Le patrimoine culinaire de l’Occitanie est mis à l’honneur grâce à la 31ème édition de la Semaine du goût. Le but : éduquer les papilles des petits et grands à de nouvelles saveurs. Un plaisir dont de nombreux malades de la Covid, comme Luna Tedesco, sont aujourd’hui privés.
Savourer une bonne assiette de coquillettes au fromage : un petit plaisir de tous les jours qui parait bien banal. Pourtant Luna Tedesco, étudiante à Montpellier, en rêve. Depuis une semaine, elle ne sent plus rien ou presque : « Je perçois un peu le sucré, le salé pas toujours ». Cette jeune fille de 19 ans a tous les symptômes du coronavirus : mal de gorge, fièvre, fatigue… Mais c’est lorsqu’elle a mordu dans du fromage que le doute s’est entièrement dissipé : « J’ai mangé un morceau de reblochon, il n’avait aucun goût. J’ai rajouté du sel. Et puis j’ai compris : c’était le coronavirus. »
Luna décide alors de sentir ses épices, mais là aussi, c’est le néant : le curry n’a plus d’odeur. Depuis les journées sont bien fades pour cette grande gourmande, qui a perdu le plaisir de manger : « C’est horrible, c’est super frustrant ». Alors la jeune fille tente de savourer les aliments autrement, grâce à leur texture, et fait de drôle de découvertes : « je me suis rendu compte que j’aimais beaucoup la texture de la banane, alors que je n’y avait jamais fait attention. »J’ai vraiment peur de ne pas retrouver le goût, ça m’embêterait beaucoup.
Mais ce sont les jours à venir qui préoccupent vraiment Luna : «J’ai vraiment peur de ne pas retrouver le goût, ça m’embêterait beaucoup.»
Le goût, un sens essentiel
Parmi nos cinq sens le rôle du goût est parfois marginalisé : pourtant, nos papilles sont de véritables alarmes qui nous permettent d’éviter les aliments périmés. Notre odorat nous alerte aussi de certains dangers, comme les fuites de gaz. Mais le goût est aussi intimement lié à notre personnalité, et le plaisir qu’il nous préoccupe est un élément essentiel de notre qualité de vie.Exercer son cerveau
La perte de l’odorat, l’anosmie, suive par la perte du goût, l’agueusie, sont des symptômes partagés par de nombreux malades du coronavirus. Selon le professeur Louis Crampette, chef du service ORL au CHU de Montpellier, 1/3 des patients Covid est touché par une perte du goût, plus ou moins durable.« En moyenne, les patients récupèrent au bout de quelques jours, mais pour certains cela peut durer des mois. Le virus s’attaque à la muqueuse olfactive et détruit ses cellules. Mais elle peut se régénérer » rassure-t-il. Il n’existe aujourd’hui aucun traitement. Les médecins recommandent donc de s’exercer régulièrement à sentir des épices après avoir lu le nom du produit, afin d’associer les deux informations. « Certains patients peuvent se tromper et sentir une odeur de café, à la place de la vanille par exemple. Cette distorsion olfactive est tout à fait normale, affirme le professeur Crampette, c’est même un très bon signe. »« En moyenne, les patients récupèrent au bout de quelques jours, mais pour certains cela peut durer des mois. Le virus s’attaque à la muqueuse olfactive et détruit ses cellules. Mais elle peut se régénérer »
Eduquer au goût
« Le goût ça s’apprend » : c’est en tout cas le but de cette 31ème édition de la semaine du goût. Du 12 au 18 octobre, agriculteurs ou chefs cuisiniers partagent leur savoir-faire avec le plus grand nombre, afin de leur faire découvrir de nouvelles saveurs.
Suite à l’aggravation de la situation sanitaire, tous les ateliers ont été annulés. Mais l’offre en ligne a pris le relais : de nombreuses vidéos de recettes sont disponibles sur la page Facebook de la semaine du goût, notamment celle du parrain de cette édition, le chef Grégory Cohen, qui propose aux enfants de réaliser une recette de pois chiches. Des jeux en ligne permettent de découvrir des produits locaux, et des passionnés de cuisine vous font partager leurs coups de cœur culinaires sous forme de podcast.