Une mère de famille de 28 ans, sans casier judiciaire, dirigeant l'une des plus importantes plateformes illégales en France sur le "dark web" a été arrêtée mardi dernier dans le Nord. Un de ses complices, opérateur, vendeur et modérateur du même site web a été interpellé à Montpellier.
Le forum "Black Hand", la main noire, qui proposait à la vente depuis plus de deux ans de nombreux produits et services illicites (stupéfiants, armes, faux papiers, données bancaires volées...), a été "démantelé" mardi dernier avec l'interpellation de quatre personnes, dont un homme à Montpellier.
L'administratrice, arrêtée dans la région de Lille, était "connue sous le pseudonyme d'Anouchka, mais elle en a eu plusieurs autres, comme Hadès", détaille le responsable de l'opération menée par la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED).
"Une femme active à ce niveau-là, c'est assez original", commente-t-il, ajoutant qu'elle avait deux enfants et était sans emploi.
Anouchka n'était pas la créatrice de Black Hand, elle en avait récupéré la gestion, mais elle n'en était pas à sa première expérience sur le "dark web" (ou "dark net"), même si elle n'avait pas un "profil d'ingénieur informaticien +geek+", selon lui.
Un intervenant arrêté à Montpellier
Après une enquête d'environ un an, deux modérateurs-vendeurs ont également été arrêtés et mis en examen, ainsi qu'un "simple vendeur", parmi "des dizaines" présents sur ce forum qui comptait 3.000 membres.
Les interpellations ont eu lieu lors d'une opération "simultanée" dans les régions de Lille, Montpellier et Marseille, "pour qu'ils ne s'avertissent pas les uns les autres par messagerie cryptée". "Même s'ils ne se connaissaient pas +in real life+ (en chair et en os), ils échangent bien souvent".
Elle et les deux modérateurs se rémunéraient de diverses manières: d'abord via les inscriptions (entre 25 et 50 euros), mais également grâce à un système de garantie dans les transactions, appelé "Escrow", sur lequel ils percevaient entre 2 à 5% de commission environ. Enfin, les vendeurs pouvaient payer "des cotisations pour avoir un référencement de qualité sur le site".
Au-delà de ces flux d'argent, il y a "une tout autre économie pour les vendeurs, qui, eux, touchaient beaucoup d'argent", ajoute le responsable de la DNRED.
S'il est "très difficile" d'évaluer le volume du chiffre d'affaires du forum, les enquêteurs estiment à "plusieurs dizaines de milliers d'euros par an" les gains pour l'administratrice.