Les défenseurs du chêne classé remarquable avaient saisi la justice pour suspendre les derniers travaux qui permettent de raccorder les constructions du lotissement le Clos des Oliviers à Castelnau-le-Lez aux réseaux d’eau et d’électricité. Le tribunal administratif de Montpellier a rejeté la requête en référé. Le chantier va reprendre.
Le tribunal administratif de Montpellier a rejeté, ce jeudi 27 juillet 2023, la requête qu’avaient déposée l’association Non au Béton et les propriétaires du chêne contre le permis de construire d’un caisson en béton de 25 mètres de long. L’ouvrage était en cours de finition lors de l’audience au tribunal, ce mercredi 26 juillet.
Les défenseurs de l’arbre craignent que le caisson en béton de 100 tonnes posé à trois mètres du tronc du chêne bicentenaire condamne l’arbre à mourir.
Le caisson imperméabilise sur le sol sur 53 m³ au sol. Donc le chêne ne va pas pouvoir boire ni manger, donc plus se nourrir et en plus, il a quelque chose qui pèse sur ces racines. Donc il va péricliter.
Christophe MenichettiPorte-parole de l'association "Chêne et handicap"
Le caisson permet de raccorder les constructions en contrebas du chemin aux réseaux d’eau et d’électricité. Sans ce raccordement, les 32 logements ne peuvent pas être livrés aux propriétaires. En décembre 2022, une équipe de France 3 Occitanie rencontrait une famille, endettée pour acheter le bien et qui ne cachait pas son désarroi. "Ma situation de vie fait qu'en plus, ça s'est dégradé par rapport au moment où on avait acquis ce bien. On n'en peut plus, je suis très inquiète pour l'avenir", Justine Gouget au micro de France 3 Languedoc-Roussillon.
Un bras de fer depuis 2014
À l'origine de la fronde : un projet immobilier de 32 logements, dans une carrière dont le permis de construire a été délivré en 2014. Un bras de fer oppose depuis plusieurs années le promoteur immobilier et les propriétaires du chêne, qui refusent les travaux d'aménagement prévus dans la rue de Salaison pour accéder au chantier en contrebas, dans le but de préserver l'arbre et ses racines.
La famille Bedos, propriétaire de l’arbre, a contesté le projet immobilier jusqu’au conseil d’État a perdu le procès en 2018.
Le combat est devenu ensuite politique et de nombreuses associations ont œuvré pour la préservation de l’arbre. Ses défenseurs ont multiplié les actions pour préserver le chêne bicentenaire. Ils ont notamment bloqué l’accès des camions au chantier et ont saisi la justice à plusieurs reprises.
Le 8 décembre 2020, l’arbre a reçu la classification nationale d’arbre remarquable par l'association A.R.B.R.E.S. (Arbres Remarquables : Bilan, Recherche, Études et Sauvegarde).
Pour les défenseurs du chêne, d’autres chemins pourraient être étudiés afin de sauvegarder l’arbre. Des alternatives qui exigent l’achat de foncier et qui sont longues selon la Métropole de Montpellier qui précise, via son avocat avoir "fait tout ce qui est possible pour préserver cet arbre qui est condamné par effet naturel, en effet il est infesté par le grand capricorne, un insecte xylophage, c’est-à-dire qui se nourrit de bois selon un rapport de l’ONF", précise Romain Geoffroy, l’avocat de la Métropole de Montpellier.
Juridiquement, on est tenu de réaliser ces travaux, car permis de construire définitif, le temps presse, car 32 familles n’ont toujours pas accès à leurs logements.
Romain GeoffroyAvocat de la Métropole de Montpellier
Débouté par la justice, "Non au Béton" prend acte de cette décision. Selon l’association, elle n’est pas motivée.
Aucun des 12 arguments de la requête que nous avons développés n’a été considéré recevable par le juge, de plus il n’y aucune explication. Ça donne l’impression : du circulez, il n’y a rien à voir.
Michel DumasPrésident de Non au Béton
Autre procédure en cours
Non Au Béton et la famille Bedos a déposé en même temps que le référé suspension (le 3 juillet 2023) un recours pour excès de pouvoir contre le même permis de construire devant le tribunal administratif de Montpellier. Ils disposent d’un délai d’un mois pour décider s’ils maintiennent ou non ce recours, dont le jugement n’interviendrait pas avant au moins un an. Pendant ce laps de temps les travaux seront terminés.