Hérault : les viticulteurs aidés à distiller pour faire face à la crise

La distillation comme pis-aller à la crise viticole. Les vignerons héraultais, touchés par la pandémie qui s'est traduite par l'effondrement des ventes de vin, écoulent actuellement le surplus de la production 2019, en la distillant. Opération à perte, malgré l'indemnité de l'Etat et du département.

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Michel Esteban est vigneron aux portes de Montpellier. Il a été durement touché par la crise du coronavirus. Ses ventes de vin se sont écroulées pendant le confinement. Résultat, le vigneron a dû distiller le surplus des cuves de la récolte 2019 afin de laisser la place à la nouvelle récolte. Et sans les indemnités consenties par l'Etat et le département de l'Hérault pour soutenir l'économie viticole, il n'aurait pas tenu le coup.

"On n'a pas les 500 hectolitres puisqu'on n'a eu que 80% de la production" explique le vigneron,"mais on a eu une indemnisation qui nous a permis de passer le cap".

Coup de pouce important du département de l'Hérault

Devant cette crise sans précédent, le gouvernement a proposé une indemnisation de 78 euros par hectolitre distillé contre 60 habituellement. Soit 18 € de plus. Le département de l'Hérault a surenchéri : il a décidé de rajouter 2 euros par hectolitre pour ses viticulteurs.

On a mis 300 000 euros pour l'horticulture, on a mis 200 000 euros pour l'élevage et on va mettre 180 000 pour l'oléiculture. Et on mettra en gros 1 million d'euros pour la viticulture. Malgré un budget très contraint avec l'impact financier du Covid, la volonté du département, c'est d'aller à l'action à côté des vignerons.

Yvon Pelet, conseiller départemental de l'Hérault délégué à la viticulture.

L'aide de l'Etat surestimée ?

Pour Jean Lacauste, qui appartient à une famille de viticulteurs installée à Saint-Drézéry depuis 10 générations, cette aide du département est la bienvenue.
En revanche, selon le jeune vigneron, une partie des aides de l'Etat était déjà allouée, sous une autre forme, aux viticulteurs et ne va pas s'ajouter.

Notre sentiment est partagé car on dit que ça coute 250 millions d'euros à l'Etat mais à peu près la moitié de cette somme vient de fonds européens. Et ces fonds nous étaient déja alloués, de toute façon, pour la promotion, les investissements en matériel de cave et la restructuration du vignoble.

Jean Lacauste, viticulteur à Saint-Drézéry

Vu le contexte sanitaire, le jeune viticulteur commence à être inquiet pour la saison à venir. Les courtiers qui viennent en général démarcher à la saison où les vignes roussissent sont pour l'instant très discrets. Aucun frémissement du marché viticole.
Seule consolation, l'alcool tiré de cette distillation de crise servira, entre autre, à la production de gel  hydro-alcoolique pour lutter contre la propagation du Covid-19. Une manne qui risque, hélas, d'être la bienvenue au vu de l'ampleur de la deuxième vague que nous commençons à affronter.

Le reportage de Jérôme Gaussen et Daniel de Barros pour France 3 Languedoc-Roussillon.
Le reportage dans les chais et les vignes de l'Hérault de Jérôme Gaussen et Daniel De Barros; ©F3LR
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