Loi immigration : des syndicats aux doctorants, l'inquiétude et la colère traversent les bancs de l'Université de Montpellier

La loi immigration fait face à une farouche opposition de l'université de Montpellier. Son président Philippe Augé signait la semaine dernière un communiqué faisant part de l'inquiétude des présidents d'université. Le principal syndicat étudiant montpelliérain et les doctorants en droit et sciences politiques lui ont emboîté le pas cette semaine.

Vent debout ! On ne définirait pas mieux la position du Scum (Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier), premier syndicat étudiant de la ville, face à la loi immigration, votée au parlement le 19 décembre dernier. Dans un communiqué publié dimanche 24 décembre, le syndicat appelle à lutter contre cette loi. 

Pour rappel, le texte a été largement modifié en commission mixte paritaire. Il contient dans sa version finale un durcissement d'accès aux universités pour les étudiants étrangers, puisque leur titre de séjour est désormais conditionné à une caution (les contours de cette disposition n'ayant pas encore été décidés).

"Un scandale"

Fabien Bon, représentant au Scum, ne mâche pas ses mots. Au-delà du "scandale", l'étudiant dénonce "une véritable discrimination sur la seule base de la nationalité."

Fabien Bon compare la caution demandée à du "chantage". "Quel que soit son montant, elle aura déjà un aspect dissuasif injuste pour les étudiants étrangers. Et pour ceux qui la paieraient, ce serait une forme de prise d'otage car l'étudiant récupérerait le montant à la fin du cursus, donc 3 à 5 ans."

Étudiants davantage précarisés

La loi stipule également que toutes personnes n'ayant pas des papiers en règle s'opposeraient à une contravention de 3750 euros et un an d'emprisonnement. "Un gros risque supplémentaire" pour les étudiants qui n'ont pas encore leur titre de séjour, selon l'étudiant du Scum.

La préfecture stipule pourtant qu'une attestation est délivrée après chaque demande de titre de séjour, valant droit pour le bénéficiaire en attente d'un titre. "Ces attestations ne sont pas tout le temps délivrées, les délais de la préfecture sont beaucoup trop longs" argue pourtant Fabien Bon.

Un gros risque supplémentaire

Fabien Bon, étudiant du Scum

Une autre disposition, pourrait, avec la loi, être lourdes de conséquences pour les étudiants étrangers : il s'agit des droits d’inscription différenciés. Depuis un décret ministériel 2018, les frais d'inscriptions pour les étudiants étrangers extracommunautaire sont de 2770 euros pour une inscription en licence et 3770 pour un master, soit 16 fois plus élevés que pour un étudiant français. Cependant, les universités pouvaient légalement contourner le décret et ne pas appliquer ces frais propres aux étudiants extra-européens. Ce ne sera désormais plus possible avec la loi immigration.

Une mesure dont se sont émus 62 présidents d'écoles et d'universités dans un communiqué publié mercredi 20 décembre dernier. Philippe Augé, président de l'université de Montpellier et Anne Fraïsse, présidente de l'université Paul Valery font partie des signataires. Les deux universités comptent respectivement 16 % et 21 % d'étudiants étrangers.

Inquiétude chez les doctorants

La colère face à la loi immigration s'est fait entendre jusqu'entre les murs de la faculté de droit, où les doctorants en droit public et sciences politiques ont, eux aussi, publié un communiqué. Chez les thésards de l'université, ce sont 40 % d'étudiants étrangers qui remplissent les effectifs dans les facultés françaises.

"Le statut de doctorant est déjà précaire pour tout le monde, il le sera désormais encore plus pour les étrangers avec cette loi", confie un doctorant en droit public : "Le risque là est tout simplement de compromettre la recherche et les laboratoires français."

Et l'étudiant de finir : "Que l'État foute la paix aux doctorants."

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