès de l'entraîneur d'Autignac jugé pour viols et agressions sexuelles sur mineurs, la Cour d'Assises de l'Hérault a vécu une audience très éprouvante, face à des familles et des enfants qui peinent à se reconstruire et un accusé sans affect apparent et toujours dans le déni.

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Il est 17 heures 15 ce mardi 2 juillet, dans la salle de la Cour d'Assises de l'Hérault, lorsque le président Régis Cayrol se tourne vers Laurent Belmonte, ancien entraîneur du club de football du petit village d'Autignac, accusé de viols et agressions sexuelles sur de très jeunes joueuses, entre 2014 et 2016.


"Incohérences"


La journée a été éprouvante, étouffante, et pas seulement à cause de la chaleur : les comptes rendus d'audition des quatre fillettes viennent d'être révélés et les faits qu'elles décrivent sont insoutenables. Le président questionne :
 
  • "Cela fait beaucoup, toutes ces accusations. Face à ça, qu'avez-vous à dire ?"
  • Laurent Belmonte : "qu'il y a beaucoup d'incohérences dans tout ça". 
  • Le président insiste : "Pourquoi vous isoliez-vous à l'étage avec les filles ?"
  • L'accusé : "On ne s'isolait pas dans ma chambre, on cherchait des jouets dans celle de mon fils aîné. Je fermais la porte à cause des courants d'air".
  • Le président : "Alors pourquoi ces fillettes racontent-elles toutes la même chose ?"
  • L'accusé : "ça, j'aimerais bien le savoir !"


"C'est invivable, même à mon pire ennemi, je lui souhaite pas ça !"


Sur le banc des parties civiles, les familles s'épaulent et se consolent. Le père de C., 10 ans à l'époque des faits, vient de se rasseoir après avoir livré un témoignage poignant sur l'état de sa fille depuis cette affaire et sa révélation :
 

Trois ans après, je me repasse encore le film dans ma tête, je me réveille toutes les nuits en me disant : "qu'est-ce que tu n'as pas vu ?" C'est invivable ! On m'a volé mon enfant il y a 3 ans, je ne peux plus la prendre dans mes bras. Le rôle d'un père, c'est de protéger ses enfants et je n'ai rien vu venir ! Les dégâts que ça peut faire, je ne les souhaite à personne ! Même à mon pire ennemi, je ne lui souhaite pas de vivre ça ! Ce combat, j'irai au bout !


Echec scolaire et désocialisation


Quelques minutes avant lui, son épouse avait décrit une adolescente avec qui les relations sont très difficiles aujourd'hui, qui est restée 2 ans à l'isolement à la maison sans vouloir voir personnes. Elle est en échec scolaire et toujours suivie par une psychologue, tout comme son père.


"Il m'a dit : habitue toi !"


Les parents de C. étaient sortis lors de la lecture du procès verbal d'audition de leur fille, incapables de supporter l'énoncé des faits par l'enfant qu'elle était alors. C. y décrit des scènes de pénétrations digitales, vaginales et anales, subies en compagnie de la petite P. :
 

Je lui ai dit que ça me faisait mal, mais il m'a dit : "habitue toi !" Si on voulait pas, il nous tirait par le bras et serrait un petit peu.


Pour autant, après la révélation des faits, les parents de C. ont ouvert leur porte à Sandra, la femme de l'accusé (le couple est actuellement en instance de divorce et l'épouse est partie civile au procès) et à ses deux fils. La mère de C. explique :
 

Il a fait du mal à ma fille, mais ça fait du mal aussi à ses enfants et à sa femme, il fallait soutenir tout le monde. 


L'insoutenable récit de P.


Les parents de P., eux, ont rompu tout lien avec les Belmonte. Le compte rendu d'audition de leur fille est particulièrement glaçant. Interrogée par les enquêteurs, puis par le juge d'instruction en 2016, alors qu'elle est en CM2, l'enfant décrit très précisément la chambre et la disposition des pièces de la maison:
 

Quand les garçons jouaient à la Playstation dans le salon, il me demandait de monter à l'étage (...) Il mettait de la pommade sur moi et sur son sexe. Ensuite, il commençait à le rentrer dans mes fesses. J'ai essayé de lui dire quelque chose mais je n'y suis pas arrivée (...) Je lui ai dit que ça me faisait mal mais il a continué. Il m'a dit : "si tu le dis, je te taperai".


