Doctorants et universitaires s'inquiètent d'une arrivée au pouvoir du Rassemblement national, Montpellier se mobilise

France universités a publié un communiqué lundi qui s'émeut de la possible arrivée au gouvernement du Rassemblement national. Le vice-président est même allé plus loin, en défendant l'importance des étudiants étrangers dans les universités. Que prévoit réellement le programme du RN ? On fait le point.

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Les bancs des universités tremblent, et ses administrations aussi. Après le résultat du premier tour des élections législatives, qui place le Rassemblement national au rang de favori pour accéder à Matignon, les universités de France ont publié un communiqué, lundi 1er juillet 2024.

Les dirigeants exécutifs des universités et grandes écoles françaises s'inquiètent d'une menace "immédiate, réelle et inédite". Selon les auteurs du communiqué : "La politique portée par le Rassemblement national met en danger notre enseignement supérieur et la chance qu’il offre à toute la jeunesse, quels que soient son parcours, ses origines et son milieu social. Elle compromet l’accueil d’étudiants étrangers parmi lesquels certains deviendront doctorants et participeront, demain, au rayonnement de la science française dans le monde."

Montpellier emboîte le pas

À l'Université de Montpellier, c'est François Pierrot, vice-président de l'Université de Montpellier en charge des relations internationales, qui est monté au créneau. Il a livré une interview au journal La Tribune mercredi 3 juillet. Ses propos vont dans le même sens que France universités : "Quelle que soit leur nationalité, ceux qui viennent faire une thèse en France produisent de la recherche et donc apportent de la connaissance, de l'intelligence, de la force de travail. S'ils n’étaient pas là, ce serait autant de résultats et de brevets en moins !", défend François Pierrot, qui est également directeur de recherche CNRS.

S'ils n’étaient pas là, ce serait autant de résultats et de brevets en moins

François Pierrot, vice-président de l'Université de Montpellier

À Montpellier, 6 500 étudiants n'ont pas la nationalité française. Et sur les 2 100 doctorants, 40 % sont étrangers, les deux tiers venant de pays africains. L'université compte également des enseignants-chercheurs étrangers ou binationaux.

Dans l'interview, François Pierrot ajoute : "C'est une chance car on manque de compétences dans certains secteurs ou profils. Ainsi, la France forme 45.000 ingénieurs et il en manque 20 000... Et concernant ceux qui retournent ensuite dans leur pays d'origine ou qui vont dans un autre pays, ils emportent un morceau de la France, des connexions, des contacts et ça en fait des ambassadeurs de la France, de l'université française, des produits et des modes de vie français."

Le président de l'université de Montpellier, Philippe Augé, s'est lui aussi associé au communiqué de France universités dans un message sur X (ex-Twitter).

Que prévoit le RN pour les étudiants étrangers ?

Dans son programme disponible sur son site, le Rassemblement national - outre leurs mesures sur l'immigration qui impacteraient la vie quotidienne des Non-Européens - ne détaille pas ses propositions pour l'enseignement supérieur. 

Une interview livrée au magazine Challenge par le monsieur Éducation du Rassemblement national, Roger Chudeau (ancien conseiller de François Fillon), révèle en revanche plusieurs mesures concernant les étudiants étrangers. Les voici : 

  • Mise en place de la préférence nationale pour l'octroi de logements étudiants.
  • Mise en place d'une caution étudiante pouvant aller de 10 000 à 15 000 euros.
  • Attribution de visas étudiants uniquement pour les ressortissants de pays qui respectent les OQTF.
  • Éventuelle mise en place de quotas d'étudiants étrangers dans les grandes écoles.

La Loi immigration, première crispation

Rappelons tout de même que la mise en place d'une caution pour les extras européens figurait dans la loi immigration portée par le gouvernement au mois de décembre, mais la mesure avait été retoquée par le Conseil constitutionnel. Par ailleurs, les étudiants extra-européens sont déjà censés payer des frais d'inscriptions 16 fois plus élevés que les étudiants français et européens.

La dernière loi immigration avait d'ailleurs provoqué un vent d'opposition dans les facultés françaises, surtout à Montpellier, où syndicats, direction et doctorants de Droit s'étaient offusqués, déjà via des communiqués.

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