"J'ai ressenti du mépris après mon accident" : un policier jugé pour avoir renversé un piéton lors d'une soirée de fête de la musique

Un policier était jugé ce mercredi 17 janvier 2024 au tribunal judiciaire de Montpellier. Un homme dit avoir été blessé lors du passage d'un fourgon de police lors d'une soirée de fête de la musique en 2019. Le policier dément quant à lui qu'il y ait eu une collision.

Les faits se sont déroulés le soir de la fête de la musique, le 22 juin 2019, aux alentours de 00h20, à Montpellier. Un policier comparaissait ce mercredi 17 janvier devant le tribunal judiciaire. Il aurait renversé un homme alors qu'il se trouvait à bord d'un fourgon de police, rue de l'université. Le véhicule se rendait sur une intervention pour une rixe. 

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Un homme aujourd'hui âgé de 37 ans, Julien, instituteur, indique notamment avoir été percuté. Il a porté plainte. «Je me souviens d’un choc violent », raconte-t-il à la barre. Il est amené à l’hôpital, sérieusement blessé. Les médecins finiront par constater une rupture de la rate. 60 jours d’ITT, une opération, et « 6 mois avant de retrouver une vie normale », affirme-t-il.

Une foule devenue "hostile" selon le policier

Plusieurs policiers témoignent également lors de l'audience. Ils racontent une foule qui s’écarte pour laisser passer les deux premières voitures dans cette rue étroite. Le troisième véhicule est lui plus volumineux. Le policier qui le conduisait assure alors que la foule est devenue "hostile" à leur passage. Le fourgon transportait un équipage de forces de l'ordre. Ceux entendus lors de l'audience évoquent "des coups de pied sur le véhicule", des insultes, des menaces de mort et des jets de projectiles. Les versions diffèrent à la barre : certains disent s'être arrêtés une minute, d’autres quinze. Ils précisent en revanche s'être sentis en danger. Le conducteur assure redémarrer doucement. Les policiers démentent "toute collision", et disent s'être arrêtés "pour ne pas prendre de risque"

Ils sont trois autre témoins de la scène à avoir témoigné lors de l'audience. Parmi ces derniers, des artistes qui performaient lors d'un concert dans la rue à ce moment-là. Ils sont qualifiés de "témoin objectif" par le parquet. Ils évoquent une foule "calme" qui s'est écartée pour laisser passer les véhicules. Le fourgon a selon eux "brusquement accéléré", et aurait eu une vitesse excessive. Toujours d’après les témoins, une dizaine de personnes seraient tombées au sol. 

La victime demande le remboursement des frais d'avocat

Les images de caméras de surveillance ont, elles, été effacées après les quinze jours réglementaires car « aucune réquisition n’a été formulée par écrit, comme le veut la procédure », explique le directeur du pôle des sécurités et de la tranquilité publique de Montpellier (police municipale). Il est le seul à avoir vu les images, qui n’ont donc pas été versées au dossier. Lui précise que sur ces dernières, il voit bien "le véhicule s’arrêter" et repartir. Mais ne peut ni confirmer, ni infirmer la collision.

La victime demande quant à elle le remboursement de ses frais d’avocats. Ce procès est pour lui symbolique. Il dit s’être senti "méprisé" en découvrant la version des policiers. « J'ai ressenti du mépris après mon accident sur mon lit d'hôpital, après avoir vu des personnes responsables affirmer qu'il ne s'est rien passé. Je regrette les proportions que ça a pris. Mais c’est important d’aller jusqu’au bout »

L’avocate de la défense, Me Catherine Szwarc, estime que c’est un procès contre la police. 

On a l'impression que la police municipale est un peu la bête à abattre. Il a fallu que l'on fasse citer des témoins pour montrer que le policier auquel on reproche un acte d'imprudence a respecté les règles de son véhicule.

Maître Catherine Szwarc

Avocate du policier

La décision a été mise en délibéré, et sera donnée le 31 janvier prochain. Le policier encourt en théorie jusqu'à deux ans d'emprisonnement avec sursis et 30 000 € d'amende. La procureure a quant à elle requis une peine de 500 € d'amende. L’assurance de la ville de Montpellier a déjà versé 17 000 euros d’indemnités.

Avec Émilien David au tribunal. 

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