Croissance stoppée par le traumatisme


La mère de P. explique qu'elle n'est jamais parvenue à aborder le sujet avec sa fille, qui s'est renfermée après la révélation de l'affaire. Déjà petite pour son âge, elle a cessé de grandir avec le traumatisme. A 13 ans, P. mesure aujourd'hui 1,40 mètre et s'est lancée à corps perdu dans ses études "pour oublier", dit sa mère.

Le père de P. est en larmes, il n'arrive pas à parler quand vient son tour de s'exprimer à la barre :
 

Je viens chercher la vérité, comprendre pourquoi il a fait ça.


Et même si l'accusé est resté enfermé dans le déni malgré le feu nourri des questions du président, de la partie civile et de l'avocat général, Maître Benjamin Jégou qui est l'avocat de la fillette et de sa famille estime qu'il y aura d'autres occasions de tenter de faire éclater la vérité avant la fin du procès.
 


La théorie du complot semble s'effondrer


Mais les réponses ne viendront pas, en tout cas pas ce mardi, malgré le feu nourri des questions des avocats de la partie civile. Pendant de longues minutes, ils vont se relayer pour tenter de briser la carapace de Laurent Belmonte, enfin attentif depuis que le président Cayrol l'a rappelé à l'ordre. Maître Valérie Soulié, avocate de L. et de ses parents, entame :
 
  • "Qu'avez-vous ressenti au visionnage de ces témoignages ?"
  • L'accusé (encore) : "Il y a des incohérences"
  • "Et sur la théorie du complot (que soutenaient jusqu'à ce jour l'accusé et ses défenseurs, mais qui semble s'écrouler à présent, NDLR), vous en êtes où ?"
  • Laurent Belmonte : "Les enquêteurs, ils m'ont arraché les mots de la bouche, c'est pas facile quand vous êtes désigné coupable !"
  • L'avocate : "Et c'est pas fini ! (Elle s'énerve) Donc, on passe de la théorie du complot à celle de l'incohérence ?"
  • L'accusé : "Y a des incohérences" (...) Tous ces gens sont des menteurs, ça c'est la vérité !"


Pas un mot pour les petites filles


Benjamin Jégou, avocat de P. et de ses parents, enchaîne :
  • "Vous n'avez pas eu un mot pour ces jeunes filles. Est-ce que ça vous est indifférent ?"
  • Laurent Belmonte : "Elles ne sont pas entrées dans ma chambre" (Il le répète 4 fois)
  • L'avocat : "Alors comment expliquez-vous qu'elles décrivent très précisément VOTRE chambre ?"
  • L'accusé : "comme moi je peux décrire d'autres lieux !"
  • L'avocat : "parce que vous les connaissez !"
  • L'accusé : "Elles ne sont pas montées avec moi !"


Un accusé qui ne livre pas ses sentiments


Seul l'avocat général parviendra à lui faire exprimer un sentiment en lui demandant ce qu'il souhaiterait pour un personne qui ferait la même chose à ses propres enfants. Laurent Belmonte répond : "la mort. Mais je suis innocent".  


Une cousine et la femme de l'accusé parmi les victimes ?


La journée s'est achevée sur l'audition de J., une jeune majeure cousine de l'accusé, partie civile au procès, qui affirme que Laurent Belmonte a abusé d'elle de la même façon lorsqu'elle avait 8 ans. Les faits sont plus anciens mais non prescrits.

Mercredi, l'audience sera consacrée au récit de Sandra Belmonte, partie civile dans ce dossier. Elle avait retrouvé au domicile du couple des somnifères et des images d'elle, droguée et endormie, son mari en train de la violer à l'aider de divers objets. Lui soutient qu'elle était consentante.
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