Un sapeur-pompier et le kinésithérapeute sont soupçonnés d'avoir contrefait 123 faux tests négatifs au Covid et pass sanitaires à Montpellier. Les deux hommes ont reconnu devant la justice avoir fabriqué ces faux documents, sans contrepartie financière, pour permettre à des amis aisés de voyager.
Le sapeur-pompier, âgé de 31 ans et le masseur kinésithérapeute, âgé de 43 ans, ont été traduits mercredi 15 décembre à Montpellier devant le tribunal correctionnel en comparution immédiate pour accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données, falsifications de documents administratifs et usage.
La veille, lors de leur garde à vue, le sapeur-pompier avait reconnu avoir utilisé les identifiants de connexion d’un ami kinésithérapeute -avec son consentement- afin de procurer des pass sanitaires à titre gratuit à des connaissances.
Il avait ainsi donné à ses deux parents des pass sanitaires afin de leur permettre d’assister au festival d’Avignon.
Le masseur kinésithérapeute, lui aussi placé en garde à vue mardi 14 décembre, a reconnu avoir communiqué ses identifiants de connexion au sapeur-pompier tout en soutenant qu’il pensait que des tests auto-tests avaient effectivement été réalisés.
Mais, selon Fabrice Bélargent, le procureur de la République de Montpellier, "les investigations réalisées par la suite ont permis d’établir une co-action de ces deux personnes et la fourniture à leur entourage d’une centaine de fausses attestations de tests négatifs réalisés par le kinésithérapeute et ayant permis de générer des pass sanitaires."
Faciliter les voyages de connaissances aisées
Les bénéficiaires des faux documents ont été identifiés : il s'agit de 35 personnes issues de leur entourage amical, des gens plutôt aisés qui ont bénéficié de ces faux tests, parfois à plusieurs reprises, pour partir à l'étranger.
"Ainsi, un ami du kinésithérapeute a bénéficié d’un faux test PCR négatif pour assister avec lui au Grand Prix de Formule 1 de Monaco. De nombreuses fausses attestations ont été générées en vue de départs en vacances ou de retour sur le territoire national." explique le procureur de la République de Montpellier.
Les faits remontent de novembre 2020 jusqu'en août 2021. L'enquête menée par le groupe cyber des gendarmes de la section de recherches de Montpellier a permis de débusquer un à un tous les contrevenants.
Tous ont déjà été convoqués devant la justice ces dernières semaines : ils ont été condamnés à des amendes allant de 600 € à 3000 €.
Selon l'enquête des gendarmes, aucune somme d'argent n'a été échangée contre ces faux tests. Mais ils étaient labellisés au nom de deux laboratoires qui ont porté plainte et se sont constitués partie civile.
Le professionnel de santé a reconnu avoir utilisé des faux tests PCR pour lui-même, sa compagne et une amie en novembre 2020 pour un voyage d’agrément au Brésil.
Fabrice Bélargent,procureur de la République à Montpellier
Interdiction d'exercer jusqu' au jugement
Leurs avocats ont demandé un délai pour préparer leur défense.
Délai accordé par la justice. En attendant leur procès fixé au 9 février prochain, ils ont été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer leurs fonctions.