A l'occasion de la Nuit du droit, le procès historique de l'éditeur Jean-Jacques Pauvert, jugé dans les années 50 pour avoir osé publier les œuvres complètes du marquis de Sade, sera joué, entre autres, par des magistats et des avocats à la cour d'appel de Montpellier, ce mercredi. Des représentations données à guichet fermé.
Pour la deuxième année consécutive, l'ensemble des institutions judiciaires de Montpellier participe à la Nuit du droit. Au menu : des reconstitutions de procès, joutes oratoires et lectures de plaidoiries célèbres par des acteurs d'un jour, qui, dans le civil, sont de vrais professionnels du monde de la justice.
Créée en 2018 par Laurent Fabius, le président du Conseil constitutionnel, cette manifestation peu commune vise à permettre à tous de mieux connaître le droit et ses arcanes.
Le but est d'ouvrir le monde judiciaire au grand public, car d’habitude, quand on a affaire à la justice, c’est soit en tant qu’accusé, soit en tant que victime.
Lionel Laganier, chef de cabinet à la Cour d’appel de Montpellier
Une soirée pour quatre représentations
Ce soir, et seulement pour la soirée, les quatre salles d’audience de la cour d’appel de Montpellier se transformeront donc en théâtre, avec un procès historique : celui de l’affaire Sade, joué deux fois de suite par dix acteurs durant 45 minutes, devant 300 personnes.
Les faits datent de 1956, quand le jeune éditeur Jean-Jacques Pauvert a comparu devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir publié les œuvres complètes de Sade. C'était la première fois que Sade était est officiellement publié. Jusque-là, ses œuvres jugées scandaleuses, s'échangeaient sous le manteau. Cette audace, qui choquait les bonnes mœurs de l'époque, vaudra à son éditeur plus de dix ans de poursuites judiciaires.
Autre procès fictif : là, c'est le tribunal administratif qui sera sur scène avec un sujet polémique qui ne sera dévoilé qu'à la dernière minute. Le but étant de faire participer le public qui composera entièrement le jury.
"Comme si vous y étiez"
Autre proposition : des lectures théâtralisées de plaidoiries célèbres comme le "J'accuse" de Zola ou "l’avocate irrespectueuse" de Gisèle Halimi.
Enfin, des joutes oratoires entre étudiant et avocats seront également organisées sur des sujets tels que "l’indépendance du juge est-elle un fantasme ?" ou "la défense est-elle forcément amorale ?"
"Le fruit d'un an de travail en partenariat avec toutes les institutions du monde judiciaire", souligne Lionel Laganier, chef de cabinet du premier président de la cour.
L'an dernier, lorsque la justice héraultaise avait suspendu son vol pour la première fois lors de la Nuit du Droit, le public avait été immédiatement au rendez-vous. Rebelote cette année : lorsque le programme 2023 et les places gratuites ont été mises en ligne fin septembre, tout est parti en 24 heures.
Après cette soirée exceptionnelle, jeudi matin, dès 9 heures, la justice reprendra son cours habituel dans les salles d’audience de la cour d'appel de Montpellier.