Une application made in Montpellier pour faciliter l'emploi dans le secteur de l'hôtellerie-restauration : c'est le pari relevé par deux jeunes restaurateurs, Jason Sabat, 24 ans et Sarah Khelil, 30 ans. Une innovation bienvenue à l'heure où le secteur recherche de la main d'œuvre.
Le soleil s'installe, les vacances estivales approchent, les paillottes commencent à prendre place sur le littoral héraultais... mais une chose manque à l'appel : les saisonniers.
Certains établissements peinent à recruter du personnel supplémentaire pour la saison. "C'est un secteur où les conditions horaires et de salaires n’attirent pas les jeunes" constate Sarah Khelil, ancienne barmaid. Alors avec son associé, Jason Sabat, ils ont décidé de créer une application pour attirer dans le secteur.
"Le but est de rendre la liberté dans ce secteur"
L'application fonctionne comme une plateforme de mise en relation entre les entreprises et les "jobbers", les personnes en recherche de travail. Mais ici, pas de contrat fixe. "Les gens ne veulent plus être liés contractuellement à un établissement. Avec l'application, ils peuvent décider de leur planning : 70 heures par semaine ou 15 heures. Ils peuvent choisir leur temps de travail, le but est de rendre la liberté dans ce secteur" explique Jason Sabat.
Un secteur où les profils sont très variés. Avec l'utilisation de l'application, ils le seront davantage et tout le monde pourrait y trouver son compte.
Il y a les salariés qui cherchent à arrondir leur fin de mois, l'étudiant qui veut faire des extras ou une personne dans le domaine de la restauration qui veut être indépendante et décider librement dans les établissements où elle voudra travailler, avec des missions plus ponctuelles
Sarah Khelil, co-fondatrice Prums
Vers une précarisation du secteur ?
De nombreuses plateformes se développent, et souvent avec elles la précarisation des secteurs d'emplois. Or ici, ce serait tout le contraire. "On ne nourrit pas la précarité, on espère plutôt apporter une solution à cette précarité" explique Sarah Khelil.
L'idée d'apporter cette solution est partie du confinement : "Pendant le confinement, on a eu du chômage forcé, indexé sur les revenus qu'on déclarait. Or ce secteur fonctionne, ce n'est pas un secret de polichinelle, beaucoup au black : 30 % sur le personnel d'un établissement. Alors nos chômages étaient extrêmement bas."
Coup de pouce pour les saisonniers
L'application permet aussi d'apporter un cadre plus légal et déclaré à toutes sortes de missions. Ils proposent une gestion administrative centralisée et plus accessible pour un secteur en manque de main-d'oeuvre à l'approche de l'été.
Des emplois, tout le monde en cherche, tout le temps et encore plus en activité saisonnière. C'est compliqué de trouver du personnel qualifié, du personnel tout court même. Alors ces initiatives sont des bonnes choses, dès qu'on fait quelque chose pour l'emploi c'est bénéfique.
Brice Ducos, président UMIH 34
Jason Sabat, co-fondateur de l'application confirme que le secteur est en tension, surtout en période estivale : "Le secteur de la restauration est en souffrance. On est dans une région très touristique avec beaucoup de demandes et pas beaucoup de personnel. L'appli permet de partager le travail : il est possible de faire plusieurs établissements par mois et de choisir."
De restaurateur à auto-entrepreneur
Autre particularité de l'application : faire des salariés des auto-entrepreneurs. En rejoignant le concept, ils deviennent indépendants. Un statut à apprivoiser mais qui permet aussi de côtiser pour les retraites, l'assurance maladie et avec lequel le salaire est encadré.
On a fixé une rémunération supérieure de 40 % par rapport au secteur avec un revenu plancher par poste. Par exemple, pour un jeune de 18 ans, sans aucune expérience, le salaire est de 13 euros de l'heure. Après les cotisations, on passe à 10,20 euros. C'est toujours plus que le SMIC à 8 euros actuellement.
Jason Sabat, co-fondateur Prums
Pour tenter de se lancer dans cette conception de l'hotellerie-restauration 2.0 dans l'Hérault, l'application sera lancée fin avril 2023. Les deux entrepreneurs ont mis un an à monter leur projet qu'ils espérent bientôt étendre à d'autres villes de France.