Ils ont manifesté avec leurs blouses blanches devant l'Opéra de Montpellier. Ces scientifiques sont sortis de leurs laboratoires samedi 15 octobre 2022 pour alerter sur l'urgence climatique et appeler les citoyens à la désobéissance civile.
Ils n'ont pas vraiment l'habitude de manifester. Devant l'opéra de Montpellier ce samedi 15 octobre 2022, il faut resserrer les rangs, déployer les banderoles, corriger au dernier moment les "posters" qui affichent des chiffres et des courbes. Mais ces scientifiques de toutes disciplines et de tous horizons sont déterminés à faire passer leur message.
"Depuis 50 ans les scientifiques alertent. le changement climatique est vraiment dramatique, explique Florence Volaire, chercheuse à l'INRAE et initiatrice du rassemblement. La perte de biodiversité augmente. Le nombre d'espèces et la population d'espèces sauvages diminuent drastiquement. Nous avons l'impression qu'en restant dans nos laboratoire, nous n'avons pas assez d'impact et nous avons décidé d'aller au devant du public."
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Ils sont plusieurs dizaines à avoir ainsi enfiler leurs blouses blanches à l'appel de "Scientist Rebellion". Ils ont aussi reçu le soutien de plusieurs militants écologistes d'Alternatiba et d'ANV-COP21. "Tout était évitable", peut-on lire dans une lettre ouverte distribuée aux passants, surpris par cet attroupement. Les manifestants dénoncent surtout "l'inaction coupable des dirigeants de la planète", malgré le travail d'analyse et d'alerte de la communauté scientifique mondiale
Le GIEC est formel. Toutes ces évolutions dramatiques sont dues aux activités humaines et notamment aux émissions de gaz carbonique ou de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, qui atteignent des niveaux inégalés depuis 2 millions d'années !
Florence Volaire, chercheuse à l'INRAE et organisatrice de la manifestation
Pour ces chercheurs en colère, les faits scientifiques sont sans équivoque. Ils exigent donc des mesures rapides er radicales pour tenter d'enrayer la crise climatique. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 10% par an et ainsi limiter le réchauffement autour de +1,5°C et largement sous +2°C, ils demandent aux pouvoirs publics et aux entreprises de "stopper les investissements dans le charbon, le pétrole ou le gaz, stopper la déforestation et de restaurer les écosystèmes, mobiliser démocratiquement pour la sobriété et la justice sociale."
Appel à la désobéissance
Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde en février 2020, près de 1000 scientifiques de toutes disciplines avaient déjà appelé les citoyens à la désobéissance civile et au développement d’alternatives face à la crise écologique et climatique. "Les observations scientifiques sont incontestables et les catastrophes se déroulent sous nos yeux. Nous sommes en train de vivre la sixième extinction de masse, plusieurs dizaines d’espèces disparaissent chaque jour, et les niveaux de pollution sont alarmants à tous points de vue (plastiques, pesticides, nitrates, métaux lourds…)"
Un collectif international
Depuis un an, le collectif "Scientist Rebellion", qui rassemble des scientifiques activistes d’une vingtaine de pays, multiplie les coups d'éclat médiatiques. En avril dernier, Peter Kalmus, un chercheur de la NASA s’est enchaîné à la porte d’entrée d’une grande banque américaine avant d'être interpellé par les policiers.
"Je suis ici parce que les scientifiques ne sont pas écoutés, je voulais prendre ce risque pour notre magnifique planète, pour mes fils, a expliqué le scientifique du climat devant les caméras. On essaye de vous avertir depuis tant de décennies, nous courons à la catastrophe, poursuit-il. (…). Nous allons tout perdre. Nous ne blaguons pas, nous ne mentons pas. Nous n’exagérons pas.".
En Occitanie, vendredi 14 octobre 2022, une quarantaine de militants de Scientist Rebellion et d'ANV-COP21 ont investi le forum "Toulouse Zéro Carbone" pour dénoncer le manque d'ambition de la collectivité locale en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Ecrit avec Jérôme Gaussen et Juliette Mörch.