Le premier ministre Edouard Philippe l’a dit : le 22 juin les projecteurs de cinéma vont s’allumer. Mais les exploitants des salles obscures n’y voient pas encore très clair. Ils attendent des consignes précises pour accueillir les spectateurs dans le respect de la distanciation.
Pour les multisalles, il faut démarrer sous peine d’étouffement économique.
Pour les cinémas plus petits, le problème est plus complexe.
Vite, faisons le point!
joints au téléphone, les 2 directeurs des CGR de Lattes (Montpellier - Hérault) et Nimes (Gard) sont à l’unisson.
Ils s’attendaient à une réouverture plus tardive dans la saison, début ou mi-juillet.« Les multiplexes seront prêts à diffuser », affirme Evrard Zaouche (CGR Nîmes), "mais il faut que les distributeurs aient dans leur hotte des films prometteurs."
Et apparemment, les tubes de l’été s’annoncent plutôt pour le mois de juillet.
Les sorties des blockbusters Américaines sont mondiales. Si un film ne sort pas aux Etats-Unis, pour cause de coronavirus, il ne sort pas en France!
Pour Frédéric Moya, directeur du MegaCastillet (Perpignan), "le problème n’est pas l’envie de rouvrir , mais la planification de la sortie des gros films, incertaine aujourd’hui."
Le multiplexe catalan s’appuie sur les comédies françaises comme « Tout simplement noir » annoncé le 8 juillet. Selon lui, l’ouverture des cinés aurait dû suivre le calendrier des sorties.
Le MegaCastillet s’attend donc à mois de juin calme, avec des salles exploitées à 30% pour respecter les distances.
Spectateurs masqués ?
Côté positif: si le public est moins nombreux, il sera plus facile de tester le protocole d’accueil.
Les exploitants des salles CGR, comme leurs confrères, attendent les protocoles qui leur diront comment recevoir du public.
La FNCF (Fédération Nationale des Cinémas Français), en liaison avec le Ministère de la culture, doit se prononcer en début de semaine.
Ce qui se dessine ?
- Des masques pour le personnel et les clients dans les parties communes.
- Un sens de circulation dans les salles si possible.
- Nettoyage supplémentaire entre les séances.
Popcorn en ligne
Pour Julien Maugard (CGR Lattes), "la confiserie engendre des recettes conséquentes, et la distanciation n’incite pas à la consommation sur place." D’où l’idée de pouvoir réserver ses friandises sur internet, en même temps que sa place de cinéma.
Les responsables des multiplexes sont tous d’accord: le gouvernement a choisi d’autoriser les cinémas à partir du lundi 22 juin, alors que le jour des sorties c’est le mercredi. Certaines salles rouvriront donc le 24 juin.
Priscilla Schneider dirige le Cinémistral à Frontignan, près de Sète. Une salle Art & essai, et jeune public. Elle s’estime heureuse de reprendre dans 3 semaines après 3 mois de perte sèche :L’important est d’ouvrir tous ensemble, c’est la condition sine qua non!
Une salle de ciné est belle quand elle est pleine à craquer.
Même si les mesures sanitaires pour l’accueil des spectateurs ne sont pas encore connues, Priscilla réfléchit à l’aménagement de sa salle:
Créer des espaces familles ? Des petits groupes de clients ensemble ? Difficile d’imaginer une vitre en Plexiglas au guichet, dans un cinéma où chaque spectateur se sent comme à la maison.
"Nous n’avons pas les mêmes problèmes que les grandes salles."
Rémi Hussenot est président de l’ACCILR, une association occitane qui regroupe 43 salles Art et Essai et des Cinémas itinérants. L’exploitant de salle réprouve une réouverture prématurée :
Un feu vert le 22 juin profite aux multiplexes qui ne pouvaient attendre davantage, à cause de leurs charges fixes élevées (loyers). Mais les petites salles ont besoin de temps pour reprendre, au moins un mois »
Pour Rémi Hussenot , être Art & Essai signifie communiquer sur des films intéressants mais qui sont moins faciles à « vendre » que les gros budgets américains. Un travail de longue haleine.
Le président de l’ACCILR prévoit un redémarrage progressif et un nombre de séances divisées par deux. Il s’interroge sur le personnel nécessaire pour répartir le public dans les petites salles, dont les jauges seront sérieusement réduites.
Enfin certains cinémas ne reprendront pas le 22 juin:
- les salles municipales dont des communes ont décidé de geler l’activité culturelle jusqu’à la rentrée.
- de nombreux cinémas itinérants eux aussi dépendants des collectivités territoriales.