Ce procès qui devait se tenir initialement le 6 octobre dernier, alors que Denis Agret était en garde à vue, se termine bien pour lui. Le médecin "antivax" et anti-pass de Montpellier est relaxé. Il était accusé d'atteinte à la vie privée de mineurs et de mise en danger d'autrui.
Le président du tribunal a prévenu son auditoire avant l'ouverture du procès, ce mercredi après-midi.
"Nous ne sommes pas ici pour juger, ni trancher les débats qui agitent aujourd'hui la société. Nous examinerons seulement les faits reprochés pour voir s'ils constituent ou non une infraction".
Le médiatique médecin antivax était jugé en correctionnelle pour la publication sur les réseaux sociaux d'une photo d'enfants mineurs sans masque, prise en janvier 2021 devant une école primaire de Montpellier. Le tout sans autorisation parentale.
Quatre familles, mécontentes de voir leurs enfants associés au médecin anti-pass, avaient porté plainte. Mais elles n'étaient pas présentes au procès, ni même représentées.
Denis Agret qui n'avait pas pu se présenter devant le tribunal correctionnel de Montpellier, où il devait comparaître le 6 octobre, a finalement été jugé ce 23 février 2022. La justice a ordonné sa relaxe dans ce dossier.
La relaxe car les infractions n'étaient pas constituées en matière pénale
L'ex-praticien de Montpellier était entendu pour "mise en danger de la vie d'autrui et atteinte à la vie privée". Il devait s'expliquer sur des faits qui se sont produits le 19 janvier 2021. Quatre plaintes étaient déposées contre lui.
Alors qu'il se trouvait devant une école de Montpellier, il avait fait poser les enfants pour une photo sans masque et sans aucune autorisation parentale. Puis, il l'avait postée sur les réseaux sociaux.
Le tribunal a estimé qu'il n'y avait pas de mise en danger de la vie d'autrui à regrouper des enfants sans masque. Car à cette période, le port du masque n'était obligatoire en extérieur que pour les enfants de 11 ans et plus. Or, les jeunes photographiés avaient entre 9 et 10 ans.
Concernant l'atteinte à la vie privée de mineur, en correctionnelle, il n'y a pas d'interdiction de publication si la photo est prise dans un lieu public, ce qui était le cas. Donc, il n'y avait pas de délit. Il aurait fallu pour cela attaquer au civil.
D'où la relaxe, même si le parquet avait requis quatre mois de prison avec sursis et 600 euros d'amende.
"Le tribunal a mis 2 minutes à délibérer. C'est dire combien les infractions qui étaient reprochées à mon client, le docteur Denis Agret, sont farfelues, pas constituées pour des raisons techniques. On aurait pu éviter des poursuites comme celles-ci".
Jean-Charles Teissedre, avocat de Denis Agret.
Deux autres enquêtes préliminaires
Fin septembre 2021, le procureur de la République de Montpellier a ouvert deux enquêtes préliminaires contre Denis Agret.
Le 20 septembre dernier, à l'occasion d'une manifestation devant les locaux de l'Agence régionale de santé à Montpellier, il s'en était vivement pris au personnel dirigeant de l'ARS Occitanie. Laquelle avait déposé plainte dans la foulée en raison "de propos d'une grande violence et menaçants pour la vie de Directeurs de l'ARS Occitanie", selon un communiqué. La vidéo des déclarations de Denis Agret avait largement été relayée sur les réseaux sociaux.
Fabrice Belargent, procureur de la République de Montpellier a ouvert une deuxième enquête préliminaire pour d'autres faits. Le médecin a publié sur ses réseaux sociaux le certificat de vaccination d'une jeune femme, tout juste décédée. Il établissait alors un lien direct entre le vaccin et la mort de cette personne, en livrant les noms des professionnels (une infirmière de Montpellier et un médecin de Béziers) qui l'avaient vaccinée.
Des enquêtes qui ont poussé Denis Agret à annoncer sa démission du poste de médecin généraliste salarié qu'il venait de prendre dans une commune du Var. Le praticien avait également annoncé démissionner de l'ordre des médecins et avoir supprimé tous ses comptes sur les réseaux sociaux.
Cette dernière résolution n'a duré que quelques mois, Denis Agret étant de nouveau très actif sur la toile.
Le prévenu devra à nouveau comparaître en juin devant le même tribunal correctionnel pour des déclarations incendiaires visant l'Agence régionale de santé (ARS) d'Occitanie, selon son avocat.