Pour sauver le Montpellier Hérault Rugby suite à sa dégringolade au fond du Top 14, le président du club a annoncé la nomination de Bernard Laporte au poste de directeur. Une partie du staff a également été bouleversée par la soudaine arrivée de Laporte, qui mouille avec Mohed Altrad dans une affaire de corruption depuis 2017.
Vous aviez dit après le match face à Clermont le 11 novembre dernier, qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter d'un changement de staff, que vous faisiez confiance à l'équipe en place... Est-ce qu'à l'époque vous étiez déjà en train de discuter avec Monsieur Laporte ?
Mohed Altrad : Mon comportement a toujours été de dire "attendons". C'est vrai qu'à Clermont, il y a eu quatre matchs, dont deux perdus à domicile, mais c'est déjà arrivé par le passé. Il y a toujours des hauts et des bas, on a préféré garder des gens à qui on faisait confiance... Il faut laisser le temps aux hommes de s'exprimer.
Qu'est-ce qui a changé dans votre esprit au cours des deux dernières semaines ?
M.A. : Ce qui a changé ? J'ai découvert des choses inacceptables. À savoir qu'un coach n'avait pas eu le comportement approprié avec des joueurs. Or, lorsqu'un lien est cassé entre entraîneur et joueur, c'est fini. Quand l'entraîneur leur parle dans les vestiaires, ils ne répondent pas, ils ne le regardent même pas... C'est un signal très fort. J'ai découvert ça samedi dernier dans la matinée et j'ai décidé de sanctionner ce comportement.
Lorsqu'un lien est cassé entre entraîneur et joueur, c'est fini. Quand l'entraîneur leur parle dans les vestiaires, ils ne répondent pas, ils ne le regardent même pas... C'est un signal très fort.
Mohed Altrad, président du MHR
Pourquoi avoir tourné votre choix vers Bernard Laporte ?
M.A. : Il a fallu immédiatement trouver un remplaçant compétent, puisqu'on a un match à préparer pour samedi prochain. Je n'ai trouvé que Bernard Laporte de disponible... Mais un remplaçant disponible avec l'un des palmarès les plus prestigieux de France ! C'est un ancien champion de France, qui a aussi été un grand entraîneur : il a mené l'équipe nationale jusqu'en finale de la Coupe du monde et il a gagné trois fois la Coupe d'Europe d'affilée avec Toulon. Incontestablement, c'est l'homme qu'il fallait, on a eu beaucoup de chance, il est arrivé au bon moment.
🚨 Communiqué Officiel
— Montpellier Rugby (@MHR_officiel) November 19, 2023
Le Montpellier Hérault Rugby annonce l’arrivée de Bernard Laporte en tant que Directeur du Rugby.
Et il n'arrive pas tout seul.
M.A. : Oui, il arrive avec Patrice Colazzo qui va devenir coach principal, avec Etcheto qui va entraîner les arrières, avec Christian Labit qui va entraîner le contact, et avec Battut qui entraînera la touche.
Vous faites table rase en quelque sorte ?
M.A. : Pas vraiment, sur dix membres du staff, il n'y en a que deux qui partent. Il s'agit surtout d'un renforcement.
Certains confrères parlent d'un contrat vedette. Bernard Laporte touche-t-il un salaire plus important que la norme, ou perçoit-il le salaire que toucherait n'importe quel directeur sportif ?
M.A. : C'est une fausse affirmation, il a un contrat tout à fait classique.
Et quid de l'ancien directeur du rugby, Philippe Saint-André ?
M.A. : Philippe a pris ses distances. Il est toujours dans le club, mais il nous aide dans des fonctions régaliennes, en trouvant des partenaires, des sponsors ou en faisant des interventions dans le groupe Altrad. Il sera par exemple présent à chaque match pendant le Tournoi des Six Nations pour recevoir les clients et les partenaires.
"Il n'y a pas de problème d'un point de vue légal puisque l'on a fait appel de la condamnation et qu'un casier judiciaire reste vierge jusqu'au verdict."
Mohed Altrad
Pour revenir sur la nomination de Monsieur Laporte au poste de directeur, il n'y a aucun doute sur son palmarès, mais il y a quand même une affaire qui vous lie depuis quelques mois. D'un point de vue juridique, est-ce que sa venue pose un problème ?
M.A. : On a fait tout ce qu'il fallait faire de notre côté, dans un contexte d'urgence du club. Qui plus est, il n'y a pas de problème d'un point de vue légal puisque l'on a fait appel de la condamnation et qu'un casier judiciaire reste vierge jusqu'au verdict. Au niveau de l'exercice d'une profession, nos avocats ont affirmé que rien n'interdit d'avoir un travail le temps de l'appel. Du côté moral, nous nous sommes prémunis en sollicitant la Haute autorité de la transparence de la vie publique vendredi dernier. Nous attendons leur réponse.