Le projet a été lancé il y a 20 ans. Piloté par l'Elysée, il pourrait enfin aboutir pour les 60 ans des accords d'Evian.
Surnommé le musée fantôme. Maintes fois prévu et abandonné, tant le sujet suscite souffrance et controverse, le musée de l'Histoire de France et de l'Algérie verra peut-être enfin le jour à Montpellier. Prévu puis abandonné en 2014, il fait partie des préconisations du rapport remis à l'Elysée par l'historien Benjamin Stora.
L'Hérault et l'Algérie
60 000 rapatriés sont arrivés dans capitale héraultaise dans les années 60. La présence de nombreux immigrés algériens et Harkis et le développement des relations internationales entre la Métropole et l'Afrique, font de Montpellier le lieu idéal d'implantation de ce musée. Il pourrait se trouver dans l’ancienne division des services informatiques du rectorat, dans le centre de Montpellier, confirme le
maire (PS), Michaël Delafosse, à nos confrères du JDD.
Apaisement
Il faut un musée pour apaiser les mémoires précise l'Elysée, car "Commémorer n'est pas célébrer", souligne-t-on du côté de la présidence de la République en prenant soin de ménager toutes les susceptibilités à moins d'un mois du premier tour de la présidentielle. La date du 19 mars 1962, qui marqua l'entrée en vigueur du cessez-le-feu entre armée française et indépendantistes algériens, continue par ailleurs à faire polémique.
Délibération en ... 2003
En février 2003, Georges Frêche, maire socialiste de Montpellier avait fait voter une délibération pour le « musée de la présence française en Algérie » afin de célébrer « l’oeuvre française en Algérie ». Une décision qui avait provoqué un véritable tollé. Les provocations du maire de l'époque qui avait traité "les harkis de sous-hommes ayant vocation à être cocus jusqu'à la fin des temps" et avait entonné en 2005 le chant des Africains devant le conseil régional n'avaient pas arrangé les choses. Elles avaient d'ailleurs provoqué l'éviction de Georges Frêche du PS en 2007.
Coup de théâtre
Puis l'historien Jean-Robert Henry avait repris le projet. LE MHFA était devenu le musée de la France et de l'Algérie. Il avait un budget de 20 millions d'euros, une collection de près de 5000 photos et documents confondus.
Entre 2012 et 2014 dans la perspective de l'ouverture de ce musée, l'agglomération de Montpellier avait acheté des photos, des affiches, nombre de tableaux orientalistes, des objets et autres cartes postales.
Sur le point d'ouvrir, en mai 2014, le nouveau maire de Montpellier Philippe Saurel, met un terme au projet, au motif selon le chercheur Eric Savarese, professeur de sciences politiques à l'université de Montpellier, de pressions d'associations de pieds-noirs".
Le dernier projet, directement piloté par l'Etat pourrait enfin voir le jour.