Législatives 2024. Procurations : ce site qui propose de trouver quelqu'un pour voter à votre place... mais ce n'est pas sans risque

Après "Plan Procu", c'est le site d'Action populaire, affilié à la France Insoumise, qui propose de mettre en relation des citoyens qui souhaiteraient voter par procuration. Mais le site, ouvertement favorable au Nouveau Front populaire, pourrait être infiltré par les électeurs d'autres parties.

Le premier tour des élections législatives a enregistré un taux de participation jamais atteint depuis 1997. Un chiffre permis en partie grâce aux fameuses "procurations" - qui ont elles aussi atteint un chiffre record - mois de juillet et départ en vacances obligent.

Mais trouver un proche de confiance, qui est en mesure d'aller voter dans votre bureau, peut s'avérer compliqué. Alors des solutions parallèles ont émergé.

Donner sa voix à un inconnu

En plus de "Plan Procu", porté par l'association "A voté", "Action populaire", le réseau social des militants de la France Insoumise, a également sa plateforme de mise en relation d'inconnus, qui existe depuis 2017, et qui est réactivée à chaque élection. Le principe est simple, il suffit de remplir un formulaire d'une minute avec ses informations. Il est possible de s'enregistrer pour "Permettre à quelqu'un de voter à votre place" ou bien "Se porter volontaire pour prendre une procuration". Dans les deux cas, la plateforme met en relation deux personnes de la même zone géographique, et les deux n'ont plus qu'à valider sur leur téléphone.

Le site Action Populaire, affilié à la France insoumise, appelle sans surprise à voter pour le Nouveau Front populaire. La plateforme n'est donc pas neutre, et consiste à mettre en relation des électeurs de gauche. 

Infiltration ? 

Une action militante somme toute classique. Mais d'autres internautes alertent sur un risque de détournement des votes. Des électeurs de droite en profiteraient ainsi pour se porter volontaire, mais en allant voter pour l'extrême droite le jour J.

Les soupçons d'infiltration sont en fait partis de messages moqueurs et ironiques sur les réseaux sociaux, comme celui posté par le syndicat d'extrême droite GUD, qui raillait l'initiative de la plateforme : "Que cela ne vous donne pas l'idée de trahir la confiance de l'électeur qui vous confie son vote, en votant à la place pour un parti qui défend les Français par exemple". On aura compris le sous-entendu. Le post X (anciennement Twitter) a été supprimé depuis ; tout comme le syndicat d'ailleurs, dissous par le gouvernement le 26 juin dernier.

La plateforme est consciente du problème

Selon le journal Libération, il est difficile d'avancer que le site de l'Action Populaire est la cible d'actes malveillants, car rien ne le prouve à ce jour. D'ailleurs, la mise en relation sur le site n'engage à rien de définitif, puisque c'est annulable à tout moment, et que le mandant doit passer en gendarmerie pour confirmer sa procuration donnée au mandataire.

Contactée, la plateforme Action populaire se dit consciente de la possibilité d'infiltration, mais que cela ne présente pas un problème d'envergure : "Ce risque reste marginal, car la très grande majorité de nos mandataires sont des personnes actives dans le mouvement et l'ancienneté est un critère de priorisation que notre algorithme met en avant lorsque nous proposons une demande à un ou une volontaire". 

Le site ajoute : "Pour réduire encore plus les risques, nous essayons aussi de sensibiliser les personnes qui donnent procuration et les invitons à échanger avec la personne qui accepte de voter à leur place et, puisque celle-ci est obligée d'indiquer ses vraies coordonnées, à faire une recherche sur internet et ses réseaux pour se faire une idée de sa sensibilité politique et nous signaler tout élément suspect."