60% des jeunes ruraux et 49% des jeunes des quartiers populaires n'envisagent pas d'études supérieures, selon une étude qui souligne que l'égalité des chances en orientation est déterminée par l'environnement social et territorial. Au Vigan, dans le Gard, la solution du campus connecté convainc.
"Sans le campus, je n’aurais pas pu faire ce BTS. En distanciel, c’est beaucoup trop dur. Et je n’aurais peut-être pas continué mes études." Tiphanie Monna travaille comme assistance sociale pour une association. Grâce à un campus connecté, l'un des treize que compte la région Occitanie, la jeune femme a passé son BTS dans sa ville, Le Vigan, une commune située au cœur du parc national des Cévennes, accueille ce lieu d'apprentissage depuis 2019.
Économies
Manon Chalvidan dresse un constat similaire, notamment pour des raisons économiques. "Ça me permet de rester chez mes parents, donc ça m'évite de payer un loyer. Et c'est un plus parce qu'on a des tuteurs qui peuvent nous aider."
Deux tuteurs encadrent les étudiants issus pour beaucoup de la ruralité. C'est le cas de Rachid Mdaam. "Mon rôle ici, c'est d'accompagner Manon dans ses études, essayer de faire un point avec elle sur comment elle va s'organiser, voir là où elle a du retard, là où elle a des difficultés."
Le campus connecté entre dans sa cinquième année. Les formations en lien avec des universités - et en particulier celle de Nîmes - sont toujours aussi nombreuses. Qualité de l'écoute, travail en petits groupes et suivi des études sont déterminants pour ces étudiants.
Égalité des chances
Dans une récente enquête nationale, six associations démontrent que 60 % des jeunes ruraux et 49 % des jeunes des quartiers populaires n'envisagent pas d'études supérieures. Celle-ci révèle que l'égalité des chances en orientation est déterminée par l'environnement social et territorial.
Pour Morgane Carre-Falcoz, animatrice du réseau régional 100 000 entrepreneurs en Occitanie, souligne les discours paralysants : "On entend encore des choses en 2024 comme 'c'est pas fait pour moi', 'je n'y ai pas le droit', 'c'est un métier d'homme' et cætera."
Estelle Hernandez est venue s'installer dans les Cévennes pour poursuivre son master d'anthropologie sur les identités régionales. Le campus connecté correspondait aux attentes de cette mère de deux enfants. "Je ne pouvais pas cumuler ça avec des cours en présentiel."
Ruralité et avenir
Avec une démographie en berne et vieillissante, Le Vigan et ses 3700 habitants voient l'arrivée de ces étudiants comme un atout. Et ce n'est pas Madame le maire qui s'en plaindra. "Ça fait des jeunes qui s'installent sur le territoire et qui consomment forcément, confie Sylvie Arnal. Ça fait du bien à l'économie, mais pas seulement à l'économie. Ça fait du bien à l'image de la ville."
À la rentrée prochaine, un immeuble du Vigan accueillera une école d'infirmière et une licence de l'environnement. Campus connecté ou quand l'État, l'Europe et les collectivités territoriales investissent pour le bien des territoires.