Dans un délibéré rendu ce vendredi 2 juillet, le Tribunal correctionnel de Montpellier condamne chacun des acteurs et commanditaires de la bastonnade de la faculté de droit de Montpellier en 2018. Trois prévenus écopent de prison ferme, 4 sont condamnés à des peines avec sursis.
Dans un délibéré rendu ce vendredi 2 juillet, le Tribunal correctionnel de Montpellier condamne chacun des acteurs et commanditaires du fameux commando. Ces hommes encagoulés qui avaient frappé des étudiants grévistes au sein de la faculté de droit de Montpellier en mars 2018.
Ils sont tous reconnus coupables, y compris Mr Roudier qui contestait les faits. Le tribunal a fait passer un message de fermeté et a rappelé que l'Université devait rester le temple du savoir et non pas le théâtre de la violence.
Philippe Pétel, ex-doyen de la faculté de droit condamné à 18 mois avec sursis et 2 ans d'interdiction d'exercer dans la fonction publique
Philippe Pétel est condamné à 18 mois de prison avec sursis et à 2 ans d'interdiction d'exercer dans la fonction publique. Les réquisitions du procureur ont été globalement suivies.
Lors du procès en mai dernier, 18 mois de prison avec sursis avaient en effet été requis contre l'ex-doyen de la faculté de droit, ainsi qu’une interdiction de travailler dans la fonction publique pendant cinq ans. Ce dernier avait reconnu son implication pour la première fois. Il a avoué avoir donné le champ libre au commando mais avait justifié cette action par son "épuisement et désespoir", au terme d'une journée au cours de laquelle il s'était senti "abandonné" par les autorités et sa hiérarchie.
Des propos qui n’ont pas convaincu face à une preuve irréfutable : l'interview réalisée le lendemain matin des faits par une de nos équipes de France 3 Occitanie. On y entend le doyen approuver et légitimer cette action violente. « On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs » affirme-t-il notamment.
Une peine jugée " sévère " par l'avocate du doyen, Maître Iris Christol.
C'est une décision lourde ! Mais qui, je l'espère pour lui, clôturera ce chapitre judiciaire qui a été particulièrement difficile à vivre.
Jean-Luc Coronel condamné à 6 mois de prison ferme
Jean-Luc Coronel est condamné à 14 mois de prison dont 8 avec sursis. Le professeur d’Histoire du droit effectuera toutefois ces 6 mois "ferme" à son domicile, sous surveillance éléctronique.
Le procureur de la République avait requis 10 mois de prison ferme assortis d’une possibilité de surveillance à domicile avec un bracelet électronique.
Cet homme de 53 ans passionné d'escrime et de poésie médiévale est aujourd’hui enseignant à l’ISSEP (Institut de sciences sociales, économiques et politiques) dirigé par Marion Maréchal . Jean-Luc Coronel avait déjà été condamné en 2013 par le tribunal correctionnel de Digne pour des "violences sur personne vulnérable"
Patricia Margand a été condamnée à la même peine : 14 mois de prison dont 8 avec sursis. La compagne de Jean-Luc Coronel effectuera elle aussi ses 6 mois de prison "ferme" à son domicile sous surveillance électronique. Le procureur avait requis contre elle un an de prison assortie de sursis.
C’est cette ancienne candidate royaliste aux législatives de 2012 à Lyon, proche du Rassemblement National, qui a constitué le commando... "pour faire peur" aux grévistes !
Un an ferme pour Martial Roudier
Martial Roudier a été condamné à un an de prison ferme. Le procureur avait requis cette peine contre le fils du fondateur de la Ligue du Midi, organisation locale d’extrême droite, identifié comme le principal leader du groupe. Selon le président du tribunal il est le seul susceptible d'avoir "organisé tout ça", en vertu de son "expérience" et de son "aura de militant". Sa condamnation peut s'expliquer par le fait d'être en état de récidive.
Concernant les 3 autres membres du commando, ils ont été condamné à un an de prison avec sursis. Ces sympathisants d’extrême droite revendiquaient une "action nécessaire pour se débarrasser de gauchistes qui voulaient rejouer Mai 68..."
"Dans un pays normal, on nous aurait félicités" avaient-ils affirmés lors du procès...
Rappel des faits
Les images des violences ont étés visionnées lors du premier jour du procès en mai dernier, grâce aux vidéos amateures tournées par les étudiants présents dans l’amphithéâtre dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 mars 2018.
On y voit des hommes cagoulés faire irruption dans l’amphithéâtre A bloqué par des étudiants qui protestaient contre la loi Ore qui visait à réformer Parcoursup.
Munis de bâtons, de taser ou de morceaux de palettes, ils frappent des jeunes, au hasard, parfois à terre. Les cris fusent et en à peine plus de cinq minutes l’amphithéâtre est évacué.
Selon le procureur de la République, dix personnes ont été légèrement blessées lors de l'intervention du commando.