Une coupe de France et un titre de champion de France en 50 ans. Mais que de chemin parcouru ! Grâce à un homme : Louis Nicollin. Avec sa verve sans pareil, ses coups de gueule mais une générosité reconnue par tous, "Loulou" ne laissait jamais indifférent. Jean-Marie Lanoë, ancien journaliste à L'Equipe et France Football lui consacre un livre.
"Je n'avais pas le droit de refuser". Nous sommes le mercredi 23 octobre 2024, Jean-Louis Gasset est le nouvel entraîneur du MHSC. Il remplace Michel Der Zakarian, remercié quelques jours auparavant après un début de saison catastrophique en ligue 1.
Le pompier de service connaît la maison comme sa poche. Jean-Louis Gasset, joueur, entraîneur adjoint et de nouveau entraîneur, est lié depuis toujours à l'institution montpelliéraine, fondée en 1974 par son paternel, Bernard et Louis Nicollin, président emblématique.
Du temps de la débrouille au graal
Le 5 novembre 1974, Louis Nicollin, jeune entrepreneur dans la collecte de déchets ménagers, créait un club de quartier, La Paillade, dans une ville, Montpellier, où le football végétait. Au départ, c'est le temps de la débrouille. "À cette époque-là, on mettait nos femmes à la buvette pour être sûrs de ne pas se faire piquer de l'argent." Mais rapidement, le duo se veut ambitieux. Le stade de la Mosson est vite surnommé "la marmite du diable".
Avec "Loulou", le club a gagné la Coupe de France en 1990 et est devenu champion de France en 2012, le "graal", devant le Paris Saint-germain, version Qatar.
Ce titre, c'est le cadeau d'une vie.
Louis Nicollin
D'illustres joueurs comme Laurent Blanc ou Eric Cantona ont porté les couleurs du MHSC. Comme Olivier Giroud : "A ses débuts, quand Louis Nicollin est arrivé, s'il s'était arrêté sur l'autoroute cinquante kilomètres avant Montpellier, à Nîmes, ce club ne serait pas là où il en est aujourd'hui. Il a construit et tenu à bout de bras La Paillade."
Personnage truculent, roi des saillies verbales souvent en dessous de la ceinture, adoré par les supporters et les médias, Louis Nicollin ne laissait personne insensible. "Que voulez-vous, j'ai horreur qu'on prenne les gens pour "des billes de clowns".
"Ta vie de Saint-Fons à Marsillargues, aura balancé entre poubelles et football, entre raison et passion, entre humilité et excès." Jean-Marie Lanoë, ancien journaliste à L'Equipe et France football, lui consacre un livre "Louis Nicollin, le football en héritage", aux Editions SOLAR.
Ta vie de Saint-Fons à Marsillargues, aura balancé entre poubelles et football, entre raison et passion, entre humilité et excès.
"Certains disent que je vais casser ma pipe sur un terrain de foot, je préférerais mourir dans mon lit mais après tout, la pelouse ferait un beau linceul." Le 29 juin 2017, Louis Nicollin disparaît, emporté par une crise cardiaque alors qu'il fêtait son 74ème anniversaire dans un restaurant du Gard.
Le 4 juillet, la grande famille du football assiste à ses obsèques. Ses employés tout de jaune vêtus, forment une haie d'honneur et applaudissent au passage du convoi mortuaire. Un bel hommage pour celui que l'on surnommait "le grizzli".
Louis Nicollin n'oubliait jamais son entreprise pour le foot. Même si les deux restent intimement liés. Six ans après le décès de Louis Nicollin, soixante-huit anciens joueurs ont été réembauchés par le club à un poste ou à une autre et quinze dans le groupe Nicollin qui compte aujourd'hui 10.000 salariés.
Questions à Jean-Marie Lanoë
Comment peut-on caractériser Louis Nicollin ?
Il a une double facette. Au journal, souvent on me disait:"ton loulou, qu’est-ce qu’il est grossier !" Il y avait une grossièreté apparente, l’apparence des choses et il y avait la vraie nature des choses. C’était un personnage d’une extraordinaire générosité.
Qu'elle a été sa plus grande réussite ?
Je pense que son bonheur définitif est survenu en 2015 lors de l’inauguration du centre de Grammont. Je pense que lorsqu’on a construit quelque chose comme ça en partant de si loin, qu’on a été champion et grâce à l’argent de la ligue des champions on a pu se construire un centre de formation, des terrains d’entraînement, il a dû connaître une plénitude. C’est l’illustration d’un travail de 50 ans ou presque.
Il y a le titre en 2012, c’est le cadeau d’une vie mais grâce à l’argent de ce cadeau, il construit quelque chose de pérenne car La Paillade, ça a été un long fleuve pas tranquille. Il y a aussi, en 1990, la victoire en coupe de France. C'était le dada de Louis Nicollin. Le club a commencé à être connu grâce à ses exploits en coupe de France.
Pourquoi Louis Nicollin savait-il être aussi convaincant ?
Il n’avait pas à l’être. C’est sa nature qui vous emportait. Il a emporté Michel Mézy, Robert Nouzaret comme il m’a emporté moi en tant que jeune journaliste. Louis était d’une intuition folle et dès la première poignée de main, dès les premiers rires, c’était parti. C’était très naturel.
La fidélité au club, l'amour du maillot, La Paillade, Louis Nicollin fonctionnait à l'affectif ...
Oui et nous sommes rattrapés par l’actualité. Lors de sa conférence de presse, Jean-Louis Gasset n’a parlé que de ça, de la famille, du devoir pour lui de répondre « oui » à la famille. Aux gens qui s’offusquent de ce côté un peu vieillot du club de faire encore appel aux anciens, cela fait 50 ans que Montpellier carbure à l’amitié, au clanisme, on peut le dire aussi. Louis a passé son temps à se reposer sur des gens qu’il connaissait. Dès que quelqu’un lui plaisait, il l’embauchait.
On ne peut rien refuser à Louis Nicollin. À partir du moment où on a été son ami, et même s’il y a des brouilles, les amis restent les amis et à chaque fois que Louis a appelé en catastrophe pour faire quelque chose pour le club et pour lui, ils l’ont fait au nom des années passées ensemble.
Louis Nicollin était-il visionnaire ?
Très vite, il a compris que le club ferait florès en s’appuyant sur un centre de formation. Début des années 80, il l’a mis en place. Il avait une vraie vision à moyen terme du foot et c’est ce centre de formation qui l’a porté jusqu’au titre en 2012.
Un rendez-vous le 16 novembre
Le samedi 16 novembre à 15h au Stade de La Mosson, le MHSC vous donne rendez-vous pour fêter ses 50 ans autour du match des héros. Au programme : les anciennes gloires de la Paillade accompagnées des Champions 2012 contre les anciens internationaux français du CIF ( Club des Internationaux de football).
Les premiers noms de l’équipe des légendes de la Paillade et Champions 2012 : Carlos Valderrama, Julio César, Mapou Yanga-Mbiwa, Vitorino Hilton, Souleymane Camara, John Utaka, Karim Aït-Fana, Joris Marveaux, Jamel Saihi, Henri Bedimo, Abdelhamid El Kaoutari, Geoffrey Jourdren, Hoda Lattaf, Tino Costa, Paul Mirabel (guest)…