C'est une démonstration peu courante : un planeur tout électrique, qui dispose de 2h30 d'autonomie, a volé au-dessus de l'Hérault. Le prototype de l'avion allemand Elektra Trainer vient d'être présenté près de Montpellier. Objectif : verdir l'aéronautique.
C'est l'un des secteurs d'activité les plus critiqués pour son impact environnemental, mais peut-être plus pour longtemps : l'aéronautique aussi se met à l'électrique car les constructeurs rivalisent d'ingéniosité pour réussir à leur tour une transition écologique.
Il y a des patinettes électriques, des motos électriques et maintenant des avions électriques.
Alain Denis - pilote de planeur
À l'aérodrome de Candillargues, près de Montpellier, un prototype très avant-gardiste était en démonstration : l'Elektra Trainer, un planeur tout électrique, qui dispose de deux heures et demie d'autonomie.
Un des premiers avions électriques
"La plupart des avions électriques avaient une autonomie de quarante minutes à une heure et donc là on a une belle autonomie avec une belle voilure qui permet de voler assez loin", explique Alain Denis, un pilote de planeur.
Discover Elektra Solar's latest innovation at #ILA24: Elektra Trainer—a certified electric aircraft with over 2.5 hours of flight time—and Elektra One, including a new rail system for automatic landing of airplanes. Don't miss it! ✈️@bdlipresse @MesseBerlin #PioneeringAerospace pic.twitter.com/mvVftbe93p
— ILA Berlin - Pioneering Aerospace (@ILA_Berlin) May 21, 2024
Ce motoplaneur électrique est donc un "des premiers avions électriques". Un modèle allemand qui devrait être homologué "pour un usage sur le territoire français d'ici l'année prochaine", détaille le pilote. Il pourra être piloté par les détenteurs de licences ULM, avec tout de même une formation spécifique.
Passage au vert laborieux
En France notamment, le secteur de l'aéronautique a du mal à s'adapter aux questions écologiques et les réglementations contraignantes n'y sont pas pour rien.
"Il faut savoir qu'un avion, normalement on le pèse à vide, alors qu'un avion électrique on le pèse avec ses batteries donc forcément c'est beaucoup plus lourd. C'est ce qui fait que la réglementation devra évoluer pour pouvoir voler en électrique demain", conclut Alain Denis.
200 000 euros
Seule ombre au tableau pour l'instant, le prix : 200 000 euros. Soit près du double de son équivalent thermique. "On n'en est qu'au début des avions électriques comme les premières Tesla qui étaient beaucoup plus chères que maintenant donc on peut espérer que le prix descende", rassure le pilote d'ULM et de planeur Alain Denis.
Mais pour que les prix baissent, il faut des commandes, alors l'entreprise allemande Elektra Solar a envoyé son pilote d'essai réaliser des démonstrations dans les aéroclubs.
This is how the cockpit of the Elektra Trainer looks like #EFlightChallenge2023 pic.twitter.com/GpVqQLte6J
— AeroTime (@AviationNews) August 28, 2023
Similitudes avec la voiture électrique
"Quand on met les gaz, la puissance arrive de manière très soudaine, comme dans une voiture électrique", raconte Uwe Nortmann, le pilote d'essai pour Elektra Solar.
Il faut quand même surveiller sa gestion des gaz parce qu'on a qu'une certaine quantité de kilowatts dans les batteries, comme pour un réservoir d'essence donc il faut gérer ça. Quand les batteries sont vides : il faut atterir !
Uwe Nortmann - pilote d'essai pour Elektra Solar
Après son vol d'essai, un des passagers, amateur d'aéronautique, fait remarquer un autre aspect du moteur électrique. "C'est très agréable, plus silencieux qu'un avion bien sûr, on peut même se passer du casque, l'atterrissage est un peu vif mais c'est bien", se réjouit Philippe.
Des avions moins polluants mais aussi moins bruyants, de quoi améliorer les relations de voisinage des aéroclubs.
Écrit avec Tristan Vyncke et Nicolas Chatail.