La partie haute de la croix du Pic Saint-Loup est trop abîmée pour être restaurée. Une nouvelle croix sera mise en place début juillet, plus moderne et entourée d’inox à sa base pour prévenir tout acte de vandalisme.
L’édifice en fer – qui pèse pas loin d’une tonne et mesure 9 mètres – avait été abattu le dernier week-end du confinement, le 10 mai 2020. Sciée et percée à sa base, la croix a subi un choc fatal en s’écrasant contre la roche calcaire du Pic Saint Loup, à deux doigts de finir sa course dans le vide, comme en 1989, lorsqu'elle avait été dégradée une première fois.
La gendarmerie de Castelnau-le-Lez poursuit les investigations pour identifier les auteurs de ce nouvel acte de vandalisme. Défenseurs de la laïcité ou membres de l’ultra-gauche ? Les hypothèses vont bon train après les tags et le balai de sorcière trouvés sur place.
Le 20 mai 2020, l'hélitreuillage de la croix jusqu’au parking situé en contrebas, a permis d’établir le diagnostic. Une fois le monument déposé sur une surface plane, les experts ont pu observer de près la partie supérieure et se prononcer définitivement : la structure métallique a trop souffert, il faudra remplacer la croix centenaire.
Mais cette fois, contrairement à 1989, pas de restauration possible, c’est une société catalane de Perpignan qui se voit confier le chantier : une nouvelle croix sera fabriquée sur le même modèle mais avec quelques modifications pour fortifier et protéger la structure métallique.
Une croix modernisée
La nouveauté la plus visible résidera dans la base, enveloppée d’une protection en inox qui devrait décourager toute tentative de destruction. Le nouvel appendice devrait conférer une touche esthétique et moderne à la croix d’une architecture plutôt sobre. Sur la maquette, le concepteur précise que ces lignes sont « inspirées de la volve de certains champignons de montagne. Volve qui résonne avec l’espagnol « volver » : revenir. »
La fabrication doit débuter fin juin pour une installation prévue au plus tôt le 10 juillet, deux mois seulement après la destruction de ce symbole religieux devenu patrimonial.
De nombreuses personnes ont été sensibles à cette attaque gratuite
« Sans nier l’aspect religieux de la croix, de nombreuses personnes agnostiques, attachées à la laïcité, et même issues d’autres confessions, ont été sensibles à cette attaque gratuite, cette croix fait partie de notre patrimoine, c’est un monument familier qui a toujours été là » déplore Hussein Bourgi (PS), conseiller régional d’Occitanie.
Ce n’est pas Maud Respaud qui dira le contraire. Originaire de Clermont l’Hérault, cette traileuse s’entraîne régulièrement sur les sentiers du Pic Saint Loup et comme de nombreux héraultais, elle s’est émue de la disparition de la croix : « chaque fois qu’on s’entraîne, on monte jusqu’à la croix. En vélo, on la voit. Sur le groupe facebook que nous avons créé avec Jean-Luc Jeantet je suis Pic Saint Loup, certains internautes parlent de cette destruction comme d’un viol ou d’une décapitation. »
24 000 euros rapidement trouvés
Le financement de la nouvelle croix n’a pas été très long à trouver. Trois entreprises montpelliéraines spécialisées dans la promotion immobilière et l’habitat social puiseront dans leur fonds de mécénat pour réunir les quelques 9 000 euros nécessaires à la fabrication de la nouvelle croix.
La location de deux jours l’hélicoptère coûte environ 8 000 euros, et la main d’œuvre spécialisée dans les soudures et autres interventions en hauteur est estimée à environ 6 000 euros. Ces montants seront financés conjointement par le Département de l’Hérault et la Région Occitanie.
Et pour les nombreux particuliers qui se sont manifestés pour prendre part au financement de la rénovation du site, la Région propose une alternative : aider la fondation du patrimoine à réhabiliter la chapelle Saint-Joseph, également située sur le pic Saint-Loup, « dont on trouve mention dès 1662 » précise la mairie de Cazevieille.
Le Pic Saint Loup, la montagne du montpelliérain
Le site – exceptés la chapelle et le sentier - appartient à des privés, la famille Ravaille, qui entretiennent de bonnes relations avec la mairie de Cazevieille. Elodie Blaquières, secrétaire générale de la mairie, se réjouit de la mobilisation des institutions : « Tout l’Hérault tient à cette croix, on ne s’attendait pas à un tel déferlement positif, c’est un joli message, surtout en ce moment. »
La croix du Pic Saint Loup a été installée en 1911 en remplacement d’une ancienne croix de bois. En 1989, elle avait été restaurée en dix jours. Cette fois, elle cède sa place pour de bon, après un hélitreuillage mémorable :
C’est une véritable page qui se tourne pour ce site situé à 658 mètres d’altitude, si apprécié des randonneurs et des sportifs, un pic rocheux situé à vingt kilomètres au nord de Montpellier, entre les Cévennes et la Méditerranée, visible depuis la mer.