Alors que les préfectures maritimes avaient autorisé la reprise de la navigation, un décret du 11 mai est venu doucher l'enthousiasme des plaisanciers, qui devront patienter encore un peu. En attendant, l'Héraultais Kito de Pavant planche sur un nouveau challenge de vitesse.
En fin de semaine dernière, tout paraissait limpide comme de l'eau claire : à l'instar des autres préfets maritimes, celui de Méditerranée, le vice-amiral d'escadre Laurent Isnard, affirmait à nos confrères de l'Indépendant que, dès le 11 mai, les navires pourraient aller jusqu'à 54 miles nautiques (soit 100 kilomètres), dans la limite de 10 passagers. Mais le 12 mai, un décret est venu doucher l'impatience des plaisanciers.
La navigation entre les mains des autorités terrestres
Il s'agit du décret n° 2020-548 du 11 mai 2020, publié le 12 et qui prescrit "les mesures générales nécessaires pour faire face à l'épidémie de Covid-19 dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire". Il y est précisé :
Les activités nautiques et de plaisance sont interdites. Le préfet de département peut toutefois, sur proposition du maire [...] autoriser l'accès aux plages, aux plans d'eau et aux lacs et les activités nautiques et de plaisance si sont mises en place les modalités et les contrôles de nature à garantir le respect des dispositions de l'article 1er et de l'article 7 [dudit décret, NDLR].
En clair, la possibilité de sortir du port dépendra du choix de chaque maire, qui doit en faire la demande auprès de la préfecture terrestre. De quoi désorienter les navigateurs, qui ne savent plus très bien s'ils ont le droit ou pas de prendre la mer.
Une question de jours ?
De l'Atlantique à la Méditerranée, ce revirement a suscité l'incompréhension. Une inquiétude que ne comprend pas Serge Pallarès, le directeur du port de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) et président de la Fédération Française des Ports de Plaisance. Agacé, il martèle qu'il n'y a pas de polémique :
Le plaisancier confond la mer (qui est du ressort du préfet maritime) et le port (qui est du ressort du maire) : si le port est autorisé à ouvrir, les plaisanciers peuvent sortir. Nous avons reçu des assurances dans ce sens. C'est une question de jours, voir d'heures. La quarantaine de ports d'Occitanie a demandé une telle réouverture. A Saint-Cyprien et Port Camargue, par exemple, les dossiers ont été déposés ce matin. On espère une réponse dans la soirée, au plus tard en fin de semaine pour tout le monde.
Une charte et des contrôles
Selon Serge Pallarès, une dizaine de ports seraient déjà ouverts dans notre région. Une chose est sûre : tous devront respecter la charte des bonnes pratiques pour les professionnels et les usagers élaborée par la Fédération Française des Ports de Plaisance et validée par le secrétariat d'Etat à la Mer :
C'est sûr, il y a un laps de temps pour effectuer les formalités administratives et mettre les zones techniques et portuaires en sécurité. Ensuite, il faudra respecter les consignes. Par exemple, seulement 10 personnes seront autorisées en même temps sur les pontons.
COVID-19 : le guide des bonnes pratiques pour les usagers des ports de plaisance
Après, il prévient : il y aura des contrôles.
COVID-19 : le guide des bonnes pratiques pour les professionnels des ports de plaisance
La course au large... en rade
En attendant l'Héraultais Kito de Pavant ronge son frein. Autorisé ce mardi à une sortie technique (car étant professionnel) pour tester le nouveau mât de son Class 40 "Made In Midi", il ne peut guère faire plus pour l'heure.
Les deux transats auxquelles il devait participer ce printemps ont été annulées. Il espère pouvoir intégrer quelques courses en Méditerranée cet été, à condition qu'elles soient ouvertes aux bateaux faits pour la course au large, ce qui n'est pas dans leur tradition.
Kito de Pavant sort ses "Griffes du Lion"
Alors il planche sur un nouveau défi de vitesse pour pallier l'absence actuelle de course au large et satisfaire l'appétit de compétition de la profession. Ausitôt éventé, le projet des "Griffes du Lion" a déjà reçu plus de 30 propositions de participation à ce jour.
Relancer la compétition dès que possible
Ce challenge réservé aux professionnels de tous les sports de voile, du kitesurf aux maxi-trimarans, avec ou sans
foil, en solo ou en équipage, vise à établir des records de vitesse sur 4 parcours en Méditerranée, au large des côtes d'Occitanie, comme l'explique Kito de Pavant :
Cette année, nous allons inviter certains coureurs, parmi les plus représentatifs, pour établir des temps de référence sur chaque parcours. Mais notre ambition est de monter en puissance chaque année, et d’ouvrir les parcours au plus grand nombre.
Mais pour l'instant, compte tenu de l'obligation de respecter la bande des 100 kilomètres, un seul est réalisable : une boucle de 22 milles entre la pointe de l'Espiguette au Grau-du-Roi (Gard) et celle de Beauduc, sur la commune d'Arles (Bouches-du-Rhône). Encore faudra-t-il attendre une fenêtre météo.
Les activités nautiques toujours dans l'attente
Pour les activités nautiques, l'horizon est incertain : elles sont soumises à un plan de reprise qui doit être validé par le préfet. Pour ce qui est du kite surf, la pratique est à nouveau autorisée depuis le 11 mai, uniquement au-delà de la bande côtière des 300 mètres.
Une pratique qui nécessite d'embarquer matériel et pratiquants jusqu'au large, pour une séance en pleine mer qui ne s'adresse, de fait, qu'aux riders confirmés. L'école Axel'Air, dans l'Hérault, qui navigue généralement sur les plans d'eau héraultais de Villeneuve-lès-Maguelone, La Grande-Motte, Mauguio-Carnon et sur celui du Grau-du-Roi (Gard) a donc préféré attendre la réouverture des plages.
Espace restreint pour le kite surf à Villeneuve-lès-Maguelone
Stéphane Breton, son responsable, table sur une reprise des cours samedi 16 mai, ou plus sûrement lundi 18 mai (fenêtre météo oblige), mais sur un seul site :
Pour l'instant, la seule décision de réouverture confirmée concerne la zone de pratique située sur la commune de Villeneuve-lès-Maguelone, entre la zone du Prévôt et la plage du Pilou. Là se trouvent les seuls accès aménagés et surveillés à la plage dans le cadre du déconfinement. Ils seront les mêmes pour tous, ce qui est un peu contraire à nos usages de kiter surfers, car nous avons besoin d'espaces vastes et libres avec peu de passage, mais on fera avec.
Pour le reste, les écoles et les clubs de sports de glisse seront soumis aux mêmes règles que les autres activités : maintien de la distanciation, masques, gel hydro alcoolique et désinfection du matériel.
Limitation du nombre de personnes
La limitation du nombre de personnes n'est pas une contrainte, en tout cas pas chez Axel'Air où la norme standard est d'un moniteur pour 4 élèves, soit en-dessous des 10 personnes maximum imposées pour la prévention du COVID-19. Patience donc, les autorisations devraient là aussi arriver d'ici quelques jours.