16 communes de l'est montpelliérain ont reçu la consigne de fermer les établissements accueillant les enfants à cause de l'épidémie de Covid-19. Castries en fait partie. Immersion dans cette commune de 6 000 habitants, où les commerçants subissent les premières conséquences de ces mesures.
"Le baromètre, c'est le labo." Tous les matins de semaine, Thierry Baguin et Véronique Devaux passent devant le laboratoire Labosud, à quelques mètres de la brasserie qu'ils tiennent depuis quatorze ans à Castries, 6 000 habitants, en périphérie de Montpellier.Surprise ce jeudi 12 mars. La cohue et la longue file d'attente, d'habitude présentes dès 6h30, ont laissé place au vide ou presque. Beaucoup moins de visites ont eu lieu. Moins de prises de sang, moins de clients.
Castries est devenue morte. Aucun cas de coronavirus n'a été détecté, mais le préfet de l'Hérault a décidé de fermer par précaution l'ensemble des établissements de 16 communes à l'est de Montpellier, au moins jusqu'au 24 mars. L'école élémentaire Marcel-Pagnol n'a pas été épargnée. Mais pas question pour sa directrice, Jeanne Meurisse, de s'exprimer. Elle prétend avoir reçu comme instructions de ne pas répondre à la presse.
En face, la pharmacie de la Couronne est directement touchée.
Son gérant Olivier Legrand, déjà en sous-effectif, devra faire sans l'une de ses employées pendant les quinze prochains jours. Elle doit garder son enfant, concerné par les fermetures d'écoles. "Je demande à mes employées de se libérer. Et je supprime mes congés", explique t-il, fataliste. "C'est une mesure de prévention logique, mais pas sans conséquence." .
Côté stocks, la pharmacie ne fait pas exception : les masques de protection, flacons de gel hydroalcoolique et autres thermomètres manquent déjà.
Un "effet coronavirus" modéré à Castries
Les rues sont desespérement vides. Philippe Viguier est désarçonné. Le gérant du tabac-presse de l'avenue de Montpellier "n'a jamais vu la ville aussi morte". Peu de Castriotes se sont déplacés. D'habitude, plus de 150 clients consomment. Ce jeudi, c'est moitié moins. "70 clients, pour un bonbon, c'est rien", regrette-t-il. "On tourne en rond, c'est pénible". Le gérant a rapidement senti la différence : il a mis deux fois moins de temps pour venir. "Tu vas t'embêter, Lulu !" lance t-il à son employée avant de partir déjeuner. Il n'exclut pas de fermer son commerce entre midi et deux.Jacques Pastor, lui, est parti manger plus sereinement. "Ca tombe presque au bon moment." Le fleuriste de 68 ans, plus vieux commerçant de Castries et également frère du maire sortant Gilbert Pastor, ne s'affole pas. Le mois de mars est toujours pour lui une période creuse. Un seul client ce jeudi matin, un de plus que la veille. "Le mercredi, c'est mon jour calme. Ca va être mercredi tous les jours !".
Retour à la brasserie. L'entreprise de Thierry Baguin et Véronique Devaux ne connaît pas la crise. Ils ont une nouvelle fois accueilli de nombreux clients à l'heure du déjeuner. "Une journée habituelle" pour le premier, heureux lorsqu'il doit s'attaquer à la vaisselle.
La plupart de commerçants s'attendent à serrer les dents jusqu'au 24 mars. Et craignent une chute de leur activité. Pour le couple, l'inquiétude attendra.