Lors de ses voeux à la presse du 28 janvier, le préfet de l'Hérault, Pierre Pouëssel, a accusé deux groupes d'extrême gauche de faire partie des casseurs lors des manifestations des gilets jaunes. Contacté, un groupe incriminé revendique les violences qui lui sont reprochées.
Le préfet de l'Hérault voit rouge. Lors de ses voeux à la presse, le 28 janvier, Pierre Pouëssel a annoncé vouloir mieux isoler les casseurs lors des manifestations. Selon lui, deux groupes d'extrême gauche seraient à la manoeuvre lors des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre : le parti communiste maoïste et l'armée révolutionnaire marxiste.
Il faut isoler au maximum les casseurs, qui pensent que le grand soir est arrivé.
Samedi 26 janvier, parmi les 2 000 personnes ayant pris part à la mobilisation des gilets jaunes, la préfecture estime que 300 casseurs étaient présents. "Il y a un nouveau groupe qui vient d'apparaître qui s'appelle PCM, le parti communiste maoïste. C'est une particularité locale qui s'adosse à un groupuscule qui s'appelle l'armée révolutionnaire marxiste, l'ARM." Selon lui, ces militants étaient présents devant la préfecture, le 19 janvier, agitant un drapeau communiste.
Le parti communiste maoïste assume
Contacté, le parti communiste maoïste ne nie pas les accusations, au contraire : il les assume.Le mouvement, en réalité implanté à l'échelle nationale, assure s'engager dans "la lutte des gilets jaunes". Il dit combattre des "intrusions fascistes dans le mouvement" en "éliminant les prétendus porte-paroles racistes, sexistes et parfois affiliés aux partis d'extrême-droite." Des affrontements entre militants d'extrême gauche et d'extrême droite émaillent parfois les manifestations, comme ce fut par exemple le cas à Paris, le 26 janvier.Vis à vis des propos du préfet, le rôle des communistes est d'attiser le feu et de diriger les flammes dans la bonne direction.
#GILETS_JAUNES : un groupe d’extrême droite attaque un cortège d’extrême gauche à Paris boulevard Diderot #Acte11 pic.twitter.com/teWQ2AC2AA
— Jules Bedo (@Julesbdo) 26 janvier 2019
Des gilets jaunes dont une grande proportion se revendique pacifique, le PCM assure aussi tirer une "source d'inspiration inépuisable" sur "les formes d'organisations prolétariennes." Mais il insiste, "la seule voie est celle de la violence révolutionnaire de masse engagée sur une longue durée : la guerre populaire prolongée."
L'autre groupuscule mentionné par le préfet, l'armée révolutionnaire marxiste, est un mouvement montpelliérain fondé en 2008, qui a pour objectif la destruction de l'"État bourgeois" et son remplacement par un "État socialiste." Sa charte constitutive précise que "la confrontation entre révolutionnaires et [la] classe capitaliste dominante est un combat de tous les jours et sur tous les fronts. Et l'épreuve de force finale sera violente et armée." Nos tentatives pour les contacter sont restées infructueuses.
La vision du préfet, réductrice pour certains
Pour les connaisseurs des mouvements d'extrême gauche, il s'agit tout au plus d'une poignée de militants, casseurs peut-être, mais certainement pas leaders de la contestation.
Pour la Ligue des droits de l'Homme, la vision du préfet sur les casseurs est réductrice. Pour Claire Testa, la vice-présidente de la Ligue des droits de l'Homme à Montpellier, le pouvoir s’en empare pour décrédibiliser l’ensemble du mouvement des gilets jaunes.
De source policière, une douzaine de personnes constitue le noyau dur des violences urbaines à Montpellier. Un groupe que l'on retrouve d'ailleurs depuis plusieurs années, quel que soit le motif de la manifestation.