Sophia Ayache a contracté le Covid-19 au premier tour des municipales et l'a transmis à son père qui en est mort. Aujourd'hui, l'ex-élue porte plainte contre 3 ministres pour les dysfonctionnements dans la gestion de la crise sanitaire et crée un collectif des victimes à Montpellier.
Elle explique sa démarche dans une longue vidéo postée sur Youtube. Sophia Ayache, ancienne conseillère municipale de Philippe Saurel, porte plainte contre Olivier Véran, Agnès Buzin et Edouard Philippe. Elle les accuse de gestion calamiteuse de la crise sanitaire et de mensonges et les poursuit pour omission de porter secours à personne en danger et homicide involontaire. Sophia Ayache a perdu son père dans la pandémie. Elle crée un collectif montpelliérain qui regroupe déjà une centaine de personnes pour que les victimes du Covid-19 obtiennent aide et réparations.
Une expérience personnelle traumatisante
Trois jours après avoir présidé un bureau de vote à Montpellier pour le premier tour des Municipales, la jeune femme est diagnostiquée Covid-19, sans certitude faute de test. Son médecin lui prescrit des masques que la pharmacie refuse de lui délivrer. Ses parents, qui séjournaient chez elle suite à une intervention médicale, sont à leur tour contaminés. D'abord sa mère, qui après un refus de prise en charge du SAMU malgré une hypoxémie bien visible à ses mains et pieds bleus, est sauvée par le protocole Raoult en soins intensifs. Mais son père, atteint lui-aussi et souffrant d'une fragilité cardiaque, décède après hospitalisation, le 4 avril 2020.Des questions sans réponses
Aux premières loges avec sa triste expérience familiale pour mesurer les dysfonctionnements et les ordres et contre-ordres du gouvernement, Sophia Ayache se pose tout un tas de questions et estime aujourd'hui que seule une enquête judiciaire pourrait y répondre:- Pourquoi Agnès Buzin s'est-elle abstenue d'alerter plus tôt sur le manque de préparation de la France face à la pandémie imminente?
- Pourquoi la France a-t-elle mis si longtemps à disposer de tests et de masques, y compris pour les soignants?
- Pourquoi du Rivotril a-t-il été préscrit à des personnes âgées en Ehpad sur simple suspicion de Covid-19?
- Pourquoi le premier tour des Municipales a-t-il été maintenu?
- Pourquoi le traitement Raoult a-t-il été "étouffé"?
- Pourquoi le nombre de morts à domicile est-il resté opaque et quelle était la consigne pour l'hospitalisation des personnes âgées?
Dans sa vidéo, l'ancienne élue montpelliéraine ne mâche pas ses mots. Elle souhaite que l'enquête identifie clairement les responsabilités pénales des membres du gouvernement et "que la vérité soit révélée au grand jour" car elle estime la gestion de la crise "calamiteuse" et insiste sur les annonces mensongères, notamment sur le port du masque que l'ARS a mis fort longtemps à préconiser, conseillant juste aux Français de tousser dans leur coude.
Appel à se mobiliser... sans révolution sanglante
Au-delà de son dépôt de plainte personnelle auprès de Maître Di Vizio, l'avocat qui défend la plupart des actions en justice intentées par les collectifs médicaux depuis le début de la crise du Covid-19 (c'est aussi lui qui a agit récemment auprès du Conseil d'Etat pour le port du masque en milieu public fermé), Sophia Ayache appelle les Montpelliérains qui s'estiment victimes de cette gestion du coronavirus, avec des préjudices personnels ou professionnels, à la rejoindre dans le collectif Association.covid19montpellier@yahoo.com qu'elle crée à l'occasion.Pour elle, il est nécessaire de se regrouper pour peser sur la justice. L' ancienne élue précise qu'elle n'appelle pas à "une révolution sanglante" mais estime sa démarche "saine, légitime et modérée".
Son but affiché : Ne plus revivre cela et ne plus être otage de tels dysfonctionnements. Que les leçons de la crise sanitaire soient tirées afin de préparer l'avenir.
Une centaine de personnes déjà en contact avec le collectif
Sur les cent Montpelliérains qui se sont déjà rapprochés du collectif, certains sont simplement motivés par le désir de connaître la vérité, mais une quinzaine de victimes se sont manifestées et au-delà d'une possible nouvelle plainte, c'est toute une aide que souhaite mettre en place Sophia Ayache.
" Les symptômes post-covid et confinement sont redoutables" explique la jeune femme. "Une dizaine de psychologues sont à mes côtés pour aider les victimes à lutter contre l'angoisse et le repli social."
Sophia Ayache, qui est elle-même psychologue du travail, se dit très inquiète car elle côtoie les hôpitaux et le mal-être des soignants depuis le début de la crise. "Si la deuxième vague arrive, pour l'affronter il faut que la dimension humaine soit davantage prise en compte sinon ce sera une catastrophe" conclut la jeune femme.
Pour bénéficier de cette aide psychologique à l' Association.covid19montpellier@yahoo.com, le numéro de téléphone : 06 13 92 49 84
La cour de justice de la République seule habilitée à juger les membres du gouvernement
Début juillet, le procureur général auprès de la cour de Cassation François Molins a annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire de la Cour de justice de la République sur la gestion de la crise du Covid-19 contre ces trois ex-ministres Édouard Philippe, Olivier Véran et Agnès Buzyn.La commission des requêtes, composée de hauts magistrats, a en effet déjà jugé recevables neuf plaintes contre ces anciens membres du gouvernement sur les 86 déposées mi-juin. La plainte montpeliéraine qui vient d'être déposée sera examinée d'ici un mois par la commission des requêtes qui jugera si elle est recevable ou non.
C’est avant tout l'ancien Premier ministre, Édouard Philippe, qui est sur la sellette, puisqu’une cinquantaine de plaintes sur les 86 le visent. Viennent ensuite l'ancien ministre de la Santé, Olivier Véran, qui est visé par une trentaine de plaintes et Agnès Buzyn, qui a quitté le gouvernement au début de la crise pour se lancer dans la campagne des municipales à Paris, est également visée par une trentaine de plaintes. Les plaignants sont dans une très grosse majorité de particuliers, ainsi qu'un collectif de médecins et des syndicats.
Le chef de l'État, Emmanuel Macron, est lui irresponsable pénalement des actes réalisés dans l'exercice de ses fonctions.
"Les qualifications pénales tournent autour des infractions d'homicide et de blessures involontaires, des infractions de mise en danger de la vie d'autrui ou du fait de ne pas avoir pris de mesures adéquates" a précisé François Molins dès la mi-juin.