Près de Montpellier, le chêne de la discorde n'en finit pas d'opposer riverains et défenseurs de l'environnement

A Castelnau-le-Lez, les défenseurs d'un chêne remarquable menacé par le chantier d'un lotissement ne désarment pas. Ils ont à nouveau manifesté mardi 6 décembre. Mais à leur tour, les futurs propriétaires montent au créneau face au retard pris dans la livraison de leur logement.

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D'un côté, les amis du chêne remarquable, toujours aussi mobilisés. De l'autre, des propriétaires excédés de ne pouvoir prendre livraison de leurs appartements, en raison du non-raccordement au réseau d'eau et d'électricité. "Je viens vivre chez vous demain ? Vous m'hébergez moi et mes deux enfants en bas âge d'un et de deux ans ?", demande une future habitante à un militant. "La réalité est là : dans six mois, je perds ma maison", tempête Justine Gouget, propriétaire d'un des logements du Clos des Oliviers.

Une confrontation qui illustre la tension qui règne autour de ce projet immobilier, décidé en 2014, et la protection de cet arbre désormais classé et protégé.

"On n'a jamais été contre la promotion immobilière et contre ses habitants-là", assure Christophe Ménichetti, trésorier de l'association "Chêne et handicap". Une solution a pourtant été proposée. "La troisième voie consiste à racheter deux maisons dont les propriétaires sont vendeurs. Un promoteur est en cours de négociation de vente. Ça va se faire. Quand ? Je ne sais pas." Selon lui, c'est sur ce point que riverains et associations devraient réfléchir ensemble.

Imbroglio total

D'après les deux parties, des pistes existent bel et bien pour réaliser les raccordements et la voie de servitude. Entre les "ni route, ni tuyau" sur le chemin du chêne et les propriétaires dans l'attente, l'imbroglio est total.

"Ça fait plus d'un an qu'on demande à la métropole de justement étudier sérieusement toutes ces alternatives pour qu'une solution soit trouvée", pour les futurs habitants, assure Richard Corvaisier, conseiller municipal d'opposition de Castelnau-le-Lez. Un dénouement pour eux, "mais également pour la problématique du chêne", poursuit-il.

"Monsieur Delafosse connaît de toute façon très bien le sujet", précise Guillaume Le Guellec, gestionnaire de patrimoine. "Nous, on se met à leur place, ce n'est pas un sujet évident. Mais aujourd'hui, on a 32 familles qui ont investi dans cette résidence et qu'il ne faut pas oublier." 

Les constructions du Clos des Oliviers sont situées dans une ancienne carrière. Les travaux sont presque terminés. Les familles, qui se sont endettées pour acheter, sont désemparées.

"Il y a quelques semaines, j'ai perdu mon emploi suite à une restructuration", explique Justine Gouget. "Ma situation de vie fait qu'en plus, ça s'est dégradé par rapport au moment où on avait acquis ce bien. On n'en peut plus, je suis très inquiète pour l'avenir."

Au même moment, en conseil métropolitain, le président de la métropole de Montpellier est questionné sur le sujet.

"Nous, on souhaite y arriver", affirme Michaël Delafosse. "C'est dans l'intérêt de tous : des futurs riverains, de la protection du chêne. Il faut qu'on y arrive. Après, si ce n'est pas raisonnable sur le plan financier, on va trouver l'équilibre."

Du haut de ses 150 ans, le chêne remarquable de Castelnau-le-Lez n'en réclamait pas tant. Du temps de Saint-Louis, la justice ne se rendait-elle pas sous un chêne ?

Un article écrit avec Laurent Beaumel et Yannick Le Teurnier. 

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