Le géant du tabac Philip Morris France s’est porté partie civile dans une affaire de contrebande de cigarettes provenant d’Ukraine, vendues principalement à Montpellier et dans l'Hérault. Une affaire qui met en lumière ce trafic très fortement implanté dans la ville et dans la région Occitanie.
À dix euros le paquet de cigarettes, de nombreux fumeurs tentent de trouver des solutions alternatives, et se tournent de plus en plus vers la cigarette de contrebande. Cette tendance s’est fortement accentuée ces deux dernières années, et encore plus depuis la crise sanitaire.
En effet, les consommateurs qui avaient l’habitude de passer la frontière en Espagne ou en Belgique pour faire le plein de cartouches à moindre coup, ont dû renoncer à cette pratique. Ils se sont alors massivement approvisionnés chez des vendeurs à la sauvette, proposant des cigarettes de contrebande à des prix imbattables.
Des cigarettes fabriquées en Ukraine
C’est justement dans un dossier concernant des épiceries et vendeurs à la sauvette que le géant du tabac Philippe Moris s’est porté partie civile. En juin 2018, un vaste réseau de vente de contrefaçons de cigarettes Malboro fabriquées en Ukraine, avait été démantelé à Montpellier par les policiers du SRPJ de Montpellier et les hommes du Gir (groupe interministériel de recherches).
Un grossiste, les gérants d'une épicerie et 3 passeurs étaient mis en examen pour contrebande en bande organisée. Les gérants de l’épicerie qui écoulait ces produits ont été jugés vendredi 2 juillet et condamnés à 14 mois de prison avec sursis et une interdiction définitive de gérer tout commerce. Les autres prévenus comparaîtront lors d’une seconde audience le 10 septembre.
Montpellier, eldorado de la contrebande de cigarettes
Le phénomène n’est pas rare dans la région bien au contraire. L’Occitanie, est même une des régions les plus touchées de France par ce phénomène. De 2019 à 2020, la consommation de cigarettes de contrebande est passée de 0,5% à 12% dans la région.
En France, si les concentrations de cigarettes contrefaites les plus fortes ont été observées en Ile-de-France ou en Auvergne-Rhône-Alpes, c’est en Occitanie que la consommation de ces produits est la plus importante. https://t.co/spYv2SaYni pic.twitter.com/10W0ff7Q2q
— Philip Morris France (@PhilipMorris_FR) July 8, 2021
À Montpellier, on atteint même les 23,6% de contrefaçons fumées en 2020. Un chiffre particulièrement élevé qui ne surprend pas Daniel Bruquel, chef du service de prévention du trafic illicite de Philippe Moris France. Selon lui, le trafic se déroule en grande partie sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook et Snapchat. Mais à Montpellier des points de deal physiques bien connus perdurent, comme sur le cours Gambetta.
Des usines clandestines aux frontières
Avec 300 millions de paquets vendus, les cigarettes de contrebande représentent 12% du marché du tabac en Europe. Il ne s’agit pas là de petites magouilles, mais d’un véritable réseau industrialisé, organisé, avec de multiples usines clandestines aux frontières du pays.
Selon une étude financée l'année dernière par Philip Morris France, filiale de l'entreprise internationale spécialisée dans les produits du tabac, la part de la consommation de cigarettes de contrebande et de contrefaçon dans la consommation totale s'élèverait à 23,1%, plaçant notre pays à la première place européenne.
Un trafic qui n’est pas sans conséquences pour l’économie française. Selon Hervé Nathalie, responsable territoriale à la Seita, Société d'exploitation industrielle des tabacs et des allumettes, la consommation illicite de cigarettes aurait ainsi pour conséquence une perte potentielle d'environ 5 milliards d'euros par an pour l’Etat.