Coralie Dubost, aurait effectué des "achats astronomiques en vêtements et en lingerie" avec ses frais de mandat, selon une enquête de Médiapart. La députée de l'Hérault assure ne pas être "une tricheuse" et avoir été "mal conseillée". Décryptage avec le journaliste auteur de l'article et un politologue.
Ce jeudi 28 avril, Médiapart a publié une enquête (article payant) détaillant de prétendus abus financiers de la député LREM de l'Hérault, Coralie Dubost. Un rapport établi par le déontologue de l'Assemblée nationale au printemps 2021 fait état de notes de frais importantes.
"Point culminant des dépenses, en octobre 2018 l'élue a dépensé plus de 3300 euros de vêtements en un mois" révèle Médiapart. Elle aurait grâce à l'enveloppe parlementaire, achalandé son dressing mais aussi profité des restaurants du littoral de la région. L'enquête évoque une "facture de 194 euros au Bonaventure, un restaurant de plage de Palavas-les-flots où elle a ses habitudes."
Des dépenses découvertes dans un contexte de travail "toxique"
Cinq anciens collaborateurs de la députée sont à l'origine du rapport émis par le déontologue de l'Assemblée nationale. Antton Rouget, co-auteur de l'enquête pour Médiapart, détaille le contexte de cette découverte de notes de frais exorbitantes : "Ce rapport est né d'une alerte collective liée à une problématique de souffrance au travail dans l'équipe parlementaire de Coralie Dubost. Depuis qu'elle a été élue en 2017, 15 collaborateurs sont passés par cet équipe. Ce turn-over est important et inhabituel. A travers ce rapport, on a découvert un mode de fonctionnement toxique et les collaborateurs ont fait doute sur la gestion des frais de mandat."
L'ampleur des dépenses n'est pas connue. Le rapport évoque "une fourchette allant de 1500 à 2000 euros" par mois allouée à des frais vestimentaires. Coralie Dubost précise auprès de Médiapart, avoir "contracté un prêt personnel" pour rembourser ses dettes. Sollicitée par la rédaction de France 3 Occitanie pour de plus amples explications, la députée n'avait pas donné suite ce vendredi soir.
La chute de "l'étoile montante de LREM" ?
Les cas d'abus de dépenses parlementaires sont fréquents comme le détaillent les dossiers de Médiapart. Pourtant, les portefeuilles des députés sont bien remplis : leur salaire est de 7239 euros brut et ils bénéficient d'une enveloppe mensuelle de 5373 euros.
Selon Antton Rouget les abus de cette "étoile montante de LREM" comme il la qualifie dans l'article, étonnent : "Son premier mandat a été remarqué, elle a travaillé sur la loi PACTE, la loi bioéthique, elle est numéro 2 du groupe LREM. Elle est jeune, elle a des ambitions politiques et ça rend incompréhensible cette légèreté dans la gestion des frais de mandat."
De plus, Coralie Dubost a été élue suite à l'affaire Fillon et en pleine loi de moralisation de la vie politique portée par Emmanuel Macron. Pour se défendre, l'élue pointe les erreurs de l'un de ses conseillers dans les lignes de Médiapart : "Il m'a mal conseillée, j'ai été stupide [...] je ne suis pas une tricheuse."
L'opposition locale réagit à ses révélations, comme Alenka Doulain, élue de Nous Sommes et membre de l'Union populaire, "Des députés de combat, pas des pages de Gala !"
"Cette affaire renforce l'idée d'une élite hors sol des députés LREM"
Dans sa circonscription, la troisième de l'Hérault, Coralie Dubost semble bien implantée. Elle a été élue avec 60% des voix en 2017. Emmanuel Négrier, politologue et directeur du CEPEL de Montpellier, détaille : "Elle est dans une circonscription socialement favorisée, avec LREM bien en place, mais tout ce qui peut se passer peut avoir un impact sur l'électorat." Bien en place politiquement, mais le politologue décrit une élue aux tendances "people."
Cette affaire renforce l'idée d'une élite hors-sol véhiculée par les députés LREM, qui sont novices dans la vie politique. L'image renvoyée est que ces députés sont déracinés.
Emmanuel Négrier, directeur CEPEL
Selon Emmanuel Négrier, cette affaire pourrait avoir des répercussions sur "les potentiels alliés de la députée." L'enquête de Médiapart tombe alors que la commission d'investiture pour les législatives du parti présidentiel devait se réunir d'ici ce weekend pour établir la liste des candidats pour les 12 et 19 juin prochains.