Au lendemain de l'incendie qui a ravagé 340 hectares du massif de la Gardiole entre Gigean et Frontignan dans l'Hérault ce dimanche 18 août 2024, les flammes font place à un paysage sinistré. Quel impact aura le sinistre sur la faune et la flore du massif ? Voici l'avis d'un militant associatif écologiste qui connaît bien la Gardiole.
Après une après-midi et une nuit entière de lutte, le feu a été fixé par les 600 sapeurs-pompiers mobilisés sur l'incendie monstre qui a ravagé le massif de la Gardiole entre Gigean et Frontignan dans l'Hérault.
Certaines habitations ont été évacuées mais il n'y a aucun blessé à déplorer. En revanche du côté de la flore, le massif fait peine à voir.
Un paysage carbonisé
Des étendues noires parsemées de taches vertes. Ce lundi 19 août 2024, vu du ciel depuis l'hélicoptère du Service Départemental d'Incendie et de Secours (SDIS 34), c'est le nouveau paysage que laisse à voir le massif de la Gardiole après le violent incendie qui l'a dévasté.
Face à ces étendues carbonisées, il est difficile de ne pas s'inquiéter en pensant à la faune présente sur place et aux conséquences du sinistre sur la flore.
Peu d'impact sur la faune et la flore
Pourtant, d'après Jean-Paul Salasse, coprésident de l'association "les Écologistes de l'Euzière", "l'incendie n'a à peu près aucun impact sur la faune et la flore du massif", en dépit de la végétation sinistrée.
Les oiseaux se sont envolés, les lézards, les escargots et les œufs sont bien au fond, dans la terre. Biologiquement, un incendie un 15 août, ça n'a pas beaucoup d'importance.
Jean-Paul Salasse - co-président de l'association les Écologistes de l'Euzière
Toujours selon le membre de l'association, depuis des années, le massif est un habitué des incendies : "la Gardiole a brûlé des milliers de fois, elle s'en est toujours remise".
Une perte paysagère
Si cet incendie n'a pas vraiment d'impact sur la faune et la flore, comme l'avance l'écologiste, alors pourquoi cette carte postale carbonisée interpelle-t-elle autant ?
"Ce paysage renvoie à notre imaginaire collectif qui pense que, si le feu a pris c'est que c'est de notre faute", explique le fin connaisseur du massif depuis 40 ans, avant d'ajouter : "ce qui est embêtant, c'est quand ce sont les arbres qu'on a plantés qui brûlent, c'est une question d'importance paysagère".
Ça n'est pas une catastrophe écologique, c'est un embêtement paysager qui coûte énormément d'argent.
Jean-Paul Salasse - co-président de l'association les Écologistes de l'Euzière
Le massif de la Gardiole : une merveille délaissée
Le massif de la Gardiole, coincé entre deux agglomérations, celle de Sète et celle de Montpellier, appartient pour moitié à l'état et pour moitié à des propriétaires privés.
Deux mille hectares de forêt domaniale et communale sont donc gérés par l'Office National des Forêts (ONF), tandis que le reste est géré par les privés.
C'est une merveille, en termes d'histoire, de botanique et de faune mais elle n'est pas bien gérée.
Jean-Paul Salasse - co-président des Écologistes de l'Euzière
Un défaut de gestion non centralisée que pointe du doigt l'écologiste, avant de dénoncer un manque de moyens déployés par l'état ou mal employés, "si on avait mis ces moyens dans de la prévention avec des îlots de verdure ou des bergers, on aurait pu réduire les dégâts : dès qu'il y a une vigne entretenue, le feu s'arrête au mètre près".
Le massif de la Gardiole, c'est génial mais presque personne ne le sait. Localement, de la garrigue comme ça, il y en a partout : 350000 hectares de ce paysage, c'est un peu banal. Mais quand on y regarde de plus près, 5000 hectares d'un seul tenant, il n'y en a pas beaucoup.
Jean-Paul Salasse - co-président des Écologistes de l'Euzière
"C'est une merveille, mais on n'en fait rien", conclut Jean-Paul Salasse.
Et après ?
"Certains vont dire qu'on devrait reboiser et couper les arbres morts, mais il ne faut surtout pas, car ça va coûter cher alors que les insectes vont très vite venir les occuper et les faire tomber !" s'exclame-t-il lorsqu'on lui demande la prochaine étape.
Replanter, c'est replanter des résineux qui brûleront dans 10 ans voire avant : alors, il faudrait faire une espèce de deuil collectif du paysage.
Jean-Paul Salasse - co-président des Écologistes de l'Euzière
"Il ne faut surtout rien faire, laisser la nature travailler et dans 5 ans on ne verra plus rien", conclut Jean-Paul Salasse pour qui "la garrigue est en quelque sorte vouée à brûler".