Pas assez de surveillants, un budget en baisse et des grilles mal entretenues, le collège Fontcarrade à Montpellier manque de moyens pour assurer la sécurité des élèves. Une situation explosive selon les parents d'élèves, venus soutenir le personnel et les enseignants en grève ce jeudi matin.
Comment désamorcer les conflits inévitables entre les élèves quand on est seul dans la cour pour surveiller 200 élèves? Cette question, les parents d'élèves du collège Foncarrade auraient bien voulu la poser au rectorat de l'académie de Montpellier mais, malgré leurs nombreuses demandes et une première manifestation hier mercredi 19 mai devant les bureaux de la rectrice, ils n'ont pas été reçus. Alors, tôt ce jeudi matin, ils ont accroché des pancartes aux grilles de l'établissement et à nouveau manifesté leur inquiétude et leur soutien au personnel du collège.
J'invite quelqu'un du rectorat à venir surveiller seul 200 élèves dans la cour. Pour moi ce n'est pas possible. Et même dangereux pour les enfants.
"Collège en danger, parents dégoûtés", un slogan qui résume bien l'inquiétude des enseignants et des parents d'élèves, interrogés dans un reportage de France 3 Occitanie.
Evitez la dégringolade
La fille de Camille Béghin est élève au collège Fontcarrade, mais avant elle, son frère y était scolarisé. La mère de famille a vu la situation de ce collège, situé dans un quartier sensible, se dégrader en moins de 10 ans. "C'est un collège qui accueille des élèves qui ont des vies difficiles. Le travail de prévention est essentiel et ce travail ne peut pas être fait. Les surveillants s'épuisent sans pouvoir remplir correctement leur mission", explique Camille Béghin.
C'est pour soutenir le personnel et les enseignants que les parents d'élèves ont manifesté ce jeudi 20 mai devant l'établissement. Les AED, assistants d'éducation, sont chargés de la surveillance mais aussi d'un travail de prévention des violences et conflits entre élèves. Ce sont des emplois essentiellement à mi-temps, qui, expliquent les parents, ne sont pas remplacés quand ils sont absents. D'après leurs calculs, il manquerait deux postes et demi de surveillants pour que le collège puisse fonctionner normalement.
Pour Eric Rivals, dont tous les enfants ont été ou sont encore élèves de Fontcarrade, "ce collège était plutôt tranquille, avec une équipe motivée et un nombre d'élèves raisonnable. Depuis quelques années, le nombre d'élèves par classe n'a cessé d'augmenter. Il y a des coupures budgétaires et un nombre de surveillants incomplet."
On voit depuis des années la dégradation, le manque de personnel. Tout le confinement a été compliqué. L'insécurité augmente. Il y a des rixes entre élèves.
Pour le personnel, soutenu par les parents, il est impossible de faire un accompagnement pédagogique des élèves quand les missions basiques de surveillance ne peuvent être accomplies. "On ne demande pas de moyens supplémentaires", renchérit Eric Rivals, "ce sont les moyens nécessaires qui ne sont pas là."
Une situation explosive
Au fil des ans, la situation s'est tendue et l'établissement est devenu poreux à la violence extérieure. Selon les parents, les grillages mal entretenus permettent aux élèves (et aux autres) de rentrer et sortir de l'établissement. Le confinement, les restrictions sanitaires ont aussi amplifié les problèmes existants, tant au sein du collège que dans certaines familles. "Les actions de prévention de la violence que nous tentons ne peuvent être menées à bien, car les financements attribués par le rectorat diminuent, explique Vincent Ramos-Filaire, enseignant de lettres classiques à Fontcarrade."On a un collège avec une population qui peut être très défavorisée. Le projet de classe coopérative qui permet la gestion des conflits n'a plus de financement, on ne peut plus dédoubler les classes non plus, Le collège est en danger."
Les parents d'élèves demandent toujours au rectorat de les recevoir. Pour eux cette absence de dialogue confine au mépris alors même que la situation du collège devient incontrôlable. En février dernier, une rixe a vu des élèves s'affronter avec un couteau et un taser à proximité de l'établissement, après une bagarre commencée à l'intérieur les jours précédents. Quatre élèves ont été placés en garde à vue, libérés à l'issue de leurs auditions et le dossier a été transmis à la Justice.