"Les week-ends, il y a 8 à 10 heures d'attente" : urgences saturées et multiplication des agressions des personnels au CHU de Montpellier

Les syndicats du CHU de Montpellier viennent d'alerter leur direction. Depuis dix jours, l'afflux de patients lourds aux urgences progresse significativement, notamment les week-ends et jours fériés. Et les agressions physiques violentes contre le personnel se multiplient, trois rien que vendredi dernier.

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Comme chaque été, le service des urgences du CHU Lapeyronie est sous tension. Et si le nombre moyen de passages quotidiens reste stable, les cas et pathologies semblent plus lourds selon les médecins. Enfin, le manque de lits disponibles ensuite, notamment dans les services de médecine ou de psychiatrie, amplifie le phénomène de saturation des urgences.

Conséquence, le personnel est victime d'agressions verbales mais aussi de plus en plus physiques. Les syndicats dénoncent une insécurité et des violences croissantes.

160 à 180 passages par jour aux urgences

Vendredi 14 juillet, 180 patients se sont présentés aux urgences du CHU de Montpellier. Hors problème vital, ils ont dû attendre 8 à 10 heures pour être pris en charge médicalement.

Cette saturation génère des tensions au sein du service. L'agacement des malades et des familles se transforme souvent en insultes voire en agressions physiques. Ce vendredi 14 juillet 2023, deux médecins et une infirmière ont été menacés, brutalisés ou frappés.

Les syndicats ont alerté leur direction et l'ARS Occitanie.

C'est le manque de personnel et de box de soins puis de lits qui provoquent les tensions aux urgences. L'attente exaspère les malades et les accompagnants. Et cela devient dangereux pour la sécurité du personnel.

Pierre Renard, syndicaliste CGT au CHU de Montpellier

Malgré la présence 24h/24 de deux agents de sécurité aux abords des urgences, rien n'y fait la violence est là. "Nous demandons à la direction du CHU des agents de sécurité dans les urgences même, pas seulement aux abords du service" explique le syndicaliste.

150 décès par mois pourraient être évités en France

Les représentants du personnel ont voulu lancer une procédure de "danger grave imminent" au CHU, elle permet à un salarié de faire jouer son droit de retrait sans accord préalable de l'employeur. Mais cette mesure ne peut se faire qu'avec des témoignages du personnel. Or, presque tous refusent d'en parler et encore plus de témoigner devant la direction.

Ces "petits dysfonctionnements" mis bout à bout ont des conséquences sur le moral des troupes et sur les soins donnés aux patients. Souvent, la lenteur de prise en charge du malade après son arrivée et le peu de temps disponible pour se consacrer à chacun ont des conséquences sur l'évolution de la pathologie et la santé du malade.

Un délai d'attente trop long, des locaux trop petits et inadaptés, un manque de personnel et en aval, un manque de lits, tout cela c'est de la maltraitance des malades, de la souffrance au travail pour les soignants et les agents. Une étude évalue à 150 par mois, les décès qui pourraient être évités si les conditions d'accueil et de soins étaient optimales. Environ 1 800 vies sauvées par an !

Pierre Renard, syndicaliste CGT au CHU de Montpellier

Le manque de personnel est un problème important mais s'ajoute à cela le manque de lits d'accueil.

Absentéisme en hausse et 14% des lits fermés

En plus des postes vacants, un autre phénomène touche les urgences en été : l'absentéisme. Il est de 7 % à 8 % chez les infirmières et d'environ 10 % pour les aides-soignants.

Outre la fatigue et les arrêts maladie, les conditions de travail dégradées accroissent le phénomène. Mais sans possibilité de remplacement, en période déjà tendue de vacances, la charge de travail retombe sur les présents, la qualité des soins s'en ressent et l'attente est rallongée pour les patients.

"C'est un cercle vicieux. À force d'être à flux tendu tous les jours, le service ne peut plus suivre la cadence des arrivées des patients. L'ambiance est électrique et les esprits s'échauffent donc les personnels s'épuisent encore plus" Pierre Renard.

Sans oublier, qu'une fois pris en charge aux Urgences, il faut trouver un lit au patient dans un service spécialisé. Et là, c'est le parcours du combattant... Cet été, en moyenne, 14% des lits du CHU de Montpellier sont fermés par rapport au fonctionnement normal des autres mois. D'où une attente encore plus importante aux urgences, quelques fois même, 24 heures ou 36 heures sur un brancard.

Une campagne d'information pour sensibiliser les Français

Pour sensibiliser les gens à ce problème et désengorger les Urgences, des spots de publicité sont diffusés cet été, notamment à la radio. Des affiches sont aussi visibles en ville. La recommandation est simple, s'informer auprès de son médecin traitant ou téléphoner au 15 avant de se rendre aux Urgences.

Il s'agit de ne plus encombrer les urgences avec des urgences qui sont en fait de la bobologie.

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