Sept des douze canadairs de la flotte française n'étaient pas opérationnels quand le feu du dimanche 18 août 2024 s'est déclenché à Frontignan dans l'Hérault. Appareils en nombre insuffisant, risques de pannes : ce déficit d'investissement met en danger les soldats du feu, les riverains et l'environnement, selon le secrétaire général du syndicat national de l'aviation civile.
En France, les périodes de sécheresse se prolongent et les risques d'incendie grandissent. Pourtant, la Sécurité civile du pays manque toujours de canadairs, ces avions bombardiers d'eau dédiés à l'extinction des feux stationnés sur la base nationale de Nîmes Garons depuis 2017.
Dimanche 18 août, 326 hectares de garrigue ont brûlé en une demi-journée, sur le massif héraultais de la Gardiole. Ce jour-là, seuls cinq des douze canadairs de la Sécurité civile française étaient fonctionnels.
Si d'autres feux étaient survenus, nous n'aurions pas eu d'avions supplémentaires à mettre sur d'autres chantiers.
Benoît Quennepoix, secrétaire général du syndicat national de l'aviation civile
Des failles de maintenance
Où se trouvaient les canadairs manquants ? Beaucoup sont en réalité défectueux, en attente de réparation dans les locaux de Sabena Technics, un groupe spécialisé dans la maintenance aéronautique.
Problème : l'entreprise manque d'effectifs et ses salariés mécaniciens, régulièrement en grève, dénoncent des conditions de travail et de salaires déplorables. Faute de moyens, les canadairs campent dans la file de réparation chez Sabena Technics. Et cette situation pénalise toute la population.
Avec moins de moyens de lutte contre les feux de forêt, le péril pour les habitants et l'environnement est en effet plus important. Mais des risques de panne mettent aussi directement "en danger la sécurité des équipages", rappelle Benoît Quennepoix.
Deux nouveaux canadairs... en 2028
Selon le syndicaliste, également pilote de la Sécurité civile, il est d'autant plus important de "maintenir la flotte actuelle dans le meilleur état possible" que la fabrication de nouveaux canadairs dure de longues années.
Lundi 12 août, le ministre de l'Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin a acté la commande de deux nouveaux avions Canadair DHC 515, en signant leur contrat d'acquisition.
Mais aucun de ces bombardiers d’eau n'est immédiatement disponible à l'achat. "Le temps que la chaîne de fabrication soit relancée", Benoît Quennepoix ne les espère pas avant 2028.
Écrit avec Pauline Pidoux et Chloé Nivard.