Véronique Négret, la maire de Villeneuve-lès-Maguelone dans l'Hérault, part en guerre contre le "beaching", le fait de garer son bateau au plus près de la plage. Les embarcations sont de plus en plus nombreuses à accoster plage du Pilou, un espace naturel protégé. Jusqu’à 200 par jour, une affluence qui pose problème.
Jeter l’ancre à quelques mètres à peine de la plage, avant d’y étendre sa serviette. L'accostage sauvage sur la plage du Pilou fait de plus en plus d’adeptes. Jusqu’à 200 plaisanciers par jour certains week-ends d’été. La petite plage prend des allures de port. Un afflux de bateaux et de touristes qui n'est pas sans conséquence.
Premier impact : le bruit incessant des moteurs. Musique, barnum installé à même la plage, barbecue. Certains "beachers" ne sont pas franchement discrets dans ce lieu réputé tranquille.
On est dans une incohérence totale entre ce type de comportement et la plage naturelle
Véronique Négret, maire de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault).
Une plage sauvage et protégée
Mais le plus inquiétant, c’est l’impact sur l’environnement. Car le site, beau et sauvage, est un espace naturel protégé pour son écosystème et sa biodiversité. Beaucoup d’oiseaux (gravelots, sternes...) viennent pondre dans le sable ou nicher dans les dunes. Certains endroits sont protégés par des filets pour permettre la reproduction. C’est une plage sensible, un véritable lieu de vie sauvage dont les règles expliquées aux abords du site, sont en général connues et respectées par les locaux.
Mais quand les vacanciers arrivent directement par la mer, sans passer devant les panneaux explicatifs du Conservatoire du littoral, impossible de les sensibiliser. "Et certains ont des comportements peu respectueux", déplore la maire de la petite commune balnéaire.
Interdire aux bateaux 7 km de littoral en plus
Les bateaux des particuliers jettent l’ancre juste après les bouées, après la fin du balisage qui leur interdit d’accoster. Actuellement, deux kilomètres de plage sont balisés. Il faudrait faire les sept kilomètres supplémentaires. Une charge financière que la petite commune ne pourra pas assumer seule, selon Véronique Négret, qui est aussi vice-présidente de la métropole de Montpellier en charge du littoral.
"Et ce n’est pas tout ! Il faut assurer ensuite l’entretien. Cela nécessite aussi des forces de police pour surveiller le respect de la zone et des règles, a-t-elle expliqué à Léo-Pol Platet et Thomas Imbert qui sont allés à sa rencontre sur la plage de Villeneuve. La seule chose que je peux faire, c’est alerter et travailler avec la métropole et les autres intercommunalités."
Car le problème nécessite une mobilisation collective, ces embarcations étant louées pour certaines dans les ports voisins.
Cette dégradation d’un espace protégé vient impacter un littoral déjà fragile. En septembre dernier, l’UICN, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature avait alerté sur les dangers qui menacent plusieurs plages de Méditerranée. À l’image du lido de Pierre Blanche entre Palavas, Villeneuve-lès-Maguelone et Frontignan.