L’association "Les Anges de la rue" vient d'être expulsée de ses locaux du Crès, dans la métropole de Montpellier. Le loyer de l'entrepôt n'était pas payé depuis plus d’un an. Une dette qui s’élève à près de 50.000 euros. Les propriétaires ont récupéré leur bâtiment de 700 mètres carrés dans un état catastrophique, insalubre.
Voici une cour propre qui contraste avec celle découverte au début du mois d'octobre quand les propriétaires ont récupéré les lieux.
Il reste encore au fond des dizaines de boîtes de conserve exposées aux aléas climatiques.
Des milliers de cartons et de marchandises en souffrance
À l’intérieur, la situation est pire.
La première fois que je suis rentrée là, j’en ai pleuré… C'est inadmissible, inadmissible que du social arrive à faire ça !
Marie-Josée Spaeth, propriétaire des locaux.
Ça, ce sont des milliers de cartons de denrées alimentaires stockés dans d'anciens réfrigérateurs sur des palettes mais les marchandises sont périmées pour beaucoup, voire pourries. Des tonnes de nourriture destinée aux plus démunis.
Au sol, des paquets éventrés, des boîtes ouvertes et des excréments de rats partout. Sans parler des congélateurs avec des produits en décomposition.
L’odeur, elle, est insoutenable.
Dans un autre local de 300 mètres carrés, impossible de passer. Des cartons s’entassent partout du sol au plafond. Une situation incompréhensible pour les propriétaires qui se sentent totalement démunis.
Je ne peux pas porter plainte parce que cela ne sert à rien. L'avocat m'a dit vous avez récupéré votre bâtiment, c'est déjà une bonne chose. L'huissier dit la même chose. La gendarmerie ne veut pas que je dépose plainte... et la police municipale dit que cela sert à rien. Voilà.
Francis Spaeth, propriétaire des locaux.
Les responsables des "Anges de la rue" disposent de deux mois pour récupérer les cartons et marchandises qu'ils ont estimé eux-mêmes à un million d'euros.
Une querelle entre locataire et bailleur
Pour l'association, cette situation a été provoquée dès le départ par les propriétaires. Ils dénoncent un réseau électrique non conforme dans le local et un défaut d'accès à l’eau potable. Ce que réfutent les propriétaires. Une audience est prévue en décembre au tribunal correctionnel de Montpellier.
On s'est fait flouer par le propriétaire qui devait nous rendre 26.000 euros pour mettre l'électricité aux normes. Les compteurs sont surdimensionnés et donc on n'a pas fait mettre l'électricité. Entre-temps, les commandes étaient passées, on a dû accepter les dons alimentaires et tout a pourri sur place car les chambres froides ne fonctionnaient pas.
Robert Massaré, fondateur de l'association "Les Anges de la rue".
Et depuis un an, toutes les marchandises sont stockées ainsi, laissées à l’abandon.
Malgré l'expulsion, les démêlés avec leurs anciens propriétaires et près de 120.000 euros de dettes au total, l'association poursuit son activité auprès des plus démunis.
L’association à but humanitaire actuellement en redressement judiciaire, a déjà été au centre d’une polémique en 2015. Elle concernait l’accueil et l’hébergement de sans-abri à Sète.