Alaïs Ragot avait 19 ans, quand elle a été battue et poignardée à mort, le 10 février 2020, dans un appartement Airbnb près de la gare de Montpellier. Trois personnes ont été inculpées de meurtre et complicité dans ce drame. Mais l'auteur présumé des violences mortelles s'est suicidé le 16 mars dernier en prison. Ce proxénète multirécidiviste, déjà condamné à une quinzaine de reprises, avait 33 ans.
Devant la cour d'assises de l'Hérault, le procès du meurtre d'Alaïs s'ouvre avec deux accusés dans le box. Driss et Pricillia, qui comparaissent libres, doivent répondre de complicité d'extorsion avec violences ayant entraîné la mort d'Alaïs.
La jeune femme de 19 ans a été battue puis poignardée à mort dans un appartement où elle se livrait à la prostitution. Elle est décédée le lendemain au CHU de Montpellier.
Deux personnes ont été témoins de la sauvagerie du meurtre d'Alaïs. Ces deux hommes ont expliqué aux enquêteurs avoir été rapidement neutralisés par les agresseurs et donc n'avoir rien pu faire pour venir en aide à la victime.
Des témoins des coups mortels
Dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 février, au 16 rue Aristide Ollivier, alertés par des cris, les voisins appellent la police pour leur signaler une possible agression.
Arrivés sur les lieux, les forces de l’ordre découvrent une jeune femme de 19 ans entre la vie et la mort, elle a été victime de nombreux coups. Très vite transportée à l’hôpital, elle meurt le lendemain des suites de ses blessures.
Rapidement, les policiers interpellent deux individus sur les lieux et les placent en garde à vue. L'un dit être un client de la victime, l'autre était caché dans la salle de bains. Elle se livrait à la prostitution. Elle trouvait ses clients sur un site internet, et louait ensuite un appartement sur le site Airbnb pour les recevoir. Les deux hommes avouent avoir été témoins de la scène.
Ils expliquent qu'au moment de partir, deux personnes cagoulées et armées sont entrées dans l'appartement et ont menacé la jeune femme. L'un avec une arme de poing, l'autre avec un couteau d'une lame de 20 centimètres. Les deux ont soutiré quelques centaines d'euros à la victime avant de la frapper à mort.
Un déchaînement de violences
Le groupe formé de Quentin, proxénète, sa compagne Priscillia et Driss un ami, part de Béziers où ils résident pour Montpellier. Leur but, extorquer de l'argent à Alaïs qui avait pris ses distances avec son souteneur mais continuait à travailler. Selon eux "elle gagnait beaucoup d'argent car elle travaillait beaucoup".
Les deux hommes se sont alors introduits dans l'appartement d'Alaïs, en profitant de l'arrivée d'un client.
Tandis que Driss tenait en respect les deux clients présents, Quentin a passé la jeune femme à tabac pour savoir où était l'argent puis l'a poignardé dans une explosion de violence.
Il y a eu d’abord des tentatives de strangulations puis des coups de pied, des coups de poing sur le visage aussi et des coups de couteau. Tout ça dans le but de lui faire remettre l’argent qu’elle avait sur elle, mais aussi de lui faire dire où se trouvait les revenus de sa prostitution.
Fabrice Bélargent, procureur de la République de MontpellierFévrier 2020
Puis les deux hommes ont pris la fuite.
Dans la salle de bains de la victime, une mallette avec 10 000 euros en espèces a été retrouvée par les policiers.
Les deux suspects vite identifiés
Très vite, les caméras de vidéosurveillance permettent d'identifier deux personnes, Quentin R., aussi appelé Jo, un proxénète de 28 ans à l'époque et sa compagne du même âge, Priscillia H. qui lui servait de chauffeur.
Ils sont interpellés et placés en garde à vue. Quentin reconnaît les faits. Sur place, l'homme aurait "pété les plombs", et se serait acharné sur la victime.
"Pour l’instant, nous ne sommes pas sur de la préméditation mais sur de la détermination, puisqu’au moment où l’homme commence à frapper sa victime, il dit aux deux personnes témoins de la scène : bougez pas, vous ne risquez rien mais elle, elle va mourir", expliquait le procureur de la République de Montpellier, peu après les auditions en 2020.
Quentin déjà condamné à 15 reprises
Quentin, auteur des coups mortels, avait déjà été condamné à 15 reprises pour des faits de rébellions, des menaces de mort, usages de stupéfiants et proxénétisme aggravé. Il purgeait une peine de dix ans de prison depuis le 13 avril 2023 pour avoir prostitué des jeunes femmes en Île-de-France, à Perpignan et Montpellier.
Avec ce procès, il risquait la réclusion criminelle à perpétuité pour meurtre. Mais il s'est suicidé le 16 mars 2024 à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone.
Seuls ses deux complices comparaissent devant la cour d'assises de l'Hérault.