Dans le monde du rugby, le bilan est inquiétant : 3 joueurs sont morts en six mois. Comment stopper cette terrible spirale ? Quelles solutions pour éviter ce genre de drame ? Hélène Macurdy et Benoît de Tugny ont mené l’enquête, au sein du Montpellier Hérault Rugby.
Un dimanche de décembre. Nos journalistes assistent à un match entre deux clubs: les espoirs de Montpellier reçoivent ceux de Brive. Quelques jours auparavant, ils apprenaient la triste nouvelle : le décès de Nicolas Chauvin, 18 ans, jeune espoir du stade français, suite à un double plaquage.
Mathieu Astruy, analyste vidéo des espoirs au Montpellier Hérault Rugby est présent auprès des jeunes joueurs depuis le décès de leur camarade.
Ils sont choqués, ils ont envie d’en parler avec les adultes et les encadrants. C’est ce que nous avons fait, de la manière la plus naturelle possible. Nous avons beaucoup changé, nous en parlons. Cela reste quelque chose de fort, très fort même.
Le rugby : un sport trop dangereux ?
Nicolas Chauvin est le troisième jeune joueur à être décédé sur les terrains français. Le troisième en seulement six mois…
Ce phénomène s’expliquerait-il par un sport devenu trop dangereux ? En 15 ans, le poids des joueurs a augmenté de plus de 15 kilos.
Jacques Jiordan, le médecin Montpellier Hérault Rugby est inquiet.
Avant chaque match, j’ai peur qu’il se passe quelque chose de grave. Et ça, c’est nouveau. Aujourd’hui, nous avons des gamins qui ont à peine 18 ans et qui rencontrent des gens qui jouent en Top 14, qui ont 22 voire 23 ans. Nous prenons des risques d’autant plus qu’en ce moment, ce n’est pas de l’évitement, c’est de l’affrontement. Nous n’avons pas fini d’avoir des catastrophes si ça continue comme ça.
Espoir : la catégorie de tous les dangers
Il y a cinq ans, les difficultés financières de certains clubs à engager une équipe Reichel, la Fédération a supprimé la catégorie. Résultat : finis les moins de 20 ans, fini le palier intermédiaire.
Louis Picamoles, le capitaine Montpellier hérault Rugby doute de l’utilité de ce choix.
Quand j’avais 18 ans, je pouvais évoluer dans une catégorie où il n’y avait qu’un an d’écart entre les joueurs. A 18 ans, certains sont formés, pendant que d’autres n’ont pas terminé leur croissance.
Quelle responsabilité pour les entraîneurs ?
La mort de Nicolas Chauvin pose aussi la question de la responsabilité des entraîneurs. Pour Vern Cotter, le manager Montpellier Hérault Rugby, la situation est loin d’être simple.
Parfois c’est compliqué car des jeunes garçons de 18 ans voudraient jouer mais pour nous, ils ne sont pas prêts. C’est frustrant pour nous, compliqué pour eux et avoir cette marge entre 18 et 22 ans, c’est risqué.
Des règles déjà modifiées
Il y a quelques années, face aux accidents en mêlées, certaines règles avaient été modifiées. Cela avait porté ses fruits : les traumatismes en première ligne sont devenus rares.
Le rugby sait donc s’adapter. Car il en va de la sécurité des jeunes joueurs, tous animés par une seule chose : la passion du rugby.
Voici le reportage d'Hélène Macurdy, Benoît de Tugny et Paul Sicard.