Alors que le déploiement de la 5G a été lancé en France à la fin de l'année dernière, à Montpellier, certains s'inquiètent du développement de cette technologie. Un rassemblement était donc prévu ce samedi 13 février pour réclamer "un débat public éclairé".
"Un moratoire sur la 5G" : voilà ce que réclamaient, ce samedi 13 février les militants venus manifester place Edouard-Adam, à Montpellier. La mobilisation, lancée par le collectif "Changeons le système, pas le climat", entendait protester contre le manque de dialogue accompagnant, selon ses organisateurs, le développement de cette nouvelle technologie mobile au sein de la ville.
Depuis novembre dernier, les opérateurs mobiles ont effectivement pu obtenir l'autorisation d'exploiter les fréquences supplémentaires nécessaires au fonctionnement des réseaux "cinquième génération". "Cette technologie se déploie en ce moment même sans concertation alors que son développement inquiète de plus en plus de citoyen.ne.s , vos administré.e.s.", déplorait donc le collectif dans un courrier adressé mercredi aux élus locaux, dans lequel il les invite à faire connaître leur "position publique concernant la 5G" et participer à un "débat avec les citoyens".
"Carte blanche"
"Ce qui scandaleux c'est qu'elles sont au-dessus des balcons et des habitations sans autorisation des locataires, avec donc l'accord de la Métropole ou de la Ville, sans étude ni information sur les impacts", s'exclame Malika, du collectif du 4 août et de l'association Robin des toits. "Ces antennes ont été implantées sans aucune réponse à nos demandes par écrit de concertation et d'information", ajoute Sylvie, du collectif Robin des tois. Et d'appuyer : "On demande que Montpellier soit ville pilote pour la protection des individus." Contactée, la municipalité n'a pas souhaité s'exprimer.
Deux jours plus tôt, le mouvement politique "Nous Sommes Montpellier", qui s'associe au rassemblement, a publié une carte des lieux d'implantation des antennes 5G dans la ville, comprenant 117 de ces équipements. "On en retrouve une trentaine sur de nombreux logements sociaux, châteaux d’eau, et autres bâtiments dits "publics"", s'émeuvent ses auteurs dans un communiqué. "Zéro info, zéro débat", dénoncent-ils.
Avec une vitesse de connexion dix fois supérieure à la 4G, des enjeux de modèle énergétique et de souveraineté technologique colossaux, il est bien normal que les Français et Montpelliérains s'interrogent sur cette nouvelle technologie. Pourtant, à Montpellier, rien n'a été fait pour accompagner sa mise en place et c'est en toute opacité que la nouvelle majorité a donné carte blanche aux opérateurs pour déployer massivement des antennes dans toute la ville !
Une liste parallèle à celle dressée par l'Agence nationale des fréquences (ANFR), qui a publié en novembre dernier son recensement. L'organisme public compte aujourd'hui 190 antennes 5G dans la ville de Montpellier, opérées par Free, Bouygues Telecom, SFR ou Orange. Parmi elles, 119 sont "techniquement opérationnelles". L'ensemble des équipements est localisable sur une carte mise en ligne sur son site internet.
Appel à la "précaution"
Une profusion qui n'est pas pour rassurer certains riverains. "Je suis un peu inquiet sur l'impact que cela peut avoir sur les personnes via les ondes et sur les risques sanitaires, reconnaît Cédric, qui vit à proximité d'un équipement nouvellement installé. Surtout quand on habite comme moi à moins de 100 mètres du bâtiment, on peut se poser des questions." "On va devoir recouvrir d'aluminium tout le bâtiment !", plaisante-t-il.
Plus largement, les organisateurs revendiquent l'application d'un "principe de précaution". "Nous savons que ce déploiement ne servira in fine qu’à une infime portion de l’économie, pour la mise en œuvre d'une société du tout numérique, aux graves conséquences quant aux libertés individuelles, à l'environnement, à la gestion énergétique, à l'existence du vivant lui-même, le tout dans le plus grand déni du droit des peuples", affirme le courrier du collectif.
Une expertise menée par l'Anses est en cours. Elle porte sur "l’exposition de la population aux champs électromagnétiques de la 5G et sur les éventuels effets sanitaires". Cette technologie nécessite effectivement l'exploitation de deux bandes de fréquences supplémentaires par rapport à l'utilisation actuelle de la téléphonie mobile. Or, selon l'Anses, "le travail d’identification des publications a mis en évidence un manque important, voire une absence de données relatives aux effets biologiques et sanitaires potentiels dans les bandes de fréquences considérées". D'où les travaux menés, dont les résultats sont attendus pour 2021.