Le délit pour outrage sexiste existe depuis fin 2018. Mais il est encore peu efficace. Pour mieux protéger les femmes contre ces violences, le Parquet du Tribunal judiciaire de Montpellier en lien avec la mairie viennent de sensibiliser 70 policiers, gendarmes et agents des transports en commun.
81% des femmes en France ont déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics. Sifflements, regards insistants, insultes, suivis dans la rue ou dans les transports voire même attouchements dans 30% des cas. Depuis novembre 2018, ces incivilités dans l’espace public sont sanctionnées par la loi mais 3 ans après sa création, le délit d’outrage sexiste est encore peu efficace. Pour lutter contre ce fléau, le Parquet du Tribunal judiciaire de Montpellier en lien avec la mairie ont lancé le 29 juin des formations à destination des policiers municipaux et nationaux, des gendarmes et des agents des transports en commun.
Du simple "Bonjour Mademoiselle" à l'insulte quand elle ne répond pas. Le harcèlement de rue, Laurie, habitante de Montpellier en a si souvent été victime qu'elle a fini par intégrer ces comportements sexistes.
Comme toutes les femmes qui marchent dans la rue, peu importe la tenue, et là en plus c’est l’été, on se fait toujours un peu embêter par les hommes. On est obligées de s’habituer. Avec mes écouteurs, je trace ma route et si on m’insulte, tant pis, je ne vais pas répondre, je continue de marcher. Mais ce n'est pas normal.
Comme Laurie, bon nombre de femmes se disent quotidiennement victimes d’attitudes sexistes dans l'espace public. Un constat partagé également par le
directeur départemental de la sécurité publique dans l'Hérault, Yannick Blouin.
On a affaire à des prédateurs qui guettent et traquent des proies un peu faciles comme des étudiantes ou des jeunes filles dans la rue, aux abords des établissements scolaires, dans les transports publics ou dans les gares. Ils se lancent des challenges entre eux. Parfois, ils se filment même et cela apparaît sur les réseaux sociaux, c’est inadmissible !
Depuis fin 2018, le délit d’outrage sexiste sanctionne ces incivilités mais il est encore peu efficace. Depuis l'application de la loi jusqu'à novembre 2020, seulement 1.746 infractions ont été enregistrées en France. Dans l'Hérault, depuis le début de l'année, la gendarmerie a constaté 15 infractions et la police seulement 12.
Un délit passible de 750 euros d'amende
Pour mieux lutter contre ces violences qui touchent aussi beaucoup les personnes LGBT, le parquet du tribunal de Montpellier en lien avec la mairie ont formé mardi 29 juin 70 policiers municipaux, nationaux, des gendarmes et des agents des transports en commun.
Cette formation s’adresse aux agents de terrain qui travaillent sur les lieux où les infractions se commettent. Et donc une fois qu'ils seront formés et sensibilisés, ils seront davantage sensibles à ces comportements et donc il y aura plus de poursuites sur ces infractions-là.
Pour le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, il était aussi d'urgent de s'attaquer à ce problème afin de faire changer les mentalités. "Il y avait des formes de tolérance dans le passé. On expliquait que c'était normal de parler aux femmes comme cela et puis qu'au fond dire : "Sale PD", cela s'était toujours dit. Mais, il y a un moment il faut dire stop, la question du respect de l’autre est fondamental", affirme-t-il.