#MeToo hôpital : comment la faculté de médecine de Montpellier lutte contre les violences sexistes et sexuelles

Ces dernières années, plusieurs enquêtes, nationale puis montpelliéraine, ont pointé l'ampleur des violences sexistes et sexuelles auprès des étudiants en milieu hospitalier. À la faculté de médecine de Montpellier, on mise sur la prévention.

Un déferlement de témoignages. Depuis la prise de parole de la professeure Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, qui accuse de "harcèlement sexuel et moral" le médiatique urgentiste Patrick Pelloux, un nouveau "#MeToo" a vu le jour. Cette fois, c'est le milieu hospitalier qui est dans la tourmente.

"On n'est pas surpris"

Une vague qui n'étonne pas Carla Grassaud, étudiante en troisième année de médecine à l'Université de Montpellier et vice-présidente de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) chargée de la lutte contre les discriminations. "C'est évidemment choquant de lire ces témoignages, mais en tant qu'associatif, on n'est pas surpris, regrette-t-elle. On avait déjà ces retours-là, que ce soit à Montpellier ou au niveau national".

Neuf fois sur dix, l'agresseur est un responsable hiérarchique

En 2020, l'association lance une enquête nationale sur les violences sexistes et sexuelles auprès des étudiants en médecine, qu'il s'agisse de faits en milieu universitaire ou en milieu hospitalier, où les futurs médecins passent une partie de leur cursus. "Sur la partie hospitalière, on a reçu 4 191 témoignages de violences sexistes et sexuelles." Dans neuf cas recensés de harcèlement sexuel sur dix, l'auteur des faits est un supérieur hiérarchique.

Une grande enquête à Montpellier en 2022

Un phénomène auquel n'échappe pas Montpellier. En 2022, Théo Lacoste étudie en 4e année de médecine à Montpellier, et est vice-doyen étudiant de la faculté. Il décide de lancer une enquête sur les violences sexistes et sexuelles auprès des étudiants en médecine, orthophonie, orthoptie et maïeutique - hors internes.

24,80 % des répondants ont été victimes de harcèlement au cours de leur formation hospitalière - principalement des femmes. Propositions sexuelles, gestes déplacés, agressions... Selon Carla Grassaud, "l'omerta règne à l'hôpital". En cause, le poids de la hiérarchie. La peur des représailles ou de la stigmatisation pousse les victimes à garder le silence.

Et les difficultés que connaît l'hôpital public n'aident pas. "Il y a eu des cas où l'on voulait renvoyer le chef de service, mais si on le vire, le service va fermer. Et dans ce cas, qu'est-ce qu'on fait des patients ?"

Alors, si huit victimes sur dix se confient à des proches, elles sont moins d'1% à porter plainte ou signaler les faits à la hiérarchie.

Ces violences ne sont pas systématiques, mais elles sont systémiques.

Carla Grassaud, vice-présidence de l'ANEMF chargée de la lutte contre les discriminations

À la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes, les résultats de l'enquête sur les violences sexistes et sexuelles ont suscité une onde de choc. Et de nombreuses réactions de la part de l'administration. "Je voulais absolument que l'étude soit faite en lien avec la faculté de médecine. Il était impensable de sortir des résultats, puis qu'il ne se passe rien", raconte Théo Lacoste.

De la prévention à la faculté de Montpellier-Nîmes

Après la publication de ce rapport, un travail de sensibilisation a été fait au sein de la faculté. En stage, les étudiants ont la possibilité de signaler tout problème à une association étudiante via un logiciel. Une manière de contourner le poids de la hiérarchie hospitalière.

Au sein de ces associations, la création d'un "pôle bien-être" a été rendue obligatoire pour pouvoir bénéficier de subventions. Des professeurs ont été nommés référents de lutte contre les violences sexuelles, et un poste de vice-doyenne en charge de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles a été créé.

Une faculté précurseure en France, selon Théo Lacoste. Sophia Berrahal, étudiante en troisième année de médecine à Montpellier, abonde : "La doyenne est très impliquée sur la question des violences sexistes et sexuelles. C'est le maître mot de son mandat."

La fac de médecine de Montpellier-Nîmes est précurseure en matière de prévention des violences sexistes et sexuelles.

Théo Lacoste, ancien vice-doyen étudiant de la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes

Messages de prévention, vidéos diffusées dans les locaux de la faculté... La jeune femme décrit une faculté très sensibilisée à la thématique. "On sait tous qu'on peut lancer une procédure si un stage se passe mal. C'est rassurant, on sait qu'on sera écoutés."

Finalement, si du côté universitaire, la faculté de médecine a pris conscience de cet enjeu, il semble que ce soit en milieu hospitalier que le travail reste à faire. Selon Carla Grassaud, "les encadrants hospitaliers manquent drastiquement de prévention. Ce qu'il faudrait, c'est sensibiliser tous les services qui sont amenés à accueillir des étudiants", détaille-t-elle.

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