L'Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen (EID) a dévoilé le résultat de son expérimentation à Prades-le-Lez, dans la métropole de Montpellier, ce mardi 9 novembre. Les drones y ont joué un rôle majeur.
Mardi 9 novembre, la mairie de Prades-le-Lez a rassemblé une quarantaine de personnes pour dévoiler le résultat d'une expérimentation.
Durant l'été, 40.000 moustiques tigres stériles ont été relâchés par drones sur la commune entre le 27 juillet et le 10 août. Le lâcher a eu lieu dans le cadre du projet européen Mosquarel, dans le quartier Nouau.
Ces insectes sont apparus dans l'Hexagone au début des années 2000. Ils sont aujourd'hui particulièrement invasifs : présents dans 65 départements, ils se développent à 80% chez les particuliers. Les piqûres des moustiques tigres sont nuisibles car elles peuvent transmettre des maladies virales comme la dengue, le chikungunya ou zika.
A Montpellier, il y a une réelle motivation des scientifiques à continuer les recherches dans la voie de la Technique de la stérilisation
Charles Jeannin, chargé du projet à l'Entente interdépartementale pour la démoustication du littoral méditerranéen (EID)
Nouvelle méthode : la technique de l'insecte stérile
De nouvelles méthodes ont vu le jour dont celle dite de la "Technique de l'insecte stérile" (TIS) utilisée à Prades-le-Lez.
Charles Jeannin explique : "Les mâles sont stérilisés par rayons X par des experts en Italie puis sont envoyés par avion dans des colis isothermes maintenus à 10 degrés. Température à laquelle les insectes sont endormis." L'expérimentation a été faite avec des mâles car ils ne piquent pas.
Ensuite, avec le soutien du Cirad, centre de recherche agronomique, les drones ont libéré, en quatre largages, les insectes mâles stériles à 40 ou 50 mètres du sol. Ces derniers ont ensuite stérilisé les femelles sauvages qui n'auront alors pas de descendance.
Des résultats encourageants
Charles Jeannin détaille : "Le but final de la technique est de limiter la stérilisation. On a placé des seaux pour récupérer les œufs des moustiques tigres. Un peu de stérilité a été induite mais il y a toujours beaucoup d'œufs car il y a plus de mâles sauvages. On aurait dû lâcher 10 fois plus de mâles stériles pour que cela fonctionne mieux".
Les résultats se sont en revanche montrés efficaces sur les autres paramètres mesurés, à savoir le taux de survie et la dispersion des insectes. De plus, les drones semblent avoir remplis leur rôle : "Les moustiques se répartissent mieux avec le drone" ajoute le chargé du projet de l'EID.
Les habitants de Prades-le-Lez sollicités
Les insectes ont tendance à se développer aux alentours des eaux stagnantes. La première mesure de prévention consiste donc à vider les récipients pouvant contenir de l'eau. A noter que leur prolifération est favorisée par la hausse des températures.
Les habitants du quartier Nouau où ont eu lieu les largages de moustiques tigres se sont investis dans les tests. Charles Jeannin le confirme : "On a sollicité plusieurs communes l'an dernier, Prades-le-Lez a été l'une des premières à répondre. On a aussi eu un contact privilégié dans le quartier de Nouau car une association de quartier était partante !".
La première étape pour lutter contre la production de moustiques est l'action chez les habitants car ils s'y reproduisent.
Charles Jeannin
Les Pradéens ont aidé les équipes de l'EID en posant des pièges : "Dans un rayon de 200 mètres autour des lâchers, les habitants ont posé des pièges pour recapturer nos moustiques et les évaluer" raconte Charles Jeannin.
Cette expérimentation est donc une première étape encourageante vers la lutte contre le fléau des moustiques tigres.
Bien que le projet Mosquarel soit terminé, les recherches se poursuivent pour les scientifiques de Montpellier.