De Montpellier à Carcassonne : le vélo, nouvel enjeu des élections municipales

Loin d’être une priorité il y a quelques années, le vélo est en train de s’imposer comme un enjeu des élections municipales à venir. Y compris à Montpellier, mauvaise élève jusqu’ici des villes cyclables.

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A Montpellier, une pétition lancée pour réclamer une piste cyclable boulevard Figuerolles a récolté 1.500 signatures. Le boulevard est en rénovation depuis maintenant deux ans, mais les travaux ne prévoient aucun aménagement pour les cyclistes, alors même que l’axe avait été déclaré stratégique pour les deux-roues par la Métropole en 2018. "En ce moment la situation est un peu problématique, regrettait dimanche 2 février une habitante du quartier à l'occasion d'une manifestation organisée par l'association Vélocité. Et à première vue on n’a pas l’air de trop vouloir l’améliorer pour nous les vélos."

Pourtant, aménager une piste cyclable ne serait pas un luxe, comme en témoignent les derniers chiffres de la sécurité routière. Si en 2019, le nombre de morts sur les routes au total a légèrement reculé (3.239 décès recensés, neuf de moins que l’année précédente), il a en revanche augmenté pour les cyclistes, avec 184 décès (contre 175 en 2018, soit neuf victimes de plus). Par ailleurs, tous usagers confondus, la mortalité a augmenté de 7% dans les agglomérations, signe d’une dégradation des comportements dans les villes. D’où l’importance de toutes les mesures destinées à renforcer la sécurité sur les routes.
 



Sécurité, mais aussi accès plus facile aux commerces de proximité, désengorgement des villes (avec une réduction du nombre de voitures), sans oublier l'enjeu écologique (se déplacer en vélo plutôt qu'en voiture, c'est limiter la pollution et de fait contribuer à réduire le réchauffement climatique), les raisons d'encourager la pratique du vélo en ville sont nombreuses.
 

Montpellier, en queue de peloton


Or, en la matière Montpellier est à la traîne dans tous les classements. En 2017, au dernier baromètre des villes cyclables, la capitale héraultaise se classait 9e sur 11 villes de plus de 200.000 habitants, avec une note de 2,71 sur 6. Conditions de stationnement, entretien des aménagements cyclables, sentiment de sécurité, cohérence des itinéraires, écoute des cyclistes par la Ville : dans aucune de ces catégories, les cyclistes ayant participé à l’enquête n’ont donné la moyenne à Montpellier.

Autre classement significatif : Montpellier est la 10e ville sur 12 en matière de lutte contre la pollution de l'air, selon un rapport publié en décembre par Greenpeace. L'association pointe notamment du doigt le manque d'ambition des élus locaux pour réduire la place de la voiture, et le retard pris sur la mise en place d’aides financières pour changer de mode de transport.
 

Jusqu'ici, les vraies politiques en faveur des pistes cyclables ont fait défaut. Dans le domaine des mobilités douces, l'accent a surtout été mis sur les tramways, avec quatre lignes en fonctionnement et une cinquième en construction. Résultat : les points noirs, en d'autres termes les routes, rues, ronds-poins et zones qui posent problème sont légion, comme le montre une carte élaborée par la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), qui se bat pour "rendre la Solution Vélo attractive et sûre pour toutes et tous, partout en France".
 
 


#Jesuisundesdeux


Le site spécialisé Citycle rappelle qu'entre 2008 et 2014, "seulement 8 petits kilomètres de piste cyclable ont vu le jour à Montpellier". Elu à la Mairie en mars 2014, Philippe Saurel n’a guère fait mieux pour la petite reine. On se souviendra notamment d’une déclaration retentissante faite à notre micro en octobre 2018 : l’édile estime alors que les infrastructures cyclables sont utilisées "par deux personnes". 
 

En réaction, l'association Vélocité lance à l'époque le hashtag #Jesuisundesdeux sur les réseaux sociaux. Un cri de ralliement des cyclistes, qui se propage dans toute la France. Vélocité passe d’une centaine d’adhérents à 700 en quelques temps. Quelques jours après les propos du maire, un millier de cyclistes se rassemblent à Montpellier pour manifester leur présence.
 

Depuis, Philippe Saurel a quelque peu revu sa position. La Métropole a adopté fin 2018 un schéma directeur des mobilités actives, ou Plan Vélo XXL, avec un budget de 80 millions d'euros sur dix ans pour réaliser divers aménagements cyclables. Un progrès donc, mais à noter tout de même que le budget a été revu à la baisse, puisque le montant initial annonçait 100 millions.
 

Mars 2020 : le vélo au programme des municipales


Même avec ce plan, la marge de progression à Montpellier en matière de déplacements à vélo est encore considérable. D'autant plus que Montpellier, 7e ville de France, doit être à la hauteur de ce rang pour tout ce qui est mobilités. A titre de comparaison, Strasbourg, 8e ville de France, arrive première au baromètre des villes cyclables.

Certains candidats aux élections municipales ont bien compris le problème. Ils sont de plus en plus nombreux, quel que soit leur bord politique, à prendre en compte les déplacements à vélo dans leur programme, sous une forme ou une autre. Les écologistes en tête bien sûr : Europe Ecologie Les Verts veut faire de Montpellier "le paradis du vélo". Objectif : 


Permettre à chacun de se déplacer à vélo en toute sécurité. Quel que soit son âge ou sa condition. Tous les jours, dans tous les quartiers. Pour aller à l’école, au travail, faire ses courses.


Ils proposent entre autres des places de stationnement sécurisées, et une aide à l'achat pour les vélos électriques. Une mesure que l'on retrouve aussi parmi les propositions de Patrick Vignal, candidat LREM. A gauche, Michaël Delafosse, lui-même amateur de vélo, veut faire de l'investissement pour les mobilités une priorité. Autre candidat, Mohed Altrad a déjà déclaré souhaiter doter chaque enfant d'un vélo.
 

A Nîmes et Carcassonne, même prise de conscience


Il n'y a bien sûr pas qu'à Montpellier que le vélo s'est imposé dans le débat publique. A Nîmes aussi, les cyclistes sont désormais pris en compte. Les communistes par exemple souhaitent un grand plan vélo. Au centre, le candidat Yvan Lachaud souhaite 40 nouveaux kilomètres de pistes cyclables. A l'heure actuelle, la ville gardoise ne compte qu'environ 26 kilomètres d'aménagements cyclables (bandes et pistes). Là aussi, il faudra pédaler pour que Nîmes soit une vraie ville cyclable : en juillet dernier, l'association Attac pointait du doigt l'état des pistes : pas assez nombreuses, discontinues et mal matérialisées.
 

Du côté de l'Aude, la bicyclette a une fois encore réussi à tracer sa route jusque dans les programmes électoraux de certaines listes à Carcassonne. Plusieurs d'entre elles, dont la liste soutenue par LREM, veulent également inciter à la pratique du vélo.
En l'occurrence, le retard à rattraper est grand, puisque la ville s'est dotée de son premier espace partagé piéton/vélo au printemps dernier seulement. D'une longueur de deux kilomètres, il relie la gare et la Cité médievale, première étape d'un plan vélo 2018-2021 étalé sur trois ans qui vise à construire 22 kilomètres de piste en centre-ville avec un budget global de 915.000 €. Car actuellement, ce sont plutôt des bouts de pistes non reliés entre eux qui parsèment le réseau de ciuculation urbaine dans la cité audoise.

Bien sûr, à Montpellier comme à Carcassonne, tous les candidats n'ont pas intégré une réflexion sur le vélo dans leur programme : compte tenu de l'importance qu'a pourtant pris le sujet dans les débats, c'est peut-être cela qui fera, en partie, la différence au moment du vote.


 
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