Coronavirus : ruée sur les cuisinistes à Montpellier depuis le déconfinement

Et si on refaisait la cuisine ? A Montpellier, nombre de couples ont eu la même envie. Depuis le 11 mai, jour de la fin du confinement en Occitanie, ils débarquent en rang serrés dans les magasins spécialisés. L'affluence aux portes du géant suédois, rouvert ce lundi, confirme la tendance.

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Haro sur les cuisines ! 

Depuis que le magasins spécialisés en la matière ont repris leur activité, les gens s'y précipitent : soit pour achever un chantier en cours retardé par la crise sanitaire, soit pour concrétiser un projet qui a eu le temps de mûrir pendant le confinement.

La foule aux portes du magasin Ikéa de Montpellier ce lundi 25 mai en atteste. Dès l'ouverture à 10h du matin, des centaines de personnes ont fait la queue pour y entrer.

Mais attention : impossible de pénétrer dans le temple du meuble en kit sans son masque. De plus, l'accès est sévèrement filtré à l'aide de rubalise, grillages, barrières et vigiles qui laissent entrer les clients au compte-goutte, au rythme des sorties.
 

"Combien de temps peut-on rester à l'intérieur ?" demande une dame dans la queue.
"Tout le temps que vous voulez, pour dépenser un maximum de sous !"  répond en plaisantant un employé à l'entrée du magasin d'Odysséum.

A l'intérieur, si on ne se marche pas dessus, il y a quand même du monde dans tous les secteurs : assis dans les fauteuils, allongés sur les lits, fourrageant dans les tiroirs des meubles, des clients masqués testent les produits.

Certains flânent, tandis que d'autres qui savent ce qu'ils veulent, marchent d'un bon pas vers leur but. 

Au rayon cuisine, difficile de décrocher un rendez vous avec un vendeur : tous les créneaux sont complets, comme l'annonce régulièrement une voix dans un haut parleur. 

Pour un rendez vous conception de cuisine, mieux vaut attendre quelques jours que ça se calme,

admet un employé un peu désolé.

Vers 13 heures, dehors, la file d'attente est toujours impressionnante malgré le soleil et la chaleur. 

Un succès imprévu

Les magasins concurrents spécialisés uniquement dans les cuisines eux, ont ouvert leur portes dès le 11 mai, date de la fin du confinement. 
Joanna Tur, employée chez Ixina à Saint-Jean-de-Védas, a assisté à une véritable ruée de la clientèle dès le premier jour, elle est sur le pont depuis deux semaines.
 

On ne s'attendait pas du tout à une affluence pareille ! Là, cela commence à peine à se calmer....


"Peut-être que les gens ont eu le temps de réfléchir pendant le confinement, de mûrir leur projet de nouvelle cuisine ou de prendre le temps de s'y pencher tout simplement. On ne sait pas pourquoi il y a un tel engouement en ce moment mais peut-être que lorsqu'on est confiné et qu'il faut faire à manger trois fois par jour, on commence à regarder sa cuisine différemment."
 

Un marché très porteur

Même son de cloche chez un autre spécialiste des cuisines montées en usines, chez So Cook près de Montpellier, dans l'un des plus importants magasins de France.

Samuel Gabriak, directeur du groupe à Lattes, avoue avoir sous-estimé l'ampleur du phénomène : 

On pensait que la reprise se ferait en douceur, résultat : on a dû vite rappeler des employés sensés rester en chômage partiel

"Depuis l'an passé, la cuisine est un marché très porteur car les taux d'emprunt sont bas et il y a beaucoup de crédits immobilier accessibles. Mais actuellement il y a une très forte demande, et si cela continue comme cela, nous allons faire le même chiffre d’affaires que l’an dernier 2019 mais avec 11 jours de travail en moins !"

Selon Samuel Gabriak, qui affirme que sa marque est leader sur le marché montpellièrain, il y a plusieurs explications à cette fièvre acheteuse. D'abord parce que certaines familles ont plus de budget à consacrer à leur cuisine :  "Les gens savent qu'ils pourront pas partir bien loin en vacances cet été, d'autres ont économisé pendant le confinement par crainte de manquer, de ce fait ils ont davantage de moyens." 

Et puis, il y aurait aussi un phénomène psychologique :

En cas de crise sanitaire ou autre, on a tendance à se replier sur son chez soi, là où on a envie d'être bien, les gens réinvestissent leur lieu de vie. 

Investir en cas de seconde vague

Pour le sociologue Bertrand Vidal de l'Université Paul Valéry à Montpellier, le confinement a changé certaines de nos habitudes : 

Pendant ces 50 jours de confinement, nous avons dû cuisiner à nouveau, retrouver les repas en famille ou entre colocataires qui sont nombreux à Montpellier. De ce fait, avoir une cuisine inadaptée ou vieillissante, cela peut faire réfléchir .


En clair, en cas de reconfinenement pour cause de seconde vague, on n'aurait pas envie de vivre la même galère derrière des fourneaux peu pratique. Les gens préfèreraient donc investir dans une cuisine neuve ou rénovée, au cas où... 

Si la peur peut dicter ce choix, il ne faut pas négliger non plus le besoin essentiel que nous ressentons à consommer explique ce maître de conférence: 
 

Je suis ce que je consomme


"Acheter quelque chose, me donne une image de moi -même; et ce qui vaut habituellement pour les vêtements a peut-être migré vers la cuisine, un lieu important qui donne une image de mon intérieur, de mon intimité".

Si la catastrophe économique liée au Covid va détuire des secteurs entiers, elle va en relancer d'autres, estime Bertrand Vidal.

" Les voyagistes sont en train de se préparer eux aussi à recevoir une ruée de clients quand les frontières vont rouvrir. Malheureusement, il ya peu de chance que l'on change nos habitudes pour le bien de la planête" déplore-t-il en guise de conclusion. 






































 
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