Environ 400 internes et étudiants en médecine de l'Université de Montpellier ont manifesté ce jeudi 17 novembre. Ils dénoncent la réforme en cours de leur cursus et la dégradation de leurs conditions de travail.
C’est derrière une banderole rouge marquée du slogan « Réformes bâclées = patients en danger » qu’environ 400 étudiants de médecine ont défilé ce 17 novembre, dans les rues de Montpellier. Le cortège est parti en début d’après-midi de la nouvelle faculté de médecine et a rejoint la préfecture.
Mépris, sacrifice et sentiment d'injustice
« Etudiants contraints = pas de bons médecins », « #Stop au mépris » font partie des autres slogans croisés. Tous déplorent la réforme en cours de leur cursus d’études.
Le 26 octobre dernier, le gouvernement a fait passer la 4ème partie du projet de loi de financement pour la Sécurité sociale (PLFSS) (à l’aide de l’article 49.3 de la Constitution) qui impactera directement le cursus des internes de médecine générale.
Ce projet de loi prévoit une 4ème année d’internat obligatoire pour ceux qui ont choisi la spécialité de médecine générale. L’objectif est de lutter contre la désertification médicale en obligeant les internes à s’y rendre durant cette année supplémentaire.
Cette 4ème année n’est pas une année pédagogique, c’est une solution pour pallier aux déserts médicaux mais ce n’est pas une solution… S’il n’y a pas de projets d’installation derrière ce n’est pas cohérent. On ne va pas mettre en danger les patients en leur faisant changer de médecin tous les 6 mois.
Alexis VandeventerPrésident du syndicat des internes de la Faculté de Montpellier-Nîmes
Les étudiants croisés dans le cortège demandent des « mesures durables » afin d’être « en mesure de bien soigner les patients ». « Ce n’est pas aux internes de médecine de réparer les pots cassés d’une politique désastreuse depuis des dizaines d’années » se désespère l’un d’eux.
58 heures par semaine payées 5 euros de l'heure
Pour ces internes qui sacrifient une partie de leur vie personnelle pour soigner, la nouvelle obligation de s’installer à un endroit précis ne passe pas :
Il faudrait au moins que l’on nous laisse la liberté d’installation. Le sacrifice pour nos études est déjà énorme et on a l’impression à la fois de ne pas être entendus depuis des années mais aussi que l’on nous en demande toujours plus.
Etudiante en médecine croisée dans le cortège qui a défilé à Montpellier
La revalorisation de leurs salaires fait aussi partie des revendications de ces étudiants en médecine. « Les internes représentent 40% des effectifs médicaux mais contrairement aux aides-soignants, aux infirmières ou aux médecins séniors nous n’avons eu droit qu’à deux mois de revalorisation de nos gardes. On demande à ce que ce soit pérennisé car à ce jour, les internes sont payés 5 euros de l’heure pour 58h de travail par semaine. On demande juste des conditions décentes de travail en fait » explique Alexis Vandeventer, président du syndicat des internes de la Faculté de Montpellier-Nîmes
Suite à l’appel d’organisations d’étudiants en médecine comme l’Anemf et d’internes comme l’Isni et l’Isnar-IMG, ce mouvement de grève connaît une ampleur nationale.
Le 14 novembre dernier, ces associations avaient relevé « plus de 10 000 manifestants » et « 40% de grévistes » en France.