Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires publie la carte des départements menacés par l'érosion côtière avec, pour chacun, le nombre de logements et de locaux d'activité qui seront affectés. En Occitanie, les chiffres font apparaître une aggravation du phénomène entre 2028, 2050 et 2100.
Pour lutter contre les effets du recul du trait de côte et de l'élévation du niveau de la mer, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu l'a annoncé hier soir au journal télévisé de 20 heures de TF1 : "On a identifié 500 communes, on a commencé à travailler avec les maires qui sont les plus concernés et on travaille avec des plans qui sont du sur-mesure". Et il a promis la publication des cartes pour ce vendredi après-midi. Mais finalement, pas de liste exhaustive diffusée à l'heure dite.
À la place, un communiqué renvoyant aux cartes établies par le CEREMA (Centre d'Etudes et d'expertise sur les Risques, l'Environnement, la Mobilité et l'Aménagement) dans son rapport de février 2024 vient de paraître. Cette cartographie répertorie, par département, le nombre de bâtiments, locaux d'activité et logements menacés par l'érosion côtière d'ici 5 ans, puis l'horizon 2050 et 2100. Et elle est sans appel : en Occitanie, il va falloir s'adapter.
Faible impact à 5 ans
Selon le scénario retenu par le CEREMA, d'ici 2028, pas de grand bouleversement à attendre. Le nombre de maisons et appartements affectés par le phénomène reste minime : trois dans l'Hérault et quatre dans les Pyrénées-Orientales.
Pour les locaux d'activité, c'est un peu plus :
- un dans le Gard,
- sept dans les Pyrénées-Orientales,
- neuf dans l'Hérault.
Un risque accru en 2050
Dans le scénario retenu par le CEREMA pour 2050 en revanche, ces chiffres augmentent significativement : 263 logements seraient menacés dans les Pyrénées-Orientales, 21 dans l'Hérault, quinze dans le Gard et sept dans l'Aude.
Pour les activités économiques, le risque est aussi accru avec 27 locaux concernés dans les Pyrénées-Orientales notamment. Le ministère de la Transition écologique estime que "c'est un scénario objectif et vraisemblable", reposant sur la poursuite tendancielle du recul du trait de côte et le maintien en place et l’entretien de tous les ouvrages de protection du littoral.
Menace prégnante en 2100
C'est à l'horizon du siècle prochain que les choses se compliquent sérieusement selon les projections du CEREMA. Le nombre de logements en danger exploserait :
- 16196 dans l'Hérault,
- 5728 dans le Gard,
- 4599 dans les Pyrénées-Orientales,
- 3488 dans l'Aude.
Même progression pour les locaux à vocation économique : 1470 seraient menacés dans l'Hérault, 320 dans le Gard, 227 dans l'Aude et 182 dans les Pyrénées-Orientales.
Cent campings affectés dans l'Hérault
Particulièrement touchés : les campings. Dans son rapport, le CEREMA note qu'en 2100, 982 campings seraient impactés par le recul du trait de côte sur tout le territoire national.
Trois départements : la Vendée, la Charente-Maritime et l'Hérault, compteraient chacun plus de 100 campings affectés.
Rapport du CEREMA "Projection du trait de côte et analyse des enjeux au niveau national - Horizons 2050 et 2100" (Février 2024)
Un coût évalué à des milliards d'euros
Les experts du CEREMA ont aussi évalué le coût de ces changements. À la fin du XXIème siècle, la valeur vénale des locaux commerciaux affectés par l'érosion côtière en France avoisinerait 8 milliards d'euros et celle des logements concernés, 86 milliards d'euros. À cela il faudra ajouter la valeur des bâtiments publics, routes et voies ferrées impactés.
Estimation haute
Le ministère de la Transition écologique précise toutefois que ce scénario pour 2100 se base sur "une estimation haute du GIEC et retient une hausse possible d’un mètre du niveau des mers et des océans". Afin d'anticiper ce phénomène et de le prévenir le plus possible, une première liste de 242 communes engagées dans l'adaptation de leur territoire au recul du trait de côte a été établie par décret en juillet 2023.
Sur le littoral d'Occitanie, ces communes sont : Collioure, Fleury d'Aude, Frontignan, Marseillan, Mauguio, Sète, Vias et Villeneuve-lès-Maguelone